ROME, Lundi 26 octobre 2009 (ZENIT.org) – « Il n’est d’autre voie que celle de la fraternité, et donc du dialogue de vérité, pour offrir aux hommes et aux femmes de notre temps un service authentique de réconciliation et de paix », affirme le représentant du Saint-Siège à la VIe conférence islamique des ministres de la culture de Bakou.
Le P. Laurent Mazas, du Conseil pontifical de la culture, chef de la délégation du Saint-Siège, est intervenu, le 13 octobre, à Bakou (Azerbaïdjan), à la table ronde ministérielle sur le Renforcement du dialogue et de la diversité culturelle.
Monsieur le Président,
Le Saint-Siège remercie très cordialement les Autorités de l’Azerbaïdjan pour l’invitation à participer à cette Table ronde ministérielle sur le renforcement du dialogue et de la diversité culturelle, à l’occasion de la VIème Conférence islamique des Ministres de la Culture.
Voici un an, ici même, une rencontre inédite des Ministres responsables de la Culture en Europe avec leurs homologues de la région du Caucase, se réunissaient autour du thème « Dialogue interculturel, fondement de paix et de développement durable en Europe et dans les régions voisines », et initiaient ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui le « processus de Bakou ». Ce processus de dialogue interculturel, basé sur l’affirmation « que la diversité culturelle entre les pays et à l’intérieur des pays fait partie du patrimoine », préconise « un processus pérenne de dialogue interculturel » « en vue de promouvoir les droits de l’homme, la démocratie et la prééminence du droit ». C’est un acquis des travaux du Conseil de l’Europe, et le Saint-Siège s’en félicite, le dialogue interculturel soit envisagé dans sa totalité et donc aussi dans sa dimension religieuse. A ce sujet, il convient toutefois de souligner que les Etats et les Organisations internationales ne sont pas compétents en tant que telles pour conduire le dialogue interreligieux. Cette compétence appartient en propre uniquement aux instances religieuses. Pour leur part, il revient aux Etats et aux Organisations internationales de faciliter ce dialogue en améliorant la connaissance des différentes religions et en établissant un authentique dialogue des institutions publiques avec les représentants légitimes des religions.
Nous assistons, ces dernières décennies, à « l’explosion de l’interdépendance planétaire », pour reprendre les paroles de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI dans sa Lettre Encyclique Caritas in veritate. Les occasions d’interaction entre les cultures ont dès lors singulièrement augmenté, ce qui ouvre de nouvelles perspectives au dialogue interculturel. Tout dialogue en vérité « doit avoir pour point de départ la conscience profonde de l’identité spécifique des différents interlocuteurs ». Aussi est-il important, dans le cadre de la promotion du dialogue interculturel, de développer l’enseignement du fait religieux pour vaincre l’indifférence et les préjugés, et susciter le respect pour ce qu’elles peuvent produire comme fruit d’humanité.
Dans ce document adressé « à tous les hommes de bonne volonté », sur le développement intégral, le Pape dénonce le double danger engendré par la « marchandisation accrue des échanges culturels » : celui de l’éclectisme culturel, et celui du nivellement culturel. Plus sournois que l’indifférence et l’intolérance, le relativisme constitue un grave obstacle au dialogue des cultures. Sur le plan social, le relativisme culturel, s’il conduit les groupes culturels à se rapprocher et à coexister, n’en permet pas pour autant le dialogue authentique. Mais il existe un autre danger : celui du nivellement culturel qui se traduit dans l’uniformisation des comportements et des styles de vie, et qui se traduit dans la perte de la signification profonde de la culture des différentes nations et des traditions des divers peuples.
Nous voulons le redire ici : les grandes religions monothéistes constituent un apport à la réflexion sur le dialogue interculturel, et une aide à sa promotion. En effet, le regard qu’elles portent sur l’homme conçu comme créature d’un Dieu transcendant, leur donne de distinguer en l’homme ce qui relève de sa culture et ce qui touche à la nature humaine, qui est universelle. Le dialogue interculturel, riche de sa dimension religieuse, est un dialogue qui demande de se référer à la raison, d’évaluer les cultures en fonction de leur harmonie avec la nature qui les transcende. Si l’homme vit d’une vie vraiment humaine grâce à la culture, il n’est cependant pas un donné purement culturel.
Que ce processus dit « de Bakou », en cet espace de dialogue qui nous donne de nous rencontrer ici, dans ce beau pays du Caucase, trouve ses prolongement dans la vie des hommes et des femmes qui peuplent, non seulement cette région et les pays d’où proviennent les honorables invités à cette Table Ronde, mais l’ensemble du vaste monde. Il n’est d’autre voie que celle de la fraternité, et donc du dialogue de vérité, pour offrir aux hommes et aux femmes de notre temps un service authentique de réconciliation et de paix.