ROME, Jeudi 8 octobre 2009 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous les synthèses des discours des pères du synode sur l’Afrique, intervenus lors de la septième Congrégation générale, jeudi 8 octobre, dans l’après-midi. Il s’agit de :
– Card. André VINGT-TROIS, Archevêque de Paris, Président de la Conférence Épiscopale (FRANCE)
– Card. Anthony Olubunmi OKOGIE, Archevêque de Lagos (NIGÉRIA)
– Mgr Orlando B. QUEVEDO, O.M.I., Archevêque de Cotabato, Secrétaire Général de la « Fédération des Conférences Épiscopales d’Asie » (F.A.B.C.) (PHILIPPINES)
– Mgr Matthew Kwasi GYAMFI, Évêque de Sunyani (GHANA)
– Mgr Francisco CHIMOIO, O.F.M. Cap., Archevêque de Maputo (MOZAMBIQUE)
– Mgr Edward HIIBORO KUSSALA, Évêque de Tombura-Yambio (SOUDAN)
– Mgr John Anthony RAWSTHORNE, Évêque de Hallam, Président de la « Agence Catholique pour le Développement d’Outre-mer » (C.A.F.O.D.), de la Conférence Épiscopale d’Angleterre et du Pays de Galles (ANGLETERRE)
– Mgr Jude Thaddaeus RUWA’ICHI, O.F.M. Cap., Évêque de Dodoma, Président de la Conférence Épiscopale (TANZANIE)
– Mgr Francesco COCCOPALMERIO, Archevêque titulaire de Celiana, Président du Conseil Pontifical pour les Textes Législatifs (CITÉ DU VATICAN)
– Mgr Edward Gabriel RISI, O.M.I., Évêque de Keimoes-Upington (AFRIQUE DU SUD)
Nous reprenons ci-dessous, les résumés des interventions, publiés par la secrétairerie générale du Synode (traductions de travail, non officielles).
– Card. André VINGT-TROIS, Archevêque de Paris, Président de la Conférence Épiscopale (FRANCE)
Les relations entre nos Églises s’inscrivent dans une histoire plus que séculaire. Mais nos relations ont beaucoup évolué depuis la première évangélisation. Nos Églises européennes ont pu se réjouir de voir les Églises africaines subsahariennes atteindre leur maturité avec leur hiérarchie propre, leur clergé, leurs communautés religieuses, leurs laïcs si fortement impliqués dans la vie des paroisses et dans l’annonce de l’Évangile sur la terre d’Afrique.
Depuis quelques années, nos relations se développent dans un véritable échange de dons. Sans doute beaucoup de diocèses ou de paroisses de France sont engagés dans une aide concrète à diverses Églises d’Afrique. Mais aujourd’hui beaucoup de nos diocèses reçoivent une aide importante des diocèses africains.
Cette aide se présente principalement sous deux formes. La première est le nombre des catholiques africains émigrés en France. D’autre part, les prêtres africains tiennent une place de plus en plus importante dans le dispositif pastoral français. En plus des prêtres étudiants (plus de 250 prêtres) qui sont nombreux dans les villes universitaires, nous comptons de plus en plus de prêtres africains au titre de « Fidei Donum « . Ils sont actuellement plus de 600, alors que les prêtres français » Fidei Donum » en service en Afrique ne sont pas plus de 70.
L’appel à des prêtres africains et leur accueil supposent une préparation et une attention très particulières. Je voudrais souligner particulièrement un point très important. Il faut que les relations entre les deux évêques (l’évêque d’Afrique et l’évêque de France) soient les plus claires possibles. Chaque fois que l’on néglige ces conditions préalables, c’est au détriment de la mission et au détriment du prêtre.
Les difficultés que nous rencontrons ne doivent pas nous masquer la richesse des relations entre nos Églises et nous empêcher de rendre grâce pour l’échange des dons que nous vivons.
– Card. Anthony Olubunmi OKOGIE, Archevêque de Lagos (NIGÉRIA)
L’Afrique, connue un temps comme « le continent noir », est aujourd’hui considérée sous une lumière différente par ses colonisateurs, même si, dans la plupart des régions, l’Afrique fait encore l’expérience de la pauvreté, le pauvre devenant plus pauvre et le riche plus riche. La vie de famille se désagrège à travers le divorce, l’infidélité et les idéologies occidentales qui sont incompatibles avec notre culture. Les ressources naturelles nécessaires au développement de notre société ont été pillées par nos néocolonialistes. En fait, il semble que seuls les malhonnêtes progressent dans notre société. Actuellement, notre moral est au plus bas et beaucoup de personnes, y compris quelques responsables de l’Église, oublient la prudence: « à quoi cela sert-il de tenter d’être bons? » Les mots du prophète Malachie « tout n’est pas perdu, ayez confiance en Dieu seul » sont les plus appropriées à ceux qui sont aujourd’hui à notre place. Nous semblons avoir oublié que, comme des enfants, nous sommes plus chers à Dieu que des enfants à leurs parents. Nous semblons avoir oublié ces paroles de Jésus: « sans moi vous ne pouvez faire ». Revêtons donc les armes de la prière et attendons patiemment, en Dieu, que la vraie justice prévale sachant que Son amour pour nous dépasse toute ce que nous pouvons imaginer.
Les africains sont généralement connus comme étant très religieux. L’idée de Dieu et de déité est innée en nous. C’est pourquoi il n’est pas surprenant que deux des religions les plus répandues au monde, le Christianisme et l’Islam, aient trouvé un accueil chaleureux sur le continent. Il est cependant regrettable de constater que souvent ces religions ont été mal utilisées et ont été à la source de conflits mortels en Afrique. Malgré cela, la plupart des parents peuvent difficilement exercer leurs responsabilités vis-à-vis de leurs familles sans une vie de prière au sein de la famille qui soit organisée, consciente, cohérente et sérieuse, ou qui soit simplement vécue dans la joie et dans le chagrin, sans devoir s’adresser à Dieu dans les difficultés. Ils savent et croient fermement que seul Dieu peut changer, bénir et renforcer la famille.
En vous remerciant de vos différentes suggestions concernant le besoin de prière, je tiens à ajouter ma voix afin d’insister encore plus fortement sur l’importance et la centralité de la prière dans notre situation apparemment sombre. Quelque soit la gravité apparente de la situation, quelque soient les solutions que nous pourrions proposer, si elles ne sont pas bénies par Dieu, quel succès durable pourront-elles avoir? N’oublions donc pas d’encourager nos fidèles (à profiter) du grand don que Dieu nous a fait en sachant très bien que nous pourrons réussir seulement avec Lui. Il est la Vigne et nous sommes les sarments. Avec Lui donc nous pouvons réussir.
– Mgr Orlando B. QUEVEDO, O.M.I., Archevêque de Cotabato, Secrétaire Général de la « Fédération des Conférences Épiscopales d’Asie » (F.A.B.C.) (PHILIPPINES)
Comme en Asie, ainsi en Afrique, de nombreuses questions de réconciliation, de justice et de paix ont une dimension globale comme le commerce des armes, le trafic de femmes et d’enfants, la destruction de l’environnement, la corruption, le soutien aux régimes dictatoriaux, le contrôle de la population, les migrations, la pauvreté et le sous-développement, la globalisation, le réchauffement global et les changements climatiques. Cela est spécialement le cas du fait que les décisions qui ont des conséquences sur les peuples du Sud sont prises par le Nord.
Les problèmes ayant des caractéristiques globales demandent une réponse à dimension globale. Nous disposons d’une telle réponse avec une dimension de foi très distinctive.
Nous avons une vision de foi de la personne humaine, de toute l’humanité et de l’ensemble de la création. L’homme a une origine divine et un destin éternel. L’ensemble de l’humanité se trouve en pèlerinage vers le Royaume de Dieu. La Création gémit en attenda
nt la parousie. Nous croyons que notre Seigneur et Sauveur est celui qui réconcilie en dernière analyse, notre Justice et notre Paix. Nous croyons en l’Église famille de Dieu et communion qui a pour vocation de proclamer Jésus comme Seigneur et Sauveur et d’annoncer que le Royaume de Dieu est entré dans notre histoire en la personne de Jésus. Nous sommes également profondément conscients du fait que l’Église a une structure de Conférences épiscopales sur chaque continent du monde. C’est cette vision globale et cette structure globale que nous devons porter à soutenir les problèmes urgents qui nous font face.
Par conséquent, je propose respectueusement qu’un organisme du Vatican convoque une réunion d’évêques du Nord et du Sud en 2010. Avec l’aide d’experts et des organismes d’aide à l’Église, cet organisme pourrait planifier et alimenter un projet de communion et de solidarité parmi les Évêques, dans une logique Sud-Sud et Nord-Sud, de manière à répondre du point de vue de la foi religieuse et de la moralité aux problèmes urgents de la réconciliation, de la justice et de la paix. La force motrice tout comme le fruit d’une telle « communio-in-actione » serait « caritas in veritate ».
Notre lutte est contre le péché. Nos efforts pourront porter des fruits durables seulement si la prière fait partie de notre lutte. Puisse Marie, Consolatrice des affligés et Reine de la Paix, intercéder pour nous.
– Mgr Matthew Kwasi GYAMFI, Évêque de Sunyani (GHANA)
Dans certaines parties de l’Afrique, en raison de la culture et de la tradition de la population existant avant l’introduction de l’Église, un grand nombre de femmes africaines se retrouvent unies dans des mariages polygames, pour lesquels elles n’ont aucune faute. Pour cette raison, il est refusé à beaucoup de femmes, qui fréquentent l’Église, les Sacrements d’Initiation, de Réconciliation et du Mariage. Les tentatives entreprises par ces femmes pour se libérer de ces mariages polygames, dont elles sont pour la plupart la première femme avec des enfants, ont entraîné d’indescriptibles épreuves économiques et une tension sociale. Dans les cas où les femmes ont retrouvé leur liberté sans le consentement de leur mari et de la famille élargie, l’église a été citée pour injustice, insécurité, pour avoir brisé les familles, avoir fomenté la désunion et détruit la cohésion sociale. Dans certains cas, lorsque les maris étaient lésés par l’action des femmes retrouvant leur liberté pour recevoir les sacrements d’initiation, les femmes et leurs enfants se sont vus refuser tout soutien et compensation ce qui a généré de sérieuses épreuves économiques et une forte insécurité. De telles situations ont découragé beaucoup de femmes vivant de similaires expériences à divorcer de leur mari polygame, afin de recevoir les sacrements d’initiation. Il en résulte que, dans certaines parties de l’Afrique, un grand nombre de femmes, qui fréquentent régulièrement l’Église et participent activement à toutes ses activités, se voient refuser les Sacrement d’Initiation, de Réconciliation et du Mariage, sans parler des nombreux refus d’un enterrement chrétien parce que n’ayant pas reçu le baptême.
L’Église sent le besoin d’aborder cette situation douloureuse et pénible en Afrique en donnant des privilèges spéciaux aux femmes, celles qui avaient été la première femme avec enfants de la famille, étant victimes de mariages polygames et n’en ayant aucune faute, leur permettant de recevoir le Sacrement d’Initiation ainsi que les autres sacrements. La réception des Sacrements par ces femmes éprouvées leur permettra de participer dans la paix et la réconciliation offertes par la compassion et la paix de Notre Seigneur Jésus Christ qui est venu pour appeler à Lui les pécheurs et non pas les vertueux.
– Mgr Francisco CHIMOIO, O.F.M. Cap., Archevêque de Maputo (MOZAMBIQUE)
Dans sa mission prophétique, l’Église doit poursuivre dans la pratique et dans l’exhortation d’actions qui consolident et confèrent dignité à la paix en Afrique, en faisant appel aux politiciens et au peuple afin qu’ils privilégient des actions concrètes telles que:
Des forces de sécurité dont la direction soit en mesure d’agir indépendamment des partis politiques, surtout durant les élections, les manifestations publiques, etc.
Des institutions judiciaires qui cessent d’arrêter sans aucune discrimination les soi-disant organisateurs des manifestations de l’opposition, en laissant impunis et en toute liberté les auteurs des embuscades contre les organisateurs de ces manifestations pacifiques.
Des dispositifs d’État qui cessent de favoriser la carrière publique des fonctionnaires en fonction de leurs sympathies politiques à l’égard du parti au gouvernement.
Une lutte efficace contre tout type de corruption, de discrimination et d’oppression, surtout dans le secteur public.
Le chemin de la construction de la paix, don de Dieu, est le chemin de la rédemption par l’offre pleine d’amour et de paix d’un nouveau style de vie.
La paix que Dieu nous a apportée est à la disposition de tous ceux qui mettent en pratique la loi de la justice et de l’amour établie par Dieu pour l’harmonie de la création.
Il faut que l’Église invite, de toute urgence, l’Afrique à avoir une conscience purifiée afin de travailler avec honnêteté au bien commun. Il faut aussi que l’Église soit la voix de ceux qui n’ont pas de voix et qu’elle dénonce courageusement tous les plans de ceux qui mettent les hommes en esclavage. Il faut que nous nous efforcions de créer la paix intérieure et extérieure, et de la maintenir, car elle est le fruit d’une conquête et d’un auto-contrôle.
– Mgr Edward HIIBORO KUSSALA, Évêque de Tombura-Yambio (SOUDAN)
On se trouve face à un échec évident dans la construction de la confiance et le traitement de sujets importants entre le Nord et le Sud avant le référendum qui pourrait se traduire par des violences après le référendum.
– Niveau général de violence dans le Sud (spécialement entre les tribus).
– Atrocités de l’Armée de libération du Seigneur (LRA) dans le diocèse de Tombura-Yambo, 240.000 personnes déplacées, 31 réfugiés provenant de République Démocratique du Congo et de République centrafricaine, crises humanitaires etc. Qui arrêtera Kony, c’est une question régionale et internationale qui a besoin d’une telle résolution.
– Départ de la communauté internationale après la conclusion de l’Accord de paix Nord-Sud (CPA) ait été conclu.
– Unité/division continue de la leadership de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLM) et construction d’un après-guerre fragile au Sud-Soudan avec des ministres qui ont un passé militaire, ce qui représente un réel dilemme.
– Offre de services fournis par les Ong contre le gouvernement du Sud-Soudan (GOSS) (les Ong ne fournissent plus une grande partie des services sanitaires). Cela seul peut provoquer des actes de violence.
– Réforme du fonds fiduciaire de bailleurs multilatéraux (MDTF), stratégies d’assistance en général et réticence à aider.
– Incapacité du Nord à rendre intéressante l’unité du pays, la loi islamique étant toujours en vigueur dans le Nord.
– Ampleur du conflit au Darfour qui est entravé par la politique au niveau national et international.
– Accumulation d’armes des deux côtés; manque constant de transparence sur le pétrole.
– Accumulation de réclamations de la part du Sud; reprise de contact entre le nord et des groupes dissidents dans le Sud.
– Résolution floue ou inadaptée concernant les frontières.
– Baisse des prix du pétrole dont le Sud dépend pour ses revenus. Comme l’histoire nous l’enseigne, les ressources naturelles n’ont jamais développé les pays.
La récente inculpation devant la Cour pénale internationale du Président Omar Bachir, qui a ultérieurement légitimé
l’hostilité et a provoqué un certain degré d’incertitude quand à l’application de l’Accord de Paix Nord-Sud (CPA), peut conduire à une reprise des hostilités ouvertes ou une déclaration d’indépendance unilatérale avant le référendum.
Recommandations ou suggestions:
a) L’espoir que ce Synode puisse s’intéresser à notre quête pour le salut de l’Afrique représente notre perception de l’avenir et cherche à aller de manière créative en direction d’une renaissance culturelle, économique, politique et spirituelle qui serve de base à la nouvelle société dans nos pays.
b) Nous avons besoin de cercles de réflexion pour l’Afrique à différents niveaux, tant régional que national.
c) Nous avons besoin de l’action de groupes de pression et de soutien pour éviter les pires scénarios au Soudan. De bons exemples sont fournis par l’Association des Conférences épiscopales de l’Afrique de l’Est (AMECEA), par le Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), par la Conférence épiscopale d’Afrique du Sud et la Conférence européenne y compris le Saint-Siège.
Enfin, c’est le courage d’affronter notre histoire complète, le regard honnête sur notre existence, sur notre histoire et sur notre réalité avec ses hauts et ses bas, ses moments tristes et heureux qui nous apportera la justice et la paix. Nous avons besoin tant du Zachée que du Bon Samaritain de la Bible.
– Mgr John Anthony RAWSTHORNE, Évêque de Hallam, Président de la « Agence Catholique pour le Développement d’Outre-mer » (C.A.F.O.D.), de la Conférence Épiscopale d’Angleterre et du Pays de Galles (ANGLETERRE)
Avec le soutien des agences internationales catholiques, l’Église en Afrique affronte le Sida depuis bien avant le premier Synode sur l’Afrique. Aujourd’hui, la préoccupation semble diminuer même si le problème demeure aigu pour de nombreux africains. La solidarité catholique devrait continuer à soutenir l’engagement à long terme de l’Église en Afrique afin de faire croître la conscience, d’accompagner le séropositif et le malade, de former la jeunesse et de faire face à cet important défi.
– Mgr Jude Thaddaeus RUWA’ICHI, O.F.M. Cap., Évêque de Dodoma, Président de la Conférence Épiscopale (TANZANIE)
L’Église en Afrique (qu’on la considère comme famille, communauté chrétienne simple, paroisse ou diocèse) a le devoir de répondre aux défis suivants de l’Instrumentum Laboris. En vue de sa vision prophétique, je demande que ce Synode rassemble l’Église en Afrique dans le but de répondre aux défis suivants:
– Soutenir et mettre sans cesse en place des catéchèses plus profondes. Cela permettra à la foi reçue de devenir une expérience personnelle et une réalité profondément vécue capable de transformer, de guider et de donner un solide ancrage aux décisions et aux actions. Cela demande un enseignement soutenu des valeurs de l’Évangile qui soient destinées à marquer la vie des individus, des familles, des communautés chrétiennes simples et de la société dans son ensemble, permettant à chacun d’accueillir le don et l’appel du Christ à ses disciples à être sel de la terre et lumière du monde.
– Investir dans de solides formations de conscience. Cela induira les individus et les communautés à être clairs et constants et démontrer ainsi le courage et l’intégrité à entrevoir et prendre les bonnes décisions, quelles que soient les situations auxquelles ils sont confrontés dans leur appel prophétique, exigeant d’eux une position claire et sans équivoque, sans craindre le prix qu’ils pourraient avoir à payer.
– Aider et encourager la fidélité individuelle pour posséder le courage et l’intégrité nécessaires à la poursuite de l’appel à la conversion personnel et communautaire, aidant ainsi les fidèles à offrir un témoignage chrétien convaincu et cohérent. Cela exige qu’ils soient pénétrés de la Parole de Dieu, des Sacrements (notamment la Réconciliation et l’Eucharistie) et de la doctrine sociale de l’Église, dont la diffusion requiert une prise en main plus assidue afin qu’ils guident et informent la pensée, l’action et l’échelle des valeurs adoptées par les fidèles.
– Encourager, aider et soutenir les initiatives en faveur du pouvoir, de la protection et de la valorisation des femmes, des enfants et de tous ceux dont la dignité est menacée sous quelque forme que ce soit. Parmi les initiatives encouragées, il vaut la peine de souligner le besoin d’une plus grande résolution dans l’institution et le soutien des comités pour la justice, la paix et la protection de la Création en tant qu’outils privilégiés de plaidoyer et de formation.
– Mgr Francesco COCCOPALMERIO, Archevêque titulaire de Celiana, Président du Conseil Pontifical pour les Textes Législatifs (CITÉ DU VATICAN)
J’ai choisi un thème directement lié au service que j’assure dans la Curie Romaine: l’activité législative des Conférences épiscopales sur le continent africain.
Comme vous le savez, le Code de droit canon de 1983 tend à se présenter comme une loi cadre, dans le sens qu’il établit certaines règles de vie ecclésiale plutôt générales et laisse aux Églises particulières les déterminations concrètes adaptées aux différents lieux et aux différentes cultures.
Le choix opéré par le Code est très sage: d’un côté, en effet, les choses essentielles doivent être égales pour toutes les Églises particulières, alors que, de l’autre, ce qui est essentiel n’est pas et ne doit pas être imposé à tous, afin qu’ainsi toutes les traditions et cultures soient valorisées.
Le choix du Code nous présente cependant deux postulats: celui de l’unité et celui de la diversification.
Le postulat de l’unité. Nous sommes tous bien conscients que le droit canon est l’expression de l’unité de l’Église comme société. L’Église n’est pas une multinationale, où les dirigeants cherchent des solutions selon les intérêts du moment, mais est une communauté formée en société de Jésus Christ, qui au cours des siècles a forgé sa propre expérience de foi en principes doctrinaux et en règles de conduite qui expriment son unité.
Le postulat de la diversification. Il est clair que de nouvelles situations appellent de nouvelles solutions. Dans notre cas, la caractéristique des Églises qui se trouvent en Afrique demandent des solutions normatives adaptées à de telles situations. Nous ne devons pas imposer aux Églises en Afrique ce qui n’est pas essentiel. Nous devons respecter et valoriser leurs cultures juridiques et leurs traditions normatives.
Un des moyens pour valoriser de telles particularités est celui de la législation canonique, à laquelle les différentes Églises, ou, mieux, les différentes Conférences épiscopales sont appelées à travailler.
À quel point sommes-nous de ce travail?
Des statistiques récentes nous font savoir que 20 Conférences épiscopales sur 34 doivent encore promulguer les décrets de mise en œuvre selon les indications du Code de droit canonique.
Je profite de l’occasion de ce Synode pour présenter aux Conférences épiscopales l’importance du service de la législation canonique.
Chers confrères, Évêques africains, engagez-vous à mettre en œuvre les deux postulats de l’unité et de la diversité: pleinement fidèles à la loi universelle, vous mettrez ainsi en relief, même avec les normes particulières que vous aurez sagement promulguées, les particularités de votre Église.
Vous apporterez ainsi une contribution de qualité à la communion ecclésiale et, plus particulièrement, une reconnaissance des richesse traditionnelles et culturelles qui font des Églises en Afrique des cellules débordantes de vie pour le Corps de l’Église universelle.
– Mgr Edward Gabriel RISI, O.M.I., Évêque de Keimoes-Upington (AFRIQUE DU SUD)
La proclamation
de l’Évangile et la quête de l’approfondissement de sa signification et de sa pratique en Afrique font face aux mêmes défis que la culture. L’Église se trouve par conséquent dans une position privilégiée parce que, dans sa quête visant à promouvoir les valeurs de l’Évangile, elle partage la lutte des peuples africains en vue de la préservation et de la promotion des valeurs bien-aimées de leur héritage culturel. Créer des opportunités de dialogue offre à l’Église des occasions pour comprendre ceux qui font l’expérience de l’aliénation dans une Afrique toujours plus sécularisée et globalisée, marquée par la mémoire brutale de la colonisation et de l’oppression. Un engagement en faveur d’un dialogue ouvert et honnête est vital pour accélérer l’influence de l’Évangile, comme celle de la culture, et faire en sorte qu’il ne soit pas perdu au milieu des voix émergentes en Afrique. En particulier, un engagement renouvelé au sein du SCEAM peut constituer un instrument important pour le dialogue sur notre continent.