Pour un « laboratoire d'idées » à l’UNESCO

Mgr Follo plaide pour la redécouverte de la philosophie

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ROME, Mardi 20 octobre 2009 (ZENIT.org) – « L’UNESCO pourrait, peut-être, miser davantage sur son rôle d’agence ‘pensante’ » et devenir « un véritable ‘laboratoire d’idées’ », estime le représentant du Saint-Siège à l’UNESCO, à Paris, Mgr Francesco Follo. Il souligne, parmi les « principes fondamentaux qui soutiennent tout le projet de l’UNESCO », l’importance de « la vérité, la culture et la cité ». Il invite à redécouvrir la fécondité de la « philosophie ».

Mgr Follo , Observateur Permanent du Saint-Siège à l’UNESCO, est en effet intervenu lors du débat de politique générale de la 35ème Session de la Conférence Générale de l’UNESCO, le 10 octobre 2009.

Mgr Follo a cité l’encyclique Caritas in Veritate, où le pape « insiste sur l’importance des valeurs morales qui doivent fonder une analyse de la mondialisation » (Cf. n. 57).

Mgr Follo a posé cette question et y a répondu : « Quelle relation ces trois dimensions – la vérité, la culture et la cité – ont-elles entre elles ? La culture sert de terme médian, de lien entre la vérité et la cité. D’une part, elle permet aux hommes de vivre ensemble et elle cimente ce même « vivre ensemble ». En effet, il n’y a pas de communauté humaine sans culture, ni de culture sans communauté humaine – donc sans cité. D’autre part, les cultures ne mériteraient que l’attention des ethnologues si elles n’étaient pas porteuses que de ce qu’on appelle « des valeurs », ou mieux dit, des vérités. Il s’agit en fait de vérités sur l’homme, sur l’ensemble des hommes, et donc sur la cité ».

Citant un autre passage de l’encyclique (n. 21, Mgr Follo a souligné également l’importance de « prendre conscience que l’économie est au service de l’homme » : « L’homme est un citoyen et la cité est le lieu où les hommes débattent de la vérité, le lieu parfois où ils la trouvent, le lieu souvent où elle leur est enseignée. La stabilité économique est nécessaire pour favoriser ce débat, mais la culture – ce que les Grecs nommaient paideia, donc l’accès de l’homme à sa pleine humanité – n’est pas un luxe réservé seulement aux économies prospères. C’est l’homme et la culture que l’économie doit servir ».

Or, la culture peut assumer deux formes. « La première semble évidente : c’est celle de l’enseignement, ou de l’éducation, que la cité doit prodiguer à ceux qui la constituent. La cité ne peut reposer sur des approximations ou des erreurs collectives. Si elle se veut éducatrice, elle doit nécessairement traiter le citoyen en homme, en personne raisonnable et respectable. La seconde forme que doit revêtir l’intérêt de la cité pour la vérité, est l’ouverture de l’esprit, qui est une forme de l’humilité car elle accepte, à travers sa disponibilité, la richesse de l’autre et des autres cultures ».

Mgr Follo rappelle que l’Église « s’est intéressée très rapidement au développement des sciences » et que la « première académie scientifique » fondée est « l’Académie Pontificale des Sciences », en 1603.

Mais justement, il s’agit maintenant de « combler » le fossé entre « science » et « humanité », car « la cité est une réalité naturelle et il lui appartient de secréter des cultures. Celles-ci ne méritent, pourtant, d’être appelées ainsi que lorsqu’elles acceptent d’être inspirées et fondées sur le respect de l’homme ».

Voilà donc la question anthropologique qui émerge : « Qu’est-ce que l’homme ? » « La réponse à cette question, fait observer Mgr Follo, ne sera remarquable que si elle dépasse toutes les barrières culturelles sans les ignorer. La réponse vraie ne peut se trouver qu’en l’homme dans sa vérité. Cette vérité toujours à réapprendre est une réalité possible ».

« Par exemple, explique-t-il, nous sommes des êtres humains car nous avons eu le droit de naître. Cette réalité engendre par elle-même d’autres droits. Evitons, donc, de parler de ces droits sans avoir conscience et sans faire référence au fait qu’ils s’enracinent dans le profond respect pour l’homme total, depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle. Une culture ne peut se dire noble qu’en fonction de son aptitude à saisir l’homme en sa vérité et à lui reconnaître les droits liés à la vérité de son être ». Le représentant du Saint-Siège a renvoyé au discours de Benoît XVI aux participants au colloque inter-académique promu par l’Académie des Sciences de Paris et l’Académie Pontificale des sciences sociales, Salles des Papes, 28 janvier 2008).

Mgr Follo a souligné l’interaction des cultures en disant : « Cherchons, donc, à ne pas enfermer chaque culture en elle-même, comme si nous avions affaire à une entité autonome et autosuffisante. Si notre institution, l’UNESCO, a un sens, c’est bien pour manifester non seulement que les hommes cultivés peuvent converser ensemble – ce que nous faisons assurément -, mais bien plus pour faire comprendre qu’une culture vit toujours en interaction avec d’autres cultures, et que « la » culture est un événement plus qu’un fait établi et acquis ».

Il souligne à la fois que « les grandes cultures ont une valeur universelle » et qu’elles « dialoguent entre elles dans différents domaines où elles se rencontrent et se complètent ».

Plus encore, elles se re-vivifient « lorsqu’elles acceptent une interpénétration réciproque basée sur le respect l’une de l’autre, et principalement sur le respect de l’homme qui est maître et sujet de la culture ».

En somme, fait observer Mgr Follo, « l’inter-culturalité existe déjà, mais elle a aussi un devoir à réaliser davantage », car elle n’est « authentique » que si elle « permet à l’avenir d’être fidèle au passé, dans ce qu’il a de meilleur, pour chercher à construire un futur positif pour l’homme et la cité ».

C’est dans ce contexte que Mgr Follo estime que « l’UNESCO pourrait, peut-être, miser davantage sur son rôle d’agence « pensante » à l’intérieur du système des Nations Unies, et ainsi renforcer les moyens et les outils qu’elle a pour être un véritable « laboratoire d’idées », ouvert à la contribution de tous ».

Il recommande donc de « reconnaître » et même de « redécouvrir l’utilité et la nécessité de la réflexion philosophique, considérée malheureusement trop souvent comme la plus inutile des disciplines parce qu’elle est la plus libre des intérêts particuliers et parties ».

Il y voit « une discipline utile et indispensable parce qu’elle est particulièrement au service de l’homme, et donc du bien de l’humanité entière, de la cité ».

« En promouvant tout ce qui contribue à faire grandir la dignité de l’homme, de son esprit et de son intelligence, l’UNESCO sera fidèle à sa vocation et à sa haute mission », conclut Mgr Follo.

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ZENIT Staff

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