ROME, Mercredi 14 octobre 2009 (ZENIT.org) - Les chrétiens engagés en politique doivent être formés à l'enseignement social de l'Eglise, demande le prof. Kodjo qui souhaite des « aumôneries pour les hommes politiques » et que le synode parle haut et fort contre les « déviances politiques ».

Le Prof. Edem Kodjo, secrétaire général émérite de l'Organisation de l'Union africaine (O.U.A.), Premier ministre émérite, professeur de patrologie à l'Institut Saint-Paul de Lomé (Togo) est intervenu mardi matin à l'assemblée générale du synode des évêques pour l'Afrique.

« Comment réconcilier les Africains entre eux ? », a interrogé le professeur.

Il répond : « La Réconciliation est d'abord une attitude, une disposition du cœur, un regard d'amour sur l'autre, qui suppose la conversion de tout l'être, une véritable "metanoïa", une transformation totale que la grâce, engendrée par la prière, peut seule accorder. Oui, nous les Africains, nous devons d'abord nous réconcilier avec Dieu, par la pénitence et la prière ».

Quant à la réconciliation avec autrui, elle « suppose qu'on ait la force et le courage du pardon », ce qui suppose « l'aveu qui mène à la vérité », une vérité « indispensable », et à « la justice ».

Pour le Prof. Edem Kodjo « réconciliation, justice, vérité se retrouvent dans une sorte de relations de type trinitaire ».

Il estime que les chrétiens, et encore moins les politiques chrétiens ne sont pas préparés à vivre une telle exigence.

Il ne cache pas sa méfiance de la sphère politique dont il évoque les dangers mais aussi le remède : « Le cœur de l'homme étant obscur par nature et la politique étant la fange par excellence, ils sont plus exposés que d'autres à la trahison de leur foi. Les dénoncer, les vilipender ne suffit pas. Il faut changer leurs cœurs ».

Il évoque pourtant la cause de béatification de l'ancien président tanzanien Julius Nyerere.

Mais il invite à « prier » pour les acteurs politiques et à leur offrir une « formation ».

« Or, la formation post-catéchistique de notre Église reste à inventer », a diagnostiqué le professeur de patristique, en particulier pour ce qui est de la connaissance de la doctrine sociale de l'Église.

Mais le diagnostic est également tranchant pour ce qui est de l'école chrétienne : « Elle doit être rechristianisée, le laïcat valorisé, mieux associé, jouant un rôle plénier ».

Surtout, il réclame des « aumôneries pour les hommes politiques ».

« Les peuples d'Afrique, avertit le professeur, attendent de ce synode un message fort pour dire halte aux déviances politiques et aux manipulations de toute sorte, au désir de se perpétuer au pouvoir en trichant, à l'accaparement des richesses par quelques-uns, à l'aliénation de nos ressources minières, à la vente de nos terres, aux firmes transnationales capitalistes, à la destruction de notre environnement ».

« Les peuples savent que la voix de l'Église est forte, que la voix du Saint-Père sonne fort. Les peuples connaissent la valeur morale et spirituelle de haute portée de notre Église. Ils attendent ; ne les décevons pas ! », conclut le prof. Kodjo.

Souffrir avec les immigrés : témoignage d’un prêtre colombien aux USA

ROME, Mercredi 14 octobre 2009 (ZENIT.org) – « Un prêtre qui n’aime pas Marie ne peut suivre les vertus que Dieu aime tant chez elle », rappelle constamment le père Ericson Orozco.

Né à Manizales, en Colombie, le père Orozco a 37 ans. Il gère la paroisse Saint-Charles Borromée à Bridgeport, dans le Connecticut (Etats-Unis) et s’occupe de la communauté hispanique, plutôt dense.

Des hommes qui émigrent, une foi qui reste

« Ici, je définirais notre travail comme un travail de missionnaire », a déclaré le père Orozco à ZENIT. Et cela même si le comté de Fairfield, où se trouve le diocèse, est un des plus riches des Etats-Unis.

Une des tâches consiste à accueillir les immigrés qui ont dû quitter leur patrie pour échapper à des conditions de vie, économiques et sociales, difficiles.

« D’un point de vue économique, la communauté est pauvre, lutte chaque jour pour sa survie ; aujourd’hui, avec les lois sur l’immigration et la condition d’illégalité (même si selon moi il n’existe pas d’êtres humains illégaux), ils vivent une forte crise d’identité », a-t-il dit. « Le diocèse tente de leur ouvrir les portes de ses églises ».

Dans son travail, le père Orozco essaie de souligner les dévotions de chaque pays d’origine. « Nous célébrons les invocations mariales de chaque nation. Car cela entretient la foi des latino-américains. Il est très important qu’ils ne perdent pas le pont avec la religion qu’ils ont laissée ».

« Cyrénéen » pour les immigrés

« Parfois, je me sens impuissant », a confessé le prêtre, « car les lois sont sévères et tant de nos frères vivent le drame de la déportation, sont obligés de se cacher, sont jugés ».

« Les gens qui souffrent découvrent un Jésus plus intime. C’est l’opportunité que nous avons de parler du vrai Jésus vivant et ressuscité qui nous appelle à un changement de vie, à vouloir accéder aux sacrements comme source de force, de salut et de conversion ».

Le père Orozco se rend compte que sa mission va au-delà de l’accompagnement spirituel, mais pour lui « être prêtre » c’est « porter le Christ, le rendre présent, c’est porter la grâce à travers la consécration du pain et du vin ». Ceci est un aspect essentiel de sa vocation, nous dit-il.

« Le plus grand des miracles n’est pas que Dieu nous sauve d’un cancer ou nous donne un emploi, mais que le Christ dans l’Eucharistie se rende de nouveau présent, vivant et ressuscité. De là dérive tout le reste ».

La paroisse Saint-Charles est connue pour son dynamisme. Les fidèles aident les familles dans le besoin, organisent des collectes de vêtements et nourriture lors de catastrophes naturelles en Amérique Latine, et travaillent dans la pastorale des prisons. « Il nous arrive de recevoir des lettres de remerciement », a dit le prêtre. Il y a aussi des groupes de jeunes, la messe des enfants, les catéchèses bilingues.

Quoiqu’il en soit, pour le père Orozco il est important que leur travail ne se résume pas en un simple travail d’assistance, mais que la prière soit toujours là pour les accompagner dans leur tâche.

Si bien qu’il a organisé un groupe de la Miséricorde Divine, un autre de la Légion de Marie ; qu’il organise, pour les vocations, surtout pour les religieux en crise, des journées d’adoration devant le saint Sacrement, des dévotions au sacré Cœur les premiers vendredi du mois et la prière du chapelet le samedi.

« Si une communauté ne prie pas pour ses ministres, elle ne mérite pas de saints prêtres », a dit le père Orozco. « Les personnes sont très sévères avec le prêtre, et elles ont raison, car il est un autre Christ, mais hélas les médias amplifient les scandales, leur donnent une dimension perverse, et les gens perdent la foi ».

« Beaucoup ont confiance dans le prêtre. C’est une chose positive et négative car il faut croire en quelqu’un, mais quand arrivent ces erreurs les gens tendent à s’éloigner ».

« Un bon prêtre peut convertir dix personnes, mais un prêtre qui ne vit pas sa vocation peut perdre mille fidèles », a-t-il conclu. C’est pourquoi, en cette Année sacerdotale « ce qu’il faut demander au Seigneur n’est pas tant de nous envoyer beaucoup de serviteurs, mais qu’il fasse de nous des imitateurs de son amour. De bons et saints prêtres ».