ROME, Mardi 11 mai 2010 (ZENIT.org) – L’importance de la prière, de la fidélité sur le chemin de la sainteté mais aussi la difficulté de l’évangélisation directe : le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, évoque avec humilité et profondeur la vocation du prêtre, confronté à des défis de plus en complexes.
Le livre La Joie d’être prêtre – A la suite du Curé d’Ars, publié aux Editions des Béatitudes, regroupe les enseignements donnés par le cardinal à l’occasion de la Retraite Sacerdotale Internationale qui s’est déroulée en septembre 2009 à Ars, village du patron de tous les prêtres du monde.
Dans cet ouvrage, le cardinal autrichien insiste notamment sur le sacrement de réconciliation. « Dans mon expérience de confesseur, ce sont toujours les confessions les plus humblement honnêtes qui sont les plus impressionnantes », affirme-t-il en invitant ceux qui ont peur du regard du prêtre à ne pas « embellir » leur misère, même s’il est « bien difficile d’être vraiment dans la vérité ».
Le cardinal évoque la confession comme un service rendu aux prêtres : « écouter la confession est une grande bénédiction pour nous, les prêtres ». « Cela nous aide à mieux nous confesser nous-mêmes, et à nous édifier ».
« Il faut dire aux fidèles le bien qu’ils nous font en venant se confesser à nous, en nous demandant le service de la confession ! », ajoute-t-il. « Le prêtre est gratifié par la franchise de ceux qui se confessent, et par le fait d’être lui-même instrument de Jésus ».
Les prêtres : des privilégiés sur le chemin de la sainteté ?
« Il n’en est rien ! », répond le cardinal Schönborn. Car si tel était le cas, devenir prêtre signifierait « devenir un chrétien supérieur ». « Il n’y a qu’une seule dimension où l’on peut parler de degrés de perfection : c’est la sainteté ». « Point de limites à cette ‘carrière’ ! », affirme-t-il.
Dans ses enseignements, l’archevêque de Vienne montre que chaque fidèle peut « monter sans limites, atteindre des sommets de sainteté ». « Ce n’est pas à cause du sacerdoce, de l’épiscopat, que quelqu’un est ‘automatiquement’ plus saint », confie-t-il. Ainsi, « si l’on béatifie bientôt le pape Jean-Paul II, ce ne sera pas à cause de son pontificat, mais à cause de sa sainteté, acquise à travers l’exercice du sacerdoce, de l’épiscopat, du pontificat ».
Il explique que « la sainteté seule importe » et que le sacerdoce ministériel n’est qu’un des « moyens » mis à la disposition du croyant pour « servir, nourrir, former cette sainteté du Peuple de Dieu : être instruments de la sanctification, serviteurs de la vocation universelle à la sainteté ».
« Être instruments, voilà ce qui nous dit la différence essentielle entre le sacerdoce commun des fidèles, auquel nous participons en tant que baptisés et appelés à la sainteté, et le sacerdoce ministériel », observe-t-il enfin.
La prière : un combat vital
Au long de ses enseignements donnés à Ars, le cardinal autrichien rappelle aux prêtres combien « l’amitié avec Jésus a besoin de temps ». Avec force, il les invite à être avant tout des hommes de prière : « Jésus ne crie pas. Jésus ne nous secoue pas : ‘Je suis là, as-tu du temps pour moi ?’. C’est pour cela qu’il est tellement important de passer du temps avec lui ».
Evoquant la prière comme un « combat vital » qui est « source de joie », il ajoute : « aucune amitié ne tient à la longue sans le contact, sans la proximité, sans le temps qu’on prend pour l’ami ».
C’est pourquoi il évoque « la prière contemplative, la prière intérieure, l’oraison » comme une « urgence » pour les prêtres. « Mon père spirituel me disait : ‘Tu dois prier intérieurement même à la gare ou dans le métro’ », témoigne-t-il. « Il y a des moments où il nous est donné de plonger dans la Présence de Dieu au milieu même des fatigues, du labeur, du bruit ».
La grande joie de l’évangélisation
Dans cet ouvrage, le cardinal Schönborn évoque aussi l’importance de l’évangélisation, notamment des jeunes. Il souligne la « grande joie » ressentie à évangéliser directement, mais aussi la « grande peur de le faire ». « Chaque fois que j’ai pu faire une expérience dans ce sens, j’en étais profondément heureux », affirme-t-il en révélant la « trouille » ressentie « à parler directement de ma foi à quelqu’un dans la rue ».
Il relate ainsi un épisode qui s’est déroulé dans le train : « Une horde de jeunes est entrée dans le train. Ils avaient déjà pas mal bu. J’ai compris qu’ils venaient de passer leur bac et ils se rendaient à une ‘méga fête’ en cet honneur. J’étais en train de prier mon bréviaire, très pieusement, et ils me dérangeaient ».
Troublé par les « petites remarques » des jeunes à son encontre, le cardinal réagit par de « petits sourires », avant de les voir descendre à Salzbourg. C’est alors qu’il réalise « qu’ils se rendaient en Turquie où de grandes beuveries sont organisées pour les bacheliers, dans lesquelles le sexe est à l’honneur, où les préservatifs et la pilule sont distribués gratuitement ».
« Quand ils furent sortis du train, j’ai pleuré amèrement sur moi-même : tu as eu là, devant toi, une bonne vingtaine de jeunes qui, manifestement, attendaient quelque chose de toi, même sous la forme de petites moqueries ; le Cardinal, leur Cardinal est là, dans le train ! », se rappelle-t-il. « J’en rougis encore aujourd’hui. C’est ça, de rater le moment où Jésus nous appelle : ‘Maintenant, vas-y, annonce-leur l’Evangile, pas nécessairement par de grandes paroles, mais simplement par ta présence’ ».