ROME, Mercredi 14 octobre 2009 (ZENIT.org) – « La perception décisive qui traverse le continent est que la sorcellerie est une force mauvaise capable de nuire tant spirituellement que physiquement à une personne », a expliqué Mgr Joseph Effiong Ekuwem, évêque d’Uyo (Nigéria), au cours du Synode des évêques pour l’Afrique.
« Comme on peut s’y attendre, ses pouvoirs entendus comme diaboliques sont extrêmement exagérés, faisant de la sorcellerie quelque chose d’aussi puissant que Dieu ». « Notre peuple croit fortement en l’existence d’une telle force diabolique et en ses œuvres maléfiques », a-t-il dénoncé.
Un constat également posé par un autre évêque nigérian, Mgr Augustine Obiora Akubeze, évêque d’Uromi. « Presque tous au Nigeria connaissent ou au moins ont entendu parler de sorcières et de la manière dont elles ont affecté la vie des peuples ».
« Selon une certaine croyance, une sorcière pouvait blesser quiconque, y compris les membres de sa famille ». « Les sorcières présumées sont abandonnées, isolées, discriminées et ostracisées par la communauté », a poursuivi Mgr Akubeze.
« Malheureusement, dans les familles et dans les écoles, et même dans les églises et dans les mosquées, dans les médias et dans les films, les Africains sont présentés comme croyant que les sorcières sont réelles et que la sorcellerie est efficace », a-t-il ajouté. « Or, la croyance dans les sorcières manque de toute justification sur la base de la raison, de la science et du bon sens », a poursuivi l’évêque nigérian.
Selon Mgr Norbert Wendelin Mtega, archevêque de Songea (Tanzanie), ces pratiques sont aussi légalisées par certains gouvernements.
« Beaucoup de nos populations sont torturées, harassées et assassinées simplement en raison de malicieux soupçons sans fondement fomentés par la sorcellerie et les sorciers », a expliqué Mgr Mtega. « Il n’y a aucune loi pour les défendre, les gouvernements pardonnent, certains leaders conspirent aussi avec les sorciers et certains gouvernements légalisent cette pratique ». « De nombreux leaders croient en la sorcellerie, la superstition et l’occultisme ».
Une évangélisation plus profonde
Face à cette « superstition primitive » qui a « encore un sens pour tant d’Africains en ce XXIe siècle », Mgr Abukeze a souhaité du synode une « déclaration spécifique pour guider notre troupeau ».
Mgr Ekuwem suggère quant à lui qu’un « nouveau rituel fondé sur l’ancien rite d’exorcisme soit mis en place à l’usage des prêtres » et que « l’on puisse nommer, en accord avec le code des lois universelles, un exorciste pour chaque Église particulière ».
« Nous devons à notre peuple, sur la base de notre enseignement, de lui enseigner et de le sauver des griffes des fausses croyances et des terribles pratiques occultes telles que la sorcellerie », a-t-il ajouté.
Mgr Mtega a quant à lui souhaité « une évangélisation plus profonde, un soutien et une voix prophétique pour nos gouvernements ».