Synode : Synthèse des interventions du 8 octobre (matin)

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Sixième Congrégation générale

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ROME, Jeudi 8 octobre 2009 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous les synthèses des discours des pères du synode sur l’Afrique, intervenus lors de la sixième Congrégation générale, jeudi 8 octobre, dans la matinée. Il s’agit de :

– Card. Ennio ANTONELLI, Président du Conseil Pontifical pour la Famille (CITÉ DU VATICAN)
– Card. Péter ERDŐ, Archevêque d’Esztergom-Budapest, Président du Conseil Conférences Épiscopales d’Europe (C.C.E.E.) (HONGRIE)
– Rév. P. Kieran O’REILLY, S.M.A., Supérieur Général de la Société des Missions Africaines (UNION SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX)
– Mgr Marcel UTEMBI TAPA, Archevêque de Kisangani (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
– Mgr Alfred Adewale MARTINS, Évêque de Abeokuta (NIGÉRIA)
– Mgr Louis Ncamiso NDLOVU, O.S.M., Évêque de Manzini (SWAZILAND)
– Mgr Paul R. RUZOKA, Archevêque de Tabora (TANZANIE)
– Rév. P. Emmanuel TYPAMM, C.M., Secrétaire Général de la « Confédération des Conférences des Supérieursi Majeurs d’Afrique et de Madagascar » (CAMEROUN)
– Mgr Martin Albert HAPPE, M. Afr., Évêque de Nouakchott (MAURITANIE)
– Mgr Vincent COULIBALY, Archevêque de Conakry, Président de la Conférence Épiscopale (GUINÉE)
– Mgr Nicolas DJOMO LOLA, Évêque de Tshumbe, Président de la Conférence Épiscopale (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
– Mgr Jorge FERREIRA DA COSTA ORTIGA, Archevêque de Braga, Président de la Conférence Épiscopale (PORTUGAL)
– Mgr Angelo AMATO, S.D.B., Archevêque titulaire de Sila, Préfet de la Congrégation pour la Cause des Saints (CITÉ DU VATICAN)
– Mgr Peter Martin MUSIKUWA, Évêque de Chikwawa (MALAWI)
– Mgr Barry Alexander Anthony WOOD, O.M.I., Évêque titulaire de Babra, Évêque auxiliaire de Durban (AFRIQUE DU SUD)
– Mgr Buti Joseph TLHAGALE, O.M.I., Archevêque de Johannesburg, Président de la Conférence Épiscopale (AFRIQUE DU SUD)
– Mgr Valentin MASENGO NKINDA, Évêque de Kabinda (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
– Mgr John Olorunfemi ONAIYEKAN, Archevêque d’Abuja (NIGÉRIA)
– S. Ém. le Card. Paul Josef CORDES, Président du Conseil Pontifical « Cor Unum » (CITÉ DU VATICAN)
– Mgr Cornelius Fontem ESUA, Archevêque de Bamenda (CAMÉROUN)
– Mgr Philippe OUÉDRAOGO, Archevêque d’Ouagadougou (NIGER)
– Rév. P. Damian WEBER, C.M.M., Supérieur Général des Missionnaires de Mariannhill (UNION SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX)

Nous reprenons ci-dessous, les résumés des interventions, publiés par la secrétairerie générale du Synode (traductions de travail, non officielles).

– S. Ém. le Card. Ennio ANTONELLI, Président du Conseil Pontifical pour la Famille (CITÉ DU VATICAN)

Le Saint-Père, dans l’homélie de la Messe d’inauguration, dans la Basilique Saint-Pierre, a indiqué, avec une expression très incisive, que le premier monde « est en train d’exporter des déchets spirituels toxiques » en Afrique et dans d’autres zones en voie de développement. L’un de ces déchets toxiques est ce que l’on appelle la « théorie du genre »qui, bien camouflée, commence à s’infiltrer dans les associations, dans les milieux gouvernementaux et également dans certains milieux ecclésiaux du continent africain, selon ce qui a été signalé au Conseil Pontifical pour la Famille.
Des agents de différentes institutions et organisations internationales partent de problèmes réels, auxquels il est nécessaire et de notre devoir d’apporter un remède, comme les injustices et les violences subies par les femmes, la mortalité infantile, la malnutrition et la faim, les problèmes de logement et de travail. Ils suggèrent des perspectives de solution basées sur les valeurs de l’égalité, de la santé, de la liberté: des paroles sacro-saintes, mais devenues ambiguës à cause des nouvelles significations anthropologiques qu’on leur attribue. Par exemple, le terme égalité des personnes ne signifie pas seulement même dignité et même titularité des droits fondamentaux de l’homme; mais aussi insignifiance de la différence naturelle entre hommes et femmes, uniformité de tous les individus, comme s’ils étaient sans différence sexuelle, et donc équivalence de toutes les orientations et comportements sexuels: hétérosexuel, homosexuel, bisexuel, transsexuel, polymorphe. Chaque individu a droit de faire librement (et éventuellement également de changer) ses choix, selon ses pulsions, ses désirs et ses préférences.
L’idéologie se diffuse à travers les centres de santé reproductive, les rencontres locales de formation, les programmes télévisés internationaux par satellite. Nous recherchons la collaboration des gouvernements africains et des associations locales, même ecclésiales, qui normalement ne se rendent pas compte des implications anthropologiques, éthiquement inacceptables.
Mon intervention veut être une invitation à la vigilance, une exhortation à offrir des instructions bien précises aux prêtres, aux séminaristes, aux religieux et religieuses, aux Caritas et aux autres opérateurs pastoraux laïcs.

[Texte original: italien]

– S. Ém. le Card. Péter ERDŐ, Archevêque d’Esztergom-Budapest, Président du Conseil Conférences Épiscopales d’Europe (C.C.E.E.) (HONGRIE)

Nous avons écouté avec attention la communication du Cardinal Polycarp Pengo, président du S. C. E. A. M.. On voit clairement que nos frères évêques africains demandent un appui pour renforcer leur communion interne et leur organisation continentale. Je propose de commencer des traités avec le Conseil des Conférences Episcopales d’Europe (CCEE) sur les possibilités de renforcer la collaboration parmi les évêques africains aussi à travers des actions conjointes avec le CCEE.
Parmi les institutions de l’Église même on fait mention, aux numéros 123-126 de l’Instrumentum laboris, des Commissions Justice et Paix. On ajoute qu’il faut mieux comprendre la mission de ces commissions.
Il est une expérience générale dans l’Église, qu’après le Concile Vatican II est née une vraie richesse, une multitude d’organisations pour réaliser la mission et l’activité des chrétiens dans le monde en différents champs d’action. Mais dans les dernières dizaines d’ années on a aussi éclairé davantage la nature des organisations ecclésiales: on a précisé la nature des associations de fidèles, on a bien distingué les personnes juridiques privées et les personnes juridiques publiques dans l’Église. On a souligné que seules ces dernières peuvent agir au nom de l’Église, comme aussi les structures publiques de l’organisation hiérarchique de l’Église même.
Pour éviter que certaines « Commissions » Justice et Paix, constituées peut-être seulement selon le droit de l’État ou comme associations privées, deviennent instruments de groupes politiques, il semble utile de mettre en évidence que la Commission nationale Justice et Paix est normalement un organe de la Conférence épiscopale même. De cette manière on peut s’assurer que l’activité de ces commissions soit une expression authentique de la mission de l’Église dans le monde.

[Texte original: français]

– Rév. P. Kieran O’REILLY, S.M.A., Supérieur Général de la Société des Missions Africaines (UNION SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX)

Une dimension importante de la croissance de l’Église sur le continent africain a été le nombre d’hommes et de femmes africains désormais directement engagés dans la mission ad gentes de l’Église, qu’il s’agisse des membres de congrégations missionnaires locales récemment établies ou des membres d’instituts internationaux de plus longue date.
Inspirés par leur engagement dans la foi, et formés par la doctrine sociale de l’Église, nombre de congrégations missionnaires et religieuses ont créé des réseaux pour répondre à ce défi. Je pense en particulier au travail de l’AFJN (Africa Faith and Justice Network). L’intérêt particulier de ces réseaux est de faire ressortir les problèmes d
‘injustice sociale inhérentes aux politiques européennes et américaines qui affectent négativement l’Afrique.
En tant que « famille de Dieu » l’Église est mise au défi pour témoigner et promouvoir l’universalité de l’amour de Dieu pour tous les peuples et l’unité future de l’humanité. Malheureusement, des divisions ethniques, tribales et régionales continuent d’affliger de nombreuses parties du continent, entravant sérieusement le développement de ses populations. Le témoignage des communautés missionnaires et religieuses internationales est aussi important qu’urgent. Ces communautés abritent une large éventail de différences ethniques et culturelles à l’intérieur de leur « famille » qui vivent et travaillent ensemble au service de l’Évangile. Leurs présences proclament cette vérité de l’Évangile que Dieu ne favorise personne, que nous sommes tous ses enfants et que notre destinée commune est d’être une seule famille en Lui.
L’Afrique n’est pas bien desservie par les médias de masse, qui se concentrent essentiellement sur les mauvaises nouvelles, entretenant ainsi la fiction largement acceptée d’un continent en état de crise permanente. L' »industrie de l’aide », également, alimente les stéréotypes dépassés et négatifs d’Africains victimes sans défense de guerres sans fins et de famines constantes. Le peuple d’Afrique doit devenir l’acteur principal du récit de l’Afrique qui est propagé hors du continent et les congrégations et les instituts missionnaires internationaux sont bien placés pour aider à ce processus.

[Texte original: anglais]

– Mgr Marcel UTEMBI TAPA, Archevêque de Kisangani (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)

La dimension politique de la paix invite l’Église qui est en Afrique à inventer des nouvelles méthodes de présentation de son enseignement social fondé sur des valeurs évangéliques susceptibles de favoriser la paix et l’entente entre les peuples. En convenant que la paix est d’abord un don de Dieu, nous proposons que l’Église qui est en Afrique s’implique davantage afin que:
La classe politique africaine soit effectivement au service du bien commun. A cet effet, l’Église devra soigner et renforcer l’accompagnement et la formation des hommes politiques à la lumière de l’enseignement social de l’Église.
Soit mis sur pied un programme transversal et œcuménique d’éducation civique des populations afin de promouvoir la conscience citoyenne et la participation responsable des populations locales dans la gestion du patrimoine de leurs pays respectifs.
Organiser les populations et les communautés à la base en vue de cette participation citoyenne. L’expérience de l’organisation des Comités locaux de gouvernance participative, qui sont des cadres apolitiques, permettrait aux communautés locales de se prendre en charge à la base et de participer au développement de leur milieu en dialogue avec les élus locaux et les gouvernants. Cela pourrait déboucher sur l’émergence des Liaisons parlementaires comme structures permanentes de plaidoyer auprès des organes délibérants chargés d’édicter des lois et de contrôler l’exécutif à tous les niveaux.
Sur la même lancée, créer un Observatoire sous-régional des politiques nationales comme laboratoire d’analyse sociale et de prospective, capable de donner des alertes sur les grandes tendances des politiques mises en oeuvre et leur conformité à la finalité de la communauté politique qui est le service du bien commun.
Travailler à l’émergence d’une classe politique responsable et consciencieuse.

[Texte original: français]

– Mgr Alfred Adewale MARTINS, Évêque de Abeokuta (NIGÉRIA)

Les groupes néo-pentecôtistes sont souvent très agressifs et adoptent une attitude de prosélytisme dans leur relation avec l’Église catholique. Il pourrait sembler que ces groupes visent à abattre l’Église catholique, tant au niveau de son influence qu’à celui du nombre de ses fidèles. Cette attitude se perçoit à travers la façon dont certains d’entre eux parlent de l’Église catholique comme d’une Église morte. Leur espoir est qu’en gagnant les esprits et les cœurs des jeunes, ils pourraient être en mesure de les attirer et, avec le temps, de les couper de la vie de l’Église, tout comme ils espèrent que les jeunes quittent en masse l’Église.
De manière à ne pas leur faciliter la réalisation de cet objectif, l’Église en Afrique doit élaborer des moyens à travers lesquels elle pourrait assurer que l’ensemble de son troupeau au sein de chaque paroisse ne soit pas oublié. Nous devons nous assurer que personne n’est anonyme dans les paroisses, les plus vulnérables tels que les demandeurs d’emploi et d’autres encore, en particulier parmi les jeunes, devraient être soutenus et aidés dans leurs besoins tant matériels que spirituels, et quand cela est possible. Il faut créer un ministère dans chaque paroisse qui s’occupe des préoccupations et des besoins des jeunes cadres et des professionnels présents parmi nos fidèles. Ils sont la cible des groupes néo-pentecôtistes.

[Texte original: anglais]

– Mgr Louis Ncamiso NDLOVU, O.S.M., Évêque de Manzini (SWAZILAND)

L’Église catholique au Swaziland est encore jeune puisqu’elle naît en 1914 et compte environ 55 000 membres sur une population d’un million d’habitants, ce qui signifie que seul 5% des Swazis sont catholiques. Même si l’Église est minoritaire, elle demeure pourtant la plus grande Église chrétienne du pays. Depuis son arrivée, l’Église a participé à l’action sociale dans de nombreuses régions du pays. Cela lui a valu de nombreuses louanges de la part des autorités traditionnelles et politiques du pays. Mes prédécesseurs, qui étaient principalement d’origine européenne, ont également entretenu de bonnes relations avec les autorités traditionnelles.
Ces dernières années, la relation entre l’Église et les dirigeants traditionnels et politiques est devenu ambigüe. L’Église continue à recevoir de nombreuses louanges de la part du gouvernement pour ses interventions dans le domaine de l’éducation, de la santé et des programmes pour le développement. En tant qu’Église, nous continuons à mettre en question le système de gouvernement car nous croyons qu’il est en partie responsable du niveau élevé de pauvreté dans le pays. Le gouvernement critique l’Église quand elle traite des problèmes de gouvernement, et insiste afin qu’elle ne s’occupe que de liturgie et de culte et non pas de la vie politique et sociale de la population. Cela nous a valu l’amitié de certains membres de la société civile, y compris les syndicats ainsi que les partis et les mouvements politiques bannis. Nous nous retrouvons donc en tant qu’Église au milieu de deux forces opposées. Cela offre à l’Église une possibilité unique de collaborer autant avec le gouvernement qu’avec les membres de la société civile.
Le thème de ce Synode nous met au défi de vivre une vie chrétienne authentique. Cela demande que l’Église soit un exemple pour les non-croyants comme pour les autres chrétiens. Nous avons tous le devoir de contribuer au bien-être de la société et d’être des phares d’espoir devant les nombreux défis et difficultés. Le peuple swazi est un groupe homogène, qui a la même culture et qui parle la même langue. En cela on peut comparer le peuple swazi à une grande famille. Nous sommes donc une nouvelle fois appelés à vivre comme une seule famille. Et toute famille doit parfois affronter certains problèmes et surmonter certains différends. Nous devrions nous occuper de ces problèmes de manière véridique et honnête et surtout dans un esprit de charité.

[Texte original: anglais]

– Mgr Paul R. RUZOKA, Archevêque de Tabora (TANZANIE)

La réconciliation est nécessaire pour mener notre apostolat et pour suivre les enseignements de saint Paul qui indique Dieu comme point de départ.
Vus les tristes événements tels que les guerres civiles qui affectent le continent, l’identité de l’Églis
e est en jeu. Très souvent, nous parlons d’une famille aimante, qui partage, qui est unie dans les activités quotidiennes et qui vit ensemble. Mais plus souvent, les fils et les filles de l’Église sont eux aussi impliqués dans des conflits au lieu de construire des ponts entre les parties opposées par-delà les intérêts acquis. L’Église est un instrument de la mission de guérison du Christ et tous les chrétiens devraient œuvrer afin de parvenir à cette guérison.
Les agents de l’évangélisation (Évêques, clergé et religieux) ainsi que le laïcat devraient employer les armes de la foi et rechercher une conversion plus profonde en aspirant à la sainteté, à travers l’écoute de la Parole de Dieu et la fréquentation des sacrements; en participant à la vie de prière et aux exercices spirituels, en traitant les questions présentées par les personnes avec lesquelles nous vivons, en partageant et en les servant en tant que voisins.
L’Afrique est submergée sous de si nombreux problèmes, principalement du fait d’une mauvaise leadership – par des leaders qui ne craignent pas Dieu, mais qui sont tous occupés à s’enrichir eux-mêmes en pillant leurs propres pays, au point de faire sombrer leurs peuples dans l’anarchie. Naturellement, il y a eu de bons leaders qui ont soutenu les aspirations de leurs concitoyens qui les aimaient. Nous avons à l’esprit des personnes telles que Julius Nyerere, de Tanzanie, qui nous a laissé en héritage une nation unie.
L’Église devrait aider les jeunes en insistant de nouveau sur la formation humaine, spirituelle et intellectuelle en particulier dans nos écoles jusqu’au niveau universitaire.
La foi doit avoir la priorité dans notre travail de formation. De plus, il faut constituer des commissions afin de travailler avec la Commission Justice et Paix dans nos diocèses en traitant les thèmes du conflit social et en offrant une éducation civique.

[Texte original: anglais]

– Rév. P. Emmanuel TYPAMM, C.M., Secrétaire Général de la « Confédération des Conférences des Supérieursi Majeurs d’Afrique et de Madagascar » (CAMEROUN)

Les personnes consacrées en Afrique et à Madagascar prennent conscience et veulent faire prendre conscience aux autres agents apostoliques (laïcs, prêtres, Évêques) que la Réconciliation, la Justice et la Paix ou en d’autres termes la Justice et la Paix qui emmènent à la Réconciliation obligent à mourir, obligent à perdre la vie pour la vérité selon l’Évangile.
Le thème du Synode invite les consacrés à promouvoir la paix à l’intérieur des Instituts :
En entretenant des relations positives en communauté entre ethnies différentes, entre nationalités différentes. Ceci passe par :
– La culture du « Mêmes droits pour tous »
– La culture de l’alternance du pouvoir et donc du détachement vis-à-vis des postes
dans les Instituts.
– La culture de la mission accomplie avec amour
– La culture de l’usage des biens de l’Institut sans s’en approprier
Nous vous proposons de nous unir et de collaborer sur un aspect très important qui pourrait empêcher de parler de Réconciliation, Justice et Paix aux peuples démunis du continent:
1. Améliorer la santé maternelle afin qu’il y ait moins de mamans qui meurent à l’accouchement et réduire aussi la mortalité des enfants.
2. Renforcer les moyens de préventions et la prise en charge des malades atteints de:
paludisme; Sida; maladies mentales, l’épilepsie etc…
3. Encourager: les pharmaciens, les médecins, les guérisseurs à mettre en place des structures modernes de soin par les plantes; la création de mutuelles de santé.

[Texte original: français]

– Mgr Martin Albert HAPPE, M. Afr., Évêque de Nouakchott (MAURITANIE)

Une des particularités du Diocèse de Nouakchott est qu’il couvre tout le territoire de la République Islamique de Mauritanie. Du fait que les habitants de ce pays sont tous musulmans, et cela depuis des siècles, résulte que tous les chrétiens catholiques habitant le pays sont des non-mauritaniens, aussi bien les fidèles que leurs pasteurs. Pour continuer à planter le décor, j’ajouterai que le premier prêtre qui soit venu dans le pays et qui n’avait pas le statut d’aumônier militaire y a célébré sa première messe à Noël 1957.
Déjà le premier évêque, Mgr. Michel BERNARD, n’a pas voulu se contenter d’être le pasteur des quelques milliers de chrétiens vivant dans le pays, mais a insisté pour que les prêtres et les religieuses se tournent vers la population autochtone pour être pour eux des témoins du Dieu Amour révélé par et dans la personne de Jésus Christ.
Un des instruments que nous nous sommes donnés pour réaliser cela est Caritas Mauritanie. Fondée en 1970, elle emploie actuellement environ 120 personnes. Parmi ceux-ci il y a au moins 110 hommes et femmes de nationalité mauritanienne, donc des musulmans. Tous ces collaborateurs doivent connaître nos motivations profondes et y souscrire. Ils doivent savoir que pour nous, les chrétiens, tous les êtres humains sont égaux en dignité, peu importe leur sexe, leur statut social ou ethnique. Ils doivent savoir que nous ne sommes pas là pour aider nos frères de race, nos familles, les gens de notre religion mais toutes les personnes se trouvant dans le besoin. Nous devons nous employer pour qu’ils retrouvent la dignité voulue pour eux par leur Créateur.

[Texte original: français]

– Mgr Vincent COULIBALY, Archevêque de Conakry, Président de la Conférence Épiscopale (GUINÉE)

L’intérêt que porte l’Église-Famille de Dieu qui est en Guinée aux questions de réconciliation, de justice et de paix, s’est manifesté souvent dans les interventions de ses pasteurs. Nous rappelons le courage et la détermination de nos prédécesseurs qui ont dénoncé les pièges malicieux des pouvoirs mis en place pour prendre en otage ce qu’il y a de plus noble en l’homme: la liberté.
Nous comptons de nombreuses figures charismatiques qui ont jeté dans le coeur de notre peuple les semences de la réconciliation, de la justice et de la paix. Nous pensons en premier lieu aux missionnaires expulsés en 1967 à cause essentiellement de leur vision prophétique sur ce qui serait le sort de notre peuple. Les interventions de nos deux prédécesseurs immédiats: Mgr Raymond-Marie TCHIDIMBO et,Mgr Robert SARAH sur le thème de la réconciliation, de la justice et de la paix gardent encore aujourd’hui toute leur pertinence pour les Guinéens.
Dans leur sillage, l’épiscopat aujourd’hui ne cesse d’attirer l’attention des dirigeants sur la question de la réconciliation, de la justice et de la paix. Il n’a cessé de jouer son rôle de sentinelle aux portes de la cité. Il a, dans plusieurs déclarations, invité les Guinéens au dialogue. La dernière déclaration a été publiée le 25 Septembre 2009.
Malheureusement son appel de ce 25 Septembre n’a pas été entendu parce que, quand le démon-argent parle, ses nombreux adeptes sont heureux et rien ne les empêche d’agir. Même la mort n’est pas un obstacle pour eux. Ainsi, le 28 Septembre 2009, le peuple était endeuillé de nouveau par la mort tragique de dizaines ou de centaines de personnes suite à une manifestation violemment réprimée par les militaires.
Cette action de l’épiscopat n’est pas sans la contribution d’un laïcat organisé et engagé sur le terrain à travers, par exemple, l’Organisation catholique pour la promotion humaine (OCPH) et la Commission Justice et Paix. Mais nous sommes encore loin de ce laïcat saint, que le Premier Synode appelait de ses voeux. L’appel du Pape, dans sa première encyclique « Deus Caritas est », à faire la différence entre l’ordre juste et l’homme juste, nous a encore plus motivé dans la formation du laïcat.
D’autre part, nous estimons urgent d’encourager le dialogue interreligieux tripartite pour construire la paix: christianisme, religion traditionnelle africaine et islam. Pour mettre davantage en lumière l’esprit de fraternité et de solidarité du
génie culturel africain.
Enfin, nous adressons un chaleureux merci au Saint-Père pour son soutien à notre pays au cours de l’Angélus de Dimanche dernier.

[Texte original: français]

– Mgr Nicolas DJOMO LOLA, Évêque de Tshumbe, Président de la Conférence Épiscopale (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)

En faisant un état des lieux des retombées des guerres et des violences imposées à la République Démocratique du Congo, l’on est obligé de fustiger les mensonges et les subterfuges utilisés par les prédateurs et commanditaires de ces guerres et violences. Le tribalisme sans cesse évoqué pour rendre compte de ces guerres en République Démocratique du Congo n’est qu’un paravent. La diversité ethnique est instrumentalisée pour se donner l’occasion de piller les ressources naturelles.
Nous déplorons le fait que la Communauté internationale ne fasse pas assez pour mettre fin à ces guerres et violences, en s’intéressant suffisamment à leurs véritables causes: le pillage des ressources naturelles. Elle s’est limitée à soigner les conséquences des guerres au lieu de s’attaquer avec détermination et de manière persuasive à leurs causes. Sur la même lancée, nous déplorons le fait que les souffrances et les vies humaines fauchées en République Démocratique du Congo par ces guerres n’ont pas suscité la même indignation et la même condamnation que lorsque cela arrive sous d’autres cieux. Sinon, comment expliquer la résurgence et la virulence des violences que l’on continue de condamner du bout des lèvres sans envisager d’actions efficaces de manière à mettre fin une fois pour toutes aux causes de ces violences. Ne partageons-nous pas la même humanité?
Dans un monde où il devient de plus en plus évident que nous constituons un village global, des actions concertées et globales devraient être menées pour venir à bout des violences faites à l’Afrique par la prédation de ses ressources, afin de permettre finalement à ce continent, en ce début du troisième millénaire, de vivre également dans la paix et de se développer dans la solidarité avec les autres.
A cet effet, nous suggérons que ce Synode convie d’abord tous les chrétiens au nom de notre foi en Jésus Christ, qui par son sacrifice suprême sur la croix nous a donné la vraie mesure de la dignité de chaque personne humaine; et ensuite, qu’il invite tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté, au nom de notre humanité commune, à condamner et à dénoncer publiquement les commanditaires des guerres et des violences en Afrique. Sinon nous sommes complices du mal fait à notre frère.

[Texte original: français]

– Mgr Jorge FERREIRA DA COSTA ORTIGA, Archevêque de Braga, Président de la Conférence Épiscopale (PORTUGAL)

Le Portugal et l’Europe doivent réinterpréter l’aventure missionnaire en adoptant de nouvelles attitudes et en s’engageant vis-à-vis de la vie des peuples qu’ils ont évangélisés.
Par le passé ils ont fait connaître plus ou moins fidèlement Jésus Christ et sa doctrine. Aujourd’hui, ils doivent continuer à partir en mission pour voir le Christ dans les besoins réels et concrets, en faisant ce qu’ils doivent faire au Christ (Instrumentum laboris 35).
Le fait d’aller à la rencontre du Christ dans la personne des déshérités dans un total dévouement doit avoir une dimension universelle qui ne permet pas de faire de différences entre les personnes, pas même pour des motifs religieux.
Partir est synonyme de courage et n’admet aucune fatigue. Ce n’est qu’ainsi que la civilisation de l’amour pourra se concrétiser.
Si l’Europe doit aller au-devant des besoins, les communautés locales doivent s’organiser en éliminant la bureaucratie excessive et en rejoignant en particulier ceux qui n’ont pas la force de demander.
Donner est important, se donner à l’intérieur d’un volontariat avec une préparation, permet aux peuples de construire leur bonheur.
Peut-être l’heure est-elle arrivée d’une authentique union des communautés ou des diocèses par le biais du partage des biens matériels et des personnes qui offrent leur disponibilité pour servir dans les domaines scolaire, sanitaire, etc.
L’Europe doit retourner en Afrique non seulement pour porter la connaissance du Christ mais pour Le rencontrer dans tous les peuples et dans la logique des Béatitudes et de la description du Jugement universel.
« J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger… Dans la mesure où vous ne l‘avez pas fait à l’un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l‘avez pas fait » (Mt 25, 35. 45).

[Texte original: portugais]

– Mgr Angelo AMATO, S.D.B., Archevêque titulaire de Sila, Préfet de la Congrégation pour la Cause des Saints (CITÉ DU VATICAN)

Depuis le début du Christianisme, l’Afrique a été une terre de saints, à partir du grand saint Augustin jusqu’aux martyrs ougandais Charles Lwanga, Matthias Maulumba Kalemba et leurs compagnons, en passant par la figure extraordinaire de la soudanaise sainte Joséphine Bakhita, canonisée en l’an 2000. Encore aujourd’hui, ont lieu dans 22 nations 44 procès de béatification et de canonisation concernant 13 bienheureux, 4 vénérables et 27 Serviteurs de Dieu. Toutes les catégories de fidèles sont représentées: le Serviteur de Dieu Alfred Simon Diban Ki-Zerbo, du Burkina Faso, catéchiste et père de famille; la Servante de Dieu Eulalie Marie Gabrielle Mokhosi, du Lesotho, mère de famille; le Serviteur de Dieu Julius Kambarage Nyerere, de Tanzanie, laïc connu dans le monde entier comme écrivain et homme politique; la Bienheureuse Clémentine Anouarite Nengapeta, du Congo, religieuse martyre; le Serviteur de Dieu Simon Mpeke (Baba Simon), du Cameroun, prêtre; le Bienheureux Cyprien (Michael Iwene Tanzi) du Nigeria, cistercien. Par ailleurs, a lieu au Congo une enquête diocésaine sur le présumé martyr du Serviteur de Dieu Emile Biayenda, Cardinal de la Sainte Église romaine, Archevêque de Brazzaville.
Mais les témoins héroïques de la foi en Afrique sont très nombreux. Il est du devoir des Évêques de promouvoir la sanctification des prêtres et des fidèles, mais aussi le discernement et la valorisation de l’exercice héroïque des vertus chrétiennes des baptisés de leurs diocèses. Les saints représentent le vrai trésor d’une Église locale. En effet, il ont une triple mission: d’évangélisation, parce qu’ils montrent la beauté et la possibilité existentielle de l’Évangile de Jésus; d’inculturation, parce qu’ils démontrent non pas par le biais de théories de laboratoire, mais par leur vie, que l’Évangile peut s’enraciner dans toutes les cultures et les transformer en les améliorant; de réconciliation parce qu’en tant que témoins héroïques de la charité du Christ, ils portent le pardon, la paix et la justice dans la communauté.

[Texte original: italien]

– Mgr Peter Martin MUSIKUWA, Évêque de Chikwawa (MALAWI)

Le numéro 14 de l’Instrumentum laboris indique que: « Pasteurs d’Afrique, en union avec l’évêque de Rome qui préside à la communion universelle de la charité, qu’un approfondissement des problèmes déjà soulevés lors de la précédente Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques, et repris dans l’Exhortation Apostolique Post-synodale Ecclesia in Africa ». La Conférence épiscopale du Malawi estime que l’un des domaines qui fait partie de cette dynamique continuelle est la famille. À ce propos, le numéro 20 de l’Instrumentum laboris note que la « créativité se fait sentir pour répondre aux besoins spirituels et moraux de la famille ».
Étant des « Églises domestiques », des lieux de pardon, de réconciliation et de paix, la plupart des familles africaines ne jouissent pas d’une totale harmonie. Elles font face à de nombreux défis tels que les problèmes liés au SIDA, à la mondialisation multiculturelle (Instrumentum laboris n. 72), à la détérioration de la valeur culturelle du mariage, à l’influence politique et au manque de modèles de
rôles. Le véritable amour et la réconciliation font défaut. Un suivi pastoral qualitatif, une catéchèse continue portant sur le mariage et la vie de famille est encore nécessaire.
Cela peut être fait à plusieurs niveaux: Conférence épiscopale, Diocèse et Paroisse. À côté de ces Mouvements/Associations chrétiens, tels que les Mouvements familiaux, les rencontres sur le mariage chrétien peuvent être très utiles. Ces Mouvements/Associations aident les époux à mieux comprendre la nature et l’essence de la vocation au mariage. Ils aident également à approfondir l’amour conjugal et la fidélité au sein de la famille. Ils offrent un espoir et un encouragement spécialement aux familles en difficulté.

[Texte original: anglais]

– Mgr Barry Alexander Anthony WOOD, O.M.I., Évêque titulaire de Babra, Évêque auxiliaire de Durban (AFRIQUE DU SUD)

Je voudrais inviter mes frères et sœurs du Synode à se concentrer sur une initiative de la Conférence des Évêques catholiques d’Afrique du Sud (SACBC), qui est née après nos premières élections démocratiques en 1994. Il s’agit de la création d’un Bureau de liaison parlementaire catholique (CPLO).
L’objectif de ce Bureau est de faire précisément ce qu’indique son titre, c’est-à-dire de travailler en liaison avec le Parlement. Bien que seul 9% de la population soit catholique, sur 440 membres du parlement, 22% sont catholiques. Cependant, c’est important de le souligner, le Bureau travaille en liaison, effectue des recherches et informe tous les parlementaires quelle que soit leur religion et leur formation politique.
Nous avons un certain nombre de chercheurs à plein temps qui font de la recherche approfondie sur tous les aspects de la législation avant qu’elle ne soit votée au parlement. Nous faisons cela à partir d’un système de valeurs basé sur l’Évangile, fortement inspiré de la Doctrine sociale de l’Église. Les parlementaires n’ont ni les ressources ni le temps pour faire leurs propres recherches approfondies sur un sujet donné. C’est pourquoi les compte-rendus de nos recherches sont appréciés par un grand nombre d’entre eux.
Nous donnons également nos avis catholiques oraux et écrits sur des législations en cours de débat au niveau des comités parlementaires. Ces avis sont rendus accessibles à un plus large public et donnent un aperçu des réflexions et des commentaires publiés sur des lois récemment adoptées. Cela éveille une conscience nationale autant qu’internationale auprès d’un plus large public sur des questions de politiques publiques et les réponses de l’Église catholique.
L’impact de la CPLO a eu une très grande influence sur le Parlement ces douze dernières années et son influence ne cesse de grandir. Les contacts sociaux informels avec les parlementaires représentent un autre aspect important de ce travail. Les parlementaires sont souvent invités à des réunions organisées par l’Église simplement pour leur rappeler notre attention et les remercier.
Le Bureau de liaison parlementaire catholique (CPLO), de façon régulière, organise des débats sur des sujets d’intérêts publics, tels que la situation au Zimbabwe aujourd’hui ou une nouvelle législation se rapportant aux droits de l’enfant. Des intervenants de renom, ne venant pas nécessairement du monde politique, mais aussi parfois des cercles de l’Église, y sont invités et leurs débats attirent un large public.
Le Bureau, deux fois par an, organise des formations pour des personnes d’autres pays envoyées par leurs Conférences des Évêques respectives. À ce jour, le Zimbabwe, l’Éthiopie, la RDC et la Sierra Leone – pour n’en nommer que quelques-uns – ont bénéficié de ces programmes de formation.
La Conférence des Évêques catholiques d’Afrique du Sud aimerait appuyer la proposition de l’archevêque Berhaneyesus SOURAPHIEL (Addis Abeba) visant à instituer un représentant catholique permanent nommé à l’Union africaine, avec plus que le statut d’observateur.

[Texte original: anglais]

– Mgr Buti Joseph TLHAGALE, O.M.I., Archevêque de Johannesburg, Président de la Conférence Épiscopale (AFRIQUE DU SUD)

Dans l’Instrumentum laboris, la question de l’inculturation est à peine évoquée. De son côté, Ecclesia in Africa déclare de manière catégorique que l’inculturation est une condition sine qua non de l’évangélisation. Sans inculturation, il ne saurait y avoir ni authentique évangélisation, ni authentique réconciliation. Après tout, « l’Évangile s’enracine dans le terreau humain de la culture » (IL n. 73).
Les valeurs morales faisant partie des différentes cultures africaines, ainsi que les valeurs évangéliques, sont menacées par la nouvelle éthique globale qui cherche, de manière agressive, à persuader les gouvernements et les communautés africains à accepter des conceptions nouvelles et différentes de la famille, du mariage et de la sexualité humaine. (Ceci a été mis en évidence par le Cardinal Turkson dans sa présentation). Les cultures d’Afrique sont placées sous forte pression par le libéralisme, le sécularisme et les groupes de pression qui campent aux Nations-unies. L’Afrique affronte en même temps une seconde vague de colonisation plus subtile et plus impitoyable.
Le défi le plus critique lancé à l’Église en Afrique n’est pas le manque d’analyse, le manque de compréhension des problèmes et leur interconnexion. Mais le manque de volonté collective (politique) visant à mettre en œuvre les résolutions prises; à trouver des solutions réalisables aux défis auxquels nos sociétés font face, à relever les défis déplaisants de la leadership. Une question pressante doit être posée. Devant qui sont responsables les associations régionales et continentales? Quels sont les objectifs de ces plate-formes mis à part celui d’exprimer la compassion, la solidarité et la collégialité? Les membres reconnaissent les conférences régionales et continentales pour la forme. Les dettes ne sont pas payées. Comment dès lors les résolutions peuvent-elles être appliquées alors que nous sabotons nous-mêmes nos organisations, frustrons ceux qui y travaillent et démoralisons les membres des conseils élus au lieu de les guider, de les aider et, collectivement, de construire et reconsidérer les buts. Si les résolutions du Synode doivent être appliquées, nos conférences nationales, régionales et continentales doivent en prendre la responsabilité.
Deuxièmement, nous, en tant que hiérarchie, semblons travailler seuls sur ces sujets qui lacèrent le continent. Les laïcs, en vertu de leur baptême, ont un rôle significatif à jouer. Ils doivent témoigner sur la place publique, dans leurs familles et sur leurs lieux de travail. Leur voix chrétienne face aux nombreux défis de l’Afrique, est faible, assourdie ou simplement réduite au silence. La hiérarchie est privée de partenaires crédibles dans le travail de transformation de l’Afrique. Les laïcs catholiques doivent se voir reconnaître une place de manière à pouvoir tenir tête et être pris en considération pour leur foi catholique. La hiérarchie ne peut le faire seule.

[Texte original: anglais]

– Mgr Valentin MASENGO NKINDA, Évêque de Kabinda (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)

L’Église catholique en Afrique inspire admiration et respect même à ceux qui ne partagent pas son enseignement grâce à la nature et à la stabilité de ses structures qui reflètent sa nature communionnelle. L’esprit de communion y a été insufflé dès le début par l’action missionnaire et il y perdure en dépit de quelques tendances et forces déconstruisantes à éradiquer.
Si certains indices de division provenant du désordre de la cité se retrouvent également dans le temple, cela est dû entre autres à une mauvaise compréhension et à l’instrumentalisation des structures de l’Église en Afrique par certains esprits.
Pour les éradiquer, nous suggérons que cette Assemblée synodale :
– Rappelle le respect de l’esprit et des
normes constitutives des structures de l’Église à tous les niveaux
– Recommande d’éviter dans l’érection des circonscriptions ecclésiastiques, des plus élementaires aux plus complexes (des CEV, paroisses, diocèses, régions ecclésiastiques, etc), de faire correspondre celles-ci aux limites territoriales ou linguistiques tribales ou ethniques afin de faire apparaître avec évidence l’essence même de l’Église comme famille de Dieu ouverte à tous ;
– Insiste afin de minimiser les tendances tribalisantes et ethnicisantes en soignant la formation des fidèles catholiques, des agents pastoraux, des prêtres et des religieux pour qu’ils s’imprègnent de l’esprit sous-jacent aux structures de dialogue et de participation de l’Église ;
– Mette un accent très singulier sur la formation socio-politique des dirigeants laïcs dans la ligne de l’enseignement social de l’Église afin de les affermir dans la foi catholique pour leur permettre d’agir en politique et dans la cité comme des artisans de communion et d’unité ;
– Accorde une importance de taille au choix des formateurs dans les maisons de formation sacerdotale, religieuse, des Instituts Supérieurs de Sciences Religieuses, des Universités catholiques et ecclésiastiques pour réussir à insuffler cet esprit communionnel au-delà de tout clivage ethnique et tribal.
– Redise que dans les provisions canoniques à tous les échelons, l’on nomme les personnes sans se laisser conditionner par leur appartenance tribale et ethnique.
– Dans les écoles catholiques et dans les Mouvements d’action catholique, que l’on recrute des maîtres et des encadreurs imbus de l’esprit ecclésial dans l’intention d’assurer aux jeunes une vision saine et communionnelle de l’Église comme famille des enfants de Dieu.

[Texte original: français]

– Mgr John Olorunfemi ONAIYEKAN, Archevêque d’Abuja (NIGÉRIA)

À la messe solennelle d’inauguration de cette Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques, le Saint-Père, Benoît XVI a attiré l’attention sur le « profond sens de Dieu » des peuples d’Afrique et a déclaré que « l’Afrique représente un immense « poumon » spirituel, pour l’humanité ». Ceci en cohérence avec l’enseignement du Serviteur de Dieu le Pape Jean-Paul II dans « Ecclesia in Africa » (cf. n. 7, 57 et 67).
Cette terre spirituelle s’est démontrée fertile pour le message de l’Évangile. Mais elle l’a été également pour l’Islam. Dès lors, notre continent est devenu une demeure pour ces deux fois monothéistes, un fait que nous devons tous admettre et avec lequel nous devons cohabiter pour l’avenir prévisible.
« Ecclesia in Africa » appelle à un dialogue systématique avec l’Islam. Malgré de nombreuses difficultés diffuses, la voie du dialogue a démontré être la meilleure. Nous avons tiré un certain nombre de leçons au cours de ces quinze dernières années. Nous avons fait des progrès en consolidant le sens général que les Musulmans et les Chrétiens en Afrique ont d’appartenir aux mêmes familles, communautés et nations. Nous avons appris à joindre nos mains pour relever des défis communs sur la base de valeurs morales et spirituelles partagées que nous découvrons, souvent avec une joyeuse surprise, lorsque nous ouvrons nos cœurs et nos esprits l’un à l’autre.
Mon appel et ma proposition est que ce Synode défie l’ensemble de l’Église d’Afrique à aller vers l’ensemble de la communauté musulmane d’Afrique à partir des racines jusqu’au niveau continental.
Cela ne sera pas le fruit du hasard. Il faut le planifier et mettre en place des structures, telles que les Conseils interreligieux. La bonne nouvelle est que beaucoup est fait déjà dans cette direction, mais il faut le soutenir et le développer. L’Église catholique ne peut pas combattre la bataille pour la réconciliation, la justice et la paix en Afrique seule. Nous devons joindre nos mains avec d’autres forces culturelles de notre continent afin de libérer notre peuple de son esclavage volontaire pour la gloire du Dieu Tout-Puissant, miséricordieux et Père de tous.

[Texte original: anglais]

– Card. Paul Josef CORDES, Président du Conseil Pontifical « Cor Unum » (CITÉ DU VATICAN)

Nombreux sont les chrétiens qui, aujourd’hui, se mobilisent pour affronter la misère des hommes en Afrique. Une éminent représentante politique de l’Allemagne, qui n’appartient pas à un parti politique chrétien, disait récemment: l’engagement de l’Église se révèle être le but de tout ce qui se réalise en faveur de ce continent. Ainsi, les chrétiens favorisent aussi la paix, souvent brisée à cause de la misère matérielle.
Le second concept de ce Synode est la « justice ». Pour la réaliser, l’Église ne cesse de faire entendre très fort sa voix. La récente Encyclique « Caritas in veritate » affirme: « la justice est la première voie de la charité » (6). La justice possède donc sa dimension terrestre. Mais elle n’est pas simplement le fruit de l’engagement humain ou même des finesses politiques. Le rapporteur général, le Card. Turkson, nous l’a très bien expliqué: regardée avec les yeux de la foi, la justice est la droiture devant Dieu – tâche de l’engagement humain – et, en même temps, cadeau gratuit du Christ Sauveur.Ici, la justice se heurte au troisième concept des réflexions suggérées, la « réconciliation ». Elle aussi prend naissance dans le coeur de l’homme. C’est donc dans le coeur que le point focal de nos consultations doit plonger ses racines.
C’est pourquoi les ordres missionnaires doivent être renforcés dans leur travail apostolique. Ou aussi les nouveaux mouvements, dont nous admirons et accompagnons toujours de nouveau l’engagement en Afrique de notre Dicastère Cor Unum.
Ces groupes relient l’aide matérielle contre la misère à l’annonce de l’Évangile. Et leur anthropologie ne sépare pas, dans l’homme, les besoins corporels et spirituels, auxquels il faut apporter une réponse d’une manière distincte. Cor Unum fait tout son possible pour que de faux modèles ne soient pas imposés à l’homo africanus, pour que dans la collaboration l’on puisse de nouveau retrouver une saine vision unitaire de l’homme, prévue par la nature et par la révélation.

[Texte original: italien]

– Mgr Cornelius Fontem ESUA, Archevêque de Bamenda (CAMEROUN)

Dans un grand nombre de nos pays, nous nous réjouissons de constater que notre population chrétienne est en croissance. La liturgie est célébrée dans la joie avec une participation active. D’un autre côté, nous sommes tristes du fait qu’il existe des tensions et des conflits non seulement dans la société en général, mais aussi parmi nos communautés chrétiennes. Il n’est pas rare que les auteurs de ces actes d’injustices sociales, de corruption, soient des chrétiens. Il y a des préjudices familiaux et tribaux, qui existent de longue date et qui sont souvent à la base des conflits, transmis d’une génération à l’autre, sans aucune intention de pardon ou de réconciliation réciproque. Cependant, beaucoup de ces populations peuvent être considérées comme chrétiennes, ferventes et pratiquantes, faisant un réel effort pour devenir meilleures. La réconciliation, la justice et la paix sont l’oeuvre de la grâce de Dieu que nous recevons à travers le Verbe de Dieu et les sacrements, spécialement le Sacrement de Pénitence et l’Eucharistie. Deux choses sont donc nécessaires: 1) Une célébration plus régulière du Sacrement de Pénitence et l’Eucharistie, qui constituent les Sacrements de guérison, de communion et de service; 2) Une proclamation plus prophétique du Verbe de Dieu, à tout moment.
Il y a de moins en moins de Chrétiens, spécialement parmi les jeunes, qui reçoivent le Sacrement de Pénitence, et lorsqu’ils le reçoivent, ils n’en sont pas profondément touchés. C’est plus un acte rituel, à la manière des rites traditionnels de réconciliation et de purification. Ceux qui y participent, bien que réconciliés extérieurement, nourrissent encore en eux des sentiments de haine et
de rancoeur pouvant les entraîner à la « vendetta » chaque fois que l’occasion leur en est offerte.
Une célébration plus communautaire et plus fréquente du Sacrement de Pénitence, selon le nouveau rite rendu public il y a quelques années, qui utilise à profusion le Verbe de Dieu, devrait faire ressortir encore plus les dimensions sociales de péché et ses effets, et souligner le fait que cette réconciliation n’est pas juste une affaire privée avec Dieu mais qu’elle implique aussi une réconciliation entre nous; elle rétablit la paix et l’harmonie au sein de la communauté et incite à accomplir les obligations sociales et la pratique de la justice. Une telle célébration invite toute la communauté à se réjouir comme c’est indiqué dans la Parabole de l’Enfant Prodigue.
Nous avons besoin de prêtres qui soient plus disponibles envers le Sacrement de Pénitence sur l’exemple du Curé d’Ars, et qui l’administrent d’une manière significative, en y apportant une touche personnelle accompagnée de conseils se basant sur le Verbe de Dieu.

[Texte original: anglais]

– Mgr Philippe OUÉDRAOGO, Archevêque d’Ouagadougou (NIGER)

La pensée libérale et néolibérale, forte du pouvoir économique et du pouvoir des médias, veut nous faire croire que les communautés humaines ou religieuses n’ont rien à dire sur les comportements des individus. au nom d’un libertinage et relativisme moral.
Nos communautés humaines et religieuses africaines, dans l’ensemble, rejettent les pratiques légalement codifiées dans bon nombre de pays de l’Occident autrefois chrétien, telles que l’avortement, la pratique homosexuelle, le mariage entre personnes du même sexe, l’euthanasie… Elles ont en estime la promotion des valeurs relatives à la famille et à la vie.
Les moyens de communications font du monde un seul village. De plus en plus, certaines radios et télévisions, des sites internet, tous régis par le pouvoir et les intérêts économiques, diffusent délibérément des programmes qui visiblement cherchent à imposer la pensée unique de l’Occident. Le tapage médiatique organisé lors du voyage du Saint-Père au Cameroun et en Angola au mois de mars demier en constitue un exemple pathétique. Des programmes adressés aux auditeurs francophones tant européens qu’africains visaient à faire croire que des prêtres, des religieux et religieuses africains étudiants ou en mission à Rome ou ailleurs en Europe, vivaient de la mendicité et de la prostitution, abandonnés par le Vatican et les congrégations religieuses. Avait-on besoin de cela pour montrer son désaccord avec le Saint-Père? Manifestement, une coalition cherchait à atteindre un objectif clair mais inavouable, en distrayant les africains pour les empêcher ainsi d’écouter les paroles du Saint-Père sur les questions d’injustice, de violence et de leurs causes.
Les Africains ne sauraient user de violence pour combattre cet impérialisme et tyrannie de la pensée unique. Toutefois, nous leur demandons un peu de retenue et de circonspection, de respect et de tolérance, et surtout d’honnêteté intellectuelle dans l’expression de leurs idées qui ne servent pas la dignité humaine et pourraient engendrer des souffrances intolérables et des compartements d’hostilité voire de haine entre les peuples.

[Texte original: français]

– Rév. P. Damian WEBER, C.M.M., Supérieur Général des Missionnaires de Mariannhill (UNION SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX)

En tant que membre d’un institut de vie consacrée, un individu accepte d’être consacré à Jésus Christ et de prendre Sa mission et Sa vision, ce qui est très bien exprimé dans Lc 4, 18-21. Et si nous ajoutons Jn 20, 21 où Jésus dit: « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie », nous pouvons dire qu’un consacré poursuit la mission de Notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ.
En Afrique aujourd’hui, ceci peut signifier aller comme guérisseur dans les plaies du monde et ne pas détourner les yeux ou fuir dans le confort de la consommation et du pouvoir.
Dans ce contexte, les conseils évangéliques peuvent être une manière de vivre qui signifie une solidarité volontaire avec les victimes de l’injustice et de la suppression, une identification avec ceux qui souffrent matériellement et socialement; mais également une solidarité à l’égard des personnes discriminées et exploitées sexuellement et avec ceux qui, du fait de l’esclavage volontaire social et politique, ne sont pas autorisés à choisir leur propre destin.
Nous savons que le besoin premier de tout individu est d’apprendre et d’expérimenter que je suis respecté et accepté par Dieu pour ce que je suis. Mais vu que Dieu ne parle pas à chacun de nous directement, c’est quelque chose que la personne doit entendre d’autres et je considère cela comme un rôle crucial de la vie communautaire.
Il faut faire l’expérience de la réconciliation avant que nous la prêchions et avant que nous la portions dans le monde et aux personnes qui semblent en avoir besoin autour de nous.
La vie des communautés de vie consacrée comme celle de l’Église doit faciliter cette réconciliation avec Dieu et entre nous; elle doit faire l’expérience d’abord chez elle de l’offre de guérison de Dieu et de la justice de l’inconditionnel engagement de Dieu en faveur de chaque personne. Alors l’Église et ces communautés seront des témoins vivants et des instruments fructueux pour Jésus Christ et pour la réconciliation, la justice et la paix qui, en dernier ressort, sont des dons de son Esprit.

[Texte original: anglais]
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ZENIT Staff

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