ROME, Mardi 25 mai 2010 (ZENIT.org) – Après le déchaînement médiatique qu’ont entraîné les propos du cardinal Marc Ouellet, archevêque de Québec, sur l’avortement, le président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec a invité à « recréer un climat de sérénité et de respect pour un dialogue public rationnel ».
Dans une conférence tenue à Québec devant les membres d’un mouvement ‘pro vie’, le 15 mai dernier, le cardinal Ouellet avait longuement évoqué la question de l’avortement, soulignant les « fruits amers » recueillis après « plusieurs décennies d’expériences assez larges de l’avortement ». « Il faut reprendre conscience qu’un avortement, c’est-à-dire causer la mort d’un être humain, demeure toujours un crime, comme l’a dit le Concile Vatican II », même si ce crime n’est pas « légalement » poursuivi.
Regrettant la perte de sens moral dans la société canadienne, il avait aussi estimé que le choix « délicat » de l’avortement avait toujours des « conséquences morales, psychologiques, sociales graves ». « L’avortement est un fait très grave », avait-il ajouté en regrettant que certaines y ait recours comme à une « méthode de contraception ».
« L’être humain dans le sein maternel » doit être « respecté parce qu’il est une personne humaine », même s’il « arrive avec une maladie ou une déformation, même s’il peut déranger la carrière d’une femme qui n’attendait pas cela ».
Tout en évoquant les conséquences douloureuses de ce choix pour les femmes, il avait souhaité que l’on offre « plus d’attention » aux « femmes en détresse ». « Il faut appuyer, secourir, écouter, suggérer et manifester beaucoup d’accueil », avait-il estimé en regrettant que l’adoption ne soit pas « davantage promue ».
Le haut prélat avait aussi évoqué le cas d’une femme violée, rappelant que l’enfant n’est pas responsable. « L’agresseur n’est pas l’enfant. C’est l’autre », a-t-il ajouté. « Pensez-vous que cela aide une femme, pour réparer un délit, de commettre un délit ? ».
Rappelant le caractère « sacré » de la vie, il avait enfin invité à développer une « culture de la vie et de la famille » : pour l’enfant, pour la femme, pour la famille.
L’urgence d’un dialogue serein
Des propos qui ont fait vivement réagir les médias canadiens qui ont relayé les réactions de membres de différents partis politiques, de mouvements ‘pro-choix’ pour qui les propos du haut prélat viseraient à rouvrir le débat sur l’avortement.
Dans un communiqué publié le 17 mai, Mgr Martin Veillette, évêque de Trois-Rivières et président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec, a évoqué « l’urgence d’un dialogue serein ».
« La question de l’avortement est une des plus difficiles et des plus douloureuses que notre société ait à affronter », a estimé l’évêque pour qui ce sujet évoque « tellement de drames humains et de déchirements des consciences que les passions se déchaînent très rapidement » dès qu’il est évoqué.
Mgr Veillette a invité les ‘pro-vie’ comme les ‘pro-choix’ à s’entendre « sur la nécessité absolue de mettre en place des mesures pour que toute femme enceinte en détresse puisse être accompagnée, aidée, entourée et aimée ».
« Il ne faut jamais que ce soient la détresse, la misère ou le désespoir qui acculent des femmes à considérer une option aussi grave que l’avortement », a-t-il observé. « De fait, à nos yeux, aucun vrai choix n’est possible, en conscience, s’il n’y a pas vraiment deux options possibles et si l’avortement est la seule voie envisagée ou envisageable ».
Eveiller les consciences au drame de l’avortement
Le directeur des communications de l’Eglise catholique de Québec, M. Jasmin Lemieux-Lefebvre, a aussi réagi à ce déchaînement médiatique qui a suivi les propos du cardinal Ouellet.
Il a rappelé que le cardinal ne condamnait « aucune femme », mais souhaitait qu’on « leur vienne davantage en aide avant ou après l’avortement ». « Il comprend la détresse menant à ce choix douloureux. Les mères et les pères méritent le soutien de toute la société pour leur éviter d’en arriver à l’avortement. L’adoption doit être facilitée ».
« Quand le cardinal invite à rouvrir la question de l’avortement, c’est pour offrir une protection à l’enfant dans le sein maternel », a-t-il encore souligné alors que « le Canada est le seul pays au monde à maintenir un vide juridique complet à ce sujet ».
« Quel modèle le Canada devrait choisir ? Il laisse le soin aux politiciens d’étudier une solution équilibrée parmi la pléiade d’options qui existent ailleurs », a enfin estimé M. Lemieux-Lefebvre. « Cependant, la priorité à l’heure actuelle n’est pas la criminalisation, c’est un éveil moral et une éducation des consciences face au drame de l’avortement ».
Marine Soreau