ROME, Mercredi 12 mai 2010 (ZENIT.org) – L’action politique est « un moyen et non une fin », a affirmé le cardinal Jean-Louis Tauran en invitant les chrétiens engagés en politique à accomplir ce « service » avec « une cohérence sans faille ».
Le président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux est intervenu le 10 mai dernier à l’occasion du cours annuel donné aux diplomates des Pays d’Amérique Latine. Des extraits de son intervention sur le thème « l’Eglise catholique et la politique internationale du Saint-Siège » ont été publiés dans L’Osservatore Romano, le 12 mai.
Dans son allocution, le haut prélat français a tout d’abord rappelé que la religion est une « dimension inévitable de l’existence humaine » et qu’il est donc « indispensable qu’elle ait sa place au cœur des villes ». « Réduire la liberté religieuse à la liberté de culte signifie méconnaître l’homme et ignorer l’histoire », a-t-il affirmé. « On peut séparer l’Eglise de l’Etat mais on ne peut pas séparer la religion de la société ».
Trop souvent, a regretté le cardinal Tauran, « la politique est devenue une religion sécularisée qui provoque beaucoup d’intolérance ». « L’action politique n’est essentielle que dans la mesure où elle rend possible d’autres choses. Elle est un moyen et non une fin », a-t-il insisté.
Evoquant la vocation des laïcs chrétiens, le cardinal Tauran a estimé que « l’engagement politique » occupait « une place prééminente » dans leurs activités. « Si l’Eglise invite à distinguer les actions que les laïcs accomplissent en leur nom, comme citoyens guidés par leur conscience chrétienne, des actions éventuellement entreprises au nom de l’Eglise, il est clair que le chrétien ne peut jamais faire abstraction du baptême qu’il a reçu ».
« La responsabilité d’un chrétien qui assume des fonctions politiques est donc importante. Il s’agit d’un service à accomplir avec foi, espérance et charité ! », a-t-il ajouté.
Devant les diplomates des pays d’Amérique latine, le président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux a insisté sur la notion de « service ». « C’est la seule motivation qui permette à un homme d’exercer le pouvoir sur ses semblables ».
Ce service doit être « efficace, ce qui revient à dire qu’il doit répondre aux exigences du moment et ne pas hésiter à innover pour atteindre le bien commun », a-t-il expliqué. « Il doit par ailleurs être désintéressé », a ajouté le haut prélat qui juge « intolérable » qu’un chrétien engagé en politique puisse « s’assurer des salaires disproportionnés, favoriser le népotisme et la corruption, se laisser emporter par sa carrière ».
« Dans une société pluraliste, il est de première importance que les chrétiens qui endossent des responsabilités politiques montrent une cohérence sans faille. Leur unité dans le domaine des valeurs doit être évidente pour tous », a-t-il insisté.
Le cardinal français a aussi rappelé qu’un chrétien « ne peut collaborer à l’élaboration de lois qui contredisent la révélation divine ou la nature humaine ».
Il a enfin souhaité que « la collaboration entre les pouvoirs publics et les responsables religieux grandisse de manière harmonieuse ». « Les deux parties sont condamnées à trouver un accord sans mélange et à se fréquenter sans combattre » pour le bien commun.
Marine Soreau