ROME, Dimanche 11 octobre 2009 (ZENIT.org) – A l’occasion de la canonisation de cinq bienheureux, ce dimanche, le pape Benoît XVI a rappelé que la vocation chrétienne se résume en ces quelques mots du Christ au jeune homme de l’Evangile : « Viens et suis-moi ». Une proposition d’amour de Dieu qui se réalise grâce à notre réponse d’amour. Il a précisé que les saints ont accueilli « cette invitation exigeante ».
« Jésus invite ses disciples au don total de leur vie, sans calcul ni intérêt humain, avec une confiance sans réserve en Dieu », a expliqué Benoît XVI lors de la messe de canonisation qu’il a présidée ce dimanche, dans la basilique Saint-Pierre, en présence de pèlerins venus entre autres, de France, de Belgique, d’Espagne, de Pologne, de Russie, d’Ukraine, de Hawaï, des Etats-Unis, du Pérou, du Chili, et de Colombie. Faute de place dans la basilique, un grand nombre de fidèles ont dû suivre la célébration sur la place Saint-Pierre, grâce aux écrans géants.
« Les saints accueillent cette invitation exigeante et se mettent, avec une humble docilité, à la suite du Christ crucifié et ressuscité. Leur perfection, dans la logique de la foi parfois humainement incompréhensible, consiste à ne plus se mettre au centre, mais à choisir d’aller à contre-courant en vivant selon l’Évangile. C’est ce qu’ont fait les cinq saints qui sont proposés aujourd’hui, avec grande joie, à la vénération de l’Église universelle », a-t-il ajouté.
Parmi les 50 concélébrants figuraient : 7 cardinaux, 9 archevêques, 14 évêques dont les 5 évêques des causes de canonisation : le card. Godfried Danneels, archevêque de Malines-Bruxelles ; Mgr Kazimierz Nycz, archevêque de Varsovie ; Mgr Pierre D’Ornellas, archevêque de Rennes ; Mgr Román Casanova Casanova, évêque de Vic, Mgr Ignacio José Munilla Aguirre, évêque de Palencia, ainsi que 20 prêtres.
Les cinq nouveaux saints sont :
Sigismond Félix Felinski (1822-1895), évêque polonais, fondateur de la Congrégation des sœurs franciscaines de la famille de Marie (cf. Zenit du 8 septembre)
François Coll y Guitart (1812-1875), prêtre dominicain espagnol, fondateur de la Congrégation des sœurs dominicaines de l’annonciation de la bienheureuse Vierge Marie;
Joseph Damien de Veuster (1840-1889), prêtre belge de la Congrégation des sacrés cœurs de Jésus et de Marie, et de l’adoration perpétuelle du Saint-Sacrement (pères de Picpus), apôtre des lépreux de Molokaï ; (cf. Zenit du 8 octobre)
Raphaël Arnaiz Baron (1911-1938), frère oblat espagnol de l’Ordre cistercien de la stricte observance (cistercien-trappiste) de l’abbaye San Isidro de Dueñas ;
Marie de la Croix (Jeanne Jugan, 1792-1879), Française, vierge, fondatrice de la Congrégation des petites sœurs des pauvres (cf. Zenit du 22 février 2009).
Le pape a rappelé que Sigismond Félix Felinski « a été un grand témoin de la foi et de la charité pastorale à une époque très difficile pour la nation et pour l’Église en Pologne ».
« Sur ordre du tsar russe, il passa vingt ans en exil à Jaroslaw sur la Volga, sans jamais pouvoir rentrer dans son diocèse. Il conserva en toute situation sa foi inébranlable dans la Providence divine et priait ainsi : ‘Ô, Dieu, protège-nous des tribulations et des inquiétudes de ce monde… multiplie l’amour dans nos cœurs et fais que nous conservions avec la plus profonde humilité la confiance infinie dans Ton aide et dans Ta miséricorde… ‘ », a poursuivi le pape.
« Aujourd’hui, que son don de soi à Dieu et aux hommes, empli de confiance et d’amour, devienne un exemple éclatant pour toute l’Église », a exhorté le pape.
Quant à saint François Coll, Benoît XVI a expliqué que « sa passion était d’aller prêcher, en grande partie de manière itinérante et suivant la forme des ‘missions populaires’ pour annoncer et raviver la Parole de Dieu dans les villages et les villes de la Catalogne, aidant ainsi les personnes à une rencontre profonde avec Lui ».
« Son activité d’évangélisation comprenait un grand dévouement au Sacrement de la Réconciliation, une emphase remarquable sur l’Eucharistie et une insistance constante sur la prière », a poursuivi le pape.
Saint François Coll « atteignait le cœur des autres parce qu’il transmettait ce que lui-même vivait intérieurement avec passion, ce qui brûlait ardemment dans son cœur : l’amour du Christ, son dévouement total à Lui », a ajouté le pape.
« Pour suivre le Christ, le père Damien n’a pas seulement quitté sa patrie, mais a également mis en jeu sa santé : c’est pour cela – comme le dit la parole de Jésus qui a été annoncée dans l’Évangile d’aujourd’hui – qu’il a reçu la vie éternelle », a par expliqué Benoît XVI en parlant du troisième bienheureux canonisé ce dimanche, le père Joseph Damien de Veuster.
« Son activité missionnaire, qui l’a tellement rempli de joie, atteint son sommet dans la charité. Non sans peur et sans répugnance, il fit le choix d’aller sur l’île de Molokai au service des lépreux qui s’y trouvaient, abandonnés de tous ; c’est ainsi qu’il s’exposa à la maladie dont ils souffraient. Il se sentait chez lui avec eux. Le serviteur de la Parole devint ainsi un serviteur souffrant, lépreux parmi les lépreux, au cours des quatre dernières années de sa vie », a expliqué le pape.
Le quatrième saint de ce dimanche est le frère Raphaël, mort à vingt-sept ans. Comme le jeune de l’Evangile de ce dimanche qui rencontre Jésus, le frère Raphaël possédait de grands biens. Mais ceci ne l’empêcha pas de suivre le Christ. « Il répondit oui à la proposition de suivre Jésus, de manière immédiate et décidée, sans limites ni conditions », a rappelé le pape.
« Frère Rafael, encore proche de nous, continue à nous offrir par son exemple et son œuvre un parcours attractif, en particulier pour les jeunes qui ne se contentent pas facilement, mais aspirent à la plénitude de la vérité, à la plus indicible joie que l’on atteint pour l’amour de Dieu », a souligné le pape.
Cinquième bienheureuse canonisé ce dimanche : sainte Jeanne Jugan.
« Par son œuvre admirable au service des personnes âgées les plus démunies, Sainte Marie de la Croix est aussi comme un phare pour guider nos sociétés qui ont toujours à redécouvrir la place et l’apport unique de cette période de la vie », a souligné le pape.
« Née en 1792 à Cancale, en Bretagne, Jeanne Jugan a eu le souci de la dignité de ses frères et de ses sœurs en humanité, que l’âge a rendus vulnérables, reconnaissant en eux la personne même du Christ », a ajouté Benoît XVI.
« Regardez le pauvre avec compassion, disait-elle, et Jésus vous regardera avec bonté, à votre dernier jour », a rappelé le pape.
« Son charisme est toujours d’actualité », a insisté Benoît XVI en soulignant que « tant de personnes âgées souffrent de multiples pauvretés et de solitude, étant parfois même abandonnées de leurs familles ».
« Cet élan évangélique se poursuit aujourd’hui à travers le monde dans la Congrégation des Petites Sœurs des Pauvres, qu’elle a fondée et qui témoigne à sa suite de la miséricorde de Dieu et de l’amour compatissant du Cœur de Jésus pour les plus petits », a ajouté le pape.
« Que sainte Jeanne Jugan soit pour les personnes âgées une source vive d’espérance et pour les personnes qui se mettent généreusement à leur service un puissant stimulant afin de poursuivre et de développer son œuvre ! » a-t-il exhorté.