ROME, Mardi 11 mai 2010 (ZENIT.org) - Pour Benoît XVI, la grande persécution contre l'Eglise ne vient pas d'ennemis extérieurs, mais du péché, à l'intérieur, qui se manifeste de façon « terrifiante ». Mais, ajoute le pape, « la bonté de Dieu a toujours le dernier mot dans l'histoire »

Comme à son habitude lors des voyages internationaux, le pape a répondu aux questions des journalistes, sur l'Airbus 320 de l'Alitalia qui est parti de l'aéroport romain de Fiumicino 8 h 50 ce mardi matin pour arriver à l'aéroport de Lisbonne Portela vers 12 h heures de Rome.

Pour ce qui est du message de Fatima, du rapport - au-delà de ce qui concerne la vie du pape Jean-Paul II et de l'attentat de 1981 - avec les souffrances de l'Eglise, y compris du fait des scandales de la pédophilie, le pape répond que les attaques « ne viennent pas seulement de l'extérieur ».

« Les souffrances de l'Eglise, a souligné le pape, viennent de l'intérieur même de l'Eglise, du péché qui existe dans l'Eglise. Cela aussi on l'a toujours su, mais nous le voyons aujourd'hui de façon réellement terrifiante : la plus grande persécution contre l'Eglise ne vient pas d'ennemis du dehors, mais elle naît du péché dans l'Eglise, et l'Eglise a donc un profond besoin de ré-apprendre la pénitence, d'accepter la purification, d'apprendre d'une part le pardon mais aussi la nécessité de la justice. Le pardon ne remplace pas la justice ».

Le pape ajoute : « Nous devons nous rappeler que le Seigneur est plus fort que le mal et la Vierge est pour nous la garantie visible, maternelle, de la bonté de Dieu, qui a toujours le dernier mot dans l'histoire ».

En ce qui concerne la réalité de la sécularisation dans la société portugaise, naguère profondément catholique, le pape reconnaît tout d'abord les siècles de « foi courageuse, intelligente et créative » dont le Portugal a témoigné même au loin, comme au Brésil.

Il a aussi fait observer que la « dialectique entre foi et sécularisation » n'est pas nouvelle au Portugal, mais il souligne que nombreux ont été ceux qui ont voulu créer des « ponts », « créer un dialogue », entre les deux pôles et que cette tâche est encore très actuelle.

« Je pense, a précisé le pape, que justement la tâche, la mission de l'Europe dans cette situation est de trouver ce dialogue, d'intégrer foi et rationalité moderne dans une unique vision anthropologique qui complète l'être humain et rend aussi les cultures humaines communicables. La présence de la sécularisation est une chose normale, mais la séparation, l'opposition entre sécularisation et culture de la foi est anormale, et doit être surmontée. Le grand défi de notre temps est la rencontre des deux, de façon à ce qu'elles trouvent leur vraie identité. C'est une mission de l'Europe et une nécessité humaine dans notre histoire ».

Enfin, pour ce qui est de la crise économique - avec le danger récent que la crise grecque contamine aussi le Portugal - le pape Benoît XVI a reconnu que « souvent » par le passé, la foi catholique a relégué les questions économiques dans le domaine du « salut individuel ».

Or, le pape a mis en évidence l'importance de l'enseignement social de l'Eglise qui demande d'élargir l'aspect éthique et de la foi au-delà de l'individu, à la « responsabilité du monde », à une « rationalité informée par l'éthique ».

Pour ce qui est des turbulences du marché des deux ou trois dernières années, le pape y voit la « démonstration que la dimension éthique est interne à l'économie et doit par conséquent entrer dans les choix économiques ». C'est ainsi, que l'Europe, a conclu le pape, « réalise sa mission ».

Anita S. Bourdin