L’Eglise doit veiller à ne pas être un obstacle à la rencontre avec Dieu

Homélie du dimanche 25 octobre, par le P. Laurent Le Boulc

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ROME, Vendredi 23 octobre 2009 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile du dimanche 25 octobre, proposé par le P. Laurent Le Boulc’h.

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (10, 46-52)

Tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, un mendiant aveugle, Bartimée, le fils de Timée, était assis au bord de la route.
Apprenant que c’était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! »
Beaucoup de gens l’interpellaient vivement pour le faire taire, mais il criait de plus belle : « Fils de David, aie pitié de moi ! »
Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le. » On appelle donc l’aveugle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle. »
L’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus.
Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? – Rabbouni, que je voie. »
Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé. » Aussitôt l’homme se mit à voir, et il suivait Jésus sur la route.

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C’est d’abord Bartimée qui sonne l’alarme dans ce récit de l’évangile. Il crie sa détresse. Il appelle au secours : « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! » Et plus on veut le faire taire, plus il insiste ! C’est qu’il a placé en Jésus toute l’espérance de sa vie.

Et le miracle a enfin lieu pour Bartimée. C’est pour lui, une transformation totale de sa vie. Le miracle de Bartimée a de multiples facettes. C’est un homme qui était aveugle et qui maintenant se met à voir, bien sûr. Mais c’est aussi un mendiant qui devient riche. Un homme gisant à terre qui se met à bondir et à courir. C’est un exclu qui se fait disciple. Bartimée suit Jésus sur la route et le Christ reconnaît en Bartimée la puissance de la foi qui l’a sauvé : « Va, ta foi t’a sauvé ! », lui dit le Christ.

Pour Bartimée, il y aura un avant et un après dans son existence. La rencontre de Jésus fera date dans sa vie car elle a été pour lui le signe d’un changement radical. Transformé par le Christ, Bartimée est devenu un homme nouveau.

Cette transformation de Bartimée, elle est aussi pour nous, si nous le voulons. L’histoire de Bartimée peut devenir celle de chacun de nous. Nous sommes tous appelés à devenir des Bartimée, à la condition de crier vers le Christ Jésus : « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! ».

Si nous le voulons, pour nous aussi, la foi en l’Evangile est capable de nous éclairer et de nous aider à discerner ce que nous ne voyions pas jusqu’alors. Elle trace pour nous un chemin de vie. La confiance en l’évangile peut nous relever de nos chutes dans le pardon reçu de Dieu. Elle peut nous donner de nous avancer dans la vie, à la suite de Jésus. Ces mots du Christ peuvent être aussi pour nous : « Va, ta foi t’a sauvé ! »

Bartimée est au cœur de notre petit récit d’évangile. Mais il y a pourtant un autre miracle dans ce récit. Et pas un petit miracle ! On peut l’oublier parce qu’il n’a pas l’éclat de la transformation de Bartimée. Il est apparemment beaucoup plus discret, plus caché. Il ne tient qu’en quelques lignes et, pourtant, il s’agit là aussi d’une vraie et profonde transformation par la grâce de Jésus.

Il ne s’agit plus seulement d’un homme cette fois, mais de toute une foule. Toute une foule en état de conversion ! Voilà qui est bien extraordinairement fort et puissant !

La foule de Jéricho était du côté de l’exclusion. Comme le sont souvent les foules, elle n’aimait pas celui qui la dérangeait. Elle cherchait même à faire taire le pauvre à côté d’elle. Elle ne voulait ni le voir ni l’entendre.

Or, cette foule si pesante et si fermée, Jésus réussit le tour de force d’en faire son alliée. Il l’envoie auprès du pauvre qu’elle voulait pourtant tant ignorer. Elle devient le messager du Christ pour Bartimée : « confiance, lève toi, il t’appelle ! »

Miracle de la foule ! Entre Jésus et Bartimée, la foule n’était qu’obstacle, elle est devenue son chemin.

Imaginons cela des foules de nos villes et de nos lieux de vie. Qu’au lieu d’exclure, de mettre à l’écart, de faire taire et d’étouffer les appels à l’aide, comme c’est malheureusement trop souvent la réalité aujourd’hui, elles relient, elles appellent à rejoindre et redonnent confiance : « Confiance, lève-toi, il t’appelle ! »

Imaginons cela aussi de nos communautés d’Eglise car la conversion miraculeuse de la foule de Jéricho est le signe de l’Eglise. Il arrive en effet que l’Eglise soit obstacle à la rencontre de Dieu quand elle sépare et exclut et quand elle refuse de relayer pour les hommes tout l’amour du Christ. Cette Eglise est alors appelée à la conversion pour devenir à son tour chemin de rencontre des hommes et du Christ.

L’Eglise se fait chemin quand elle encourage chacun à ne pas désespérer et à s’avancer dans la foi. Elle se fait chemin quand sa communion est largement ouverte aux frères et sœurs de tous les âges et de toutes les conditions. L’Eglise est chemin de Dieu quand elle prend soin des plus petits. C’est alors qu’elle réalise la prophétie de Jérémie : « Voici que je les fais revenir du pays du Nord, et que je les rassemble des extrémités du monde. Il y a même parmi eux l’aveugle et le boiteux, la femme enceinte et la jeune accouchée ; c’est une grande assemblée qui revient. »

C’est une conversion toujours à faire. Mais, pour devenir ce chemin, encore faut-il que l’Eglise se mette vraiment à l’écoute de la Parole de l’Evangile. Une Eglise qui ferme ses oreilles à cette écoute ne peut pas être l’Eglise du Christ. L’Eglise devient chemin de Dieu pour les hommes quand elle répond à la mission que le Christ lui donne : « appelez-le ! » en redisant aux hommes : « confiance, il t’appelle ! »

Frères et sœurs, l’évangile de Bartimée interroge chacun de nous, et nous ensemble, sur la manière dont nous devenons chemin plutôt qu’obstacle à la rencontre de Dieu et des hommes. Il dépend de nous personnellement et communautairement d’entrer dans des attitudes d’écoute, de respect, de mise en confiance, de solidarité dans la prière et d’annonce de la foi en Jésus plutôt que de fermeture, de désespérance et de silence de la foi.

Frères et sœurs, que l’histoire de Bartimée nous encourage à vivre la conversion de la foule dans la puissance de la foi en Jésus le Christ. Amen.

Le P. Laurent Le Boulc’h est curé de la paroisse de Lannion et modérateur de la paroisse de Pleumeur Bodou, secrétaire général du conseil presbytéral du diocèse de Saint Brieuc et Tréguier (Côtes d’Armor – France). Il est âgé de 49 ans. Il a été ordonné prêtre en 1988 pour le diocèse de Saint Brieuc et Tréguier. Il est particulièrement investi dans la catéchèse et l’initiation chrétienne, et s’intéresse au lien entre la culture et la foi.

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ZENIT Staff

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