Synode : Synthèse des interventions du 6 octobre (après-midi)

Quatrième Congrégation générale

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ROME, Mercredi 7 octobre 2009 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous les synthèses des discours des pères du synode sur l’Afrique, intervenus lors de la quatrième Congrégation générale, mardi 6 octobre dans l’après-midi. Il s’agit de:

– S. Exc. Mgr François Xavier MAROY RUSENGO, Archevêque de Bukavu (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)

– S. Ém. le Card. Walter KASPER, Président du Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens (CITÉ DU VATICAN)
– S. Exc. Mgr François EID, O.M.M., Évêque du Caire des Maronites (ÉGYPTE)
– S. Exc. Mgr Simon NTAMWANA, Archevêque de Gitega, Président de l’Association des Conférences Épiscopales de l’Afrique Centrale (A.C.E.A.C.) (BURUNDI)
– S. Exc. Mgr Martin MUNYANYI, Évêque de Gweru (ZIMBABWE)
– S. Exc. Mgr Daniel MIZONZO, Évêque de Nkayi (RÉPUBLIQUE DU CONGO)
– S. Exc. Mgr Claude RAULT, M. Afr., Évêque de Laghouat (ALGÉRIE)
– S. Exc. Mgr Antoine NTALOU, Archevêque de Garoua (CAMEROUN)
– S. Exc. Mgr Michael WÜSTENBERG, Évêque d’Aliwal (AFRIQUE DU SUD)
– S. Exc. Mgr g1040 Armando Umberto GIANNI, O.F.M. Cap., Évêque de Bouar, Président de la Conférence Épiscopale (RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE)
– S. Exc. Mgr Giovanni Innocenzo MARTINELLI, O.F.M., Évêque titulaire de Tabuda, Vicaire Aostolique de Tripoli (LIBYE)
– S. Exc. Mgr Lucius Iwejuru UGORJI, Évêque d’Umuahia (NIGÉRIA)
– Rév. Guillermo Luis BASAÑES, S.D.B., Conseiller Général pour la région Afrique-Madagascar de la Société Salésienne (ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE)
– S. Exc. Mgr Berhaneyesus Demerew SOURAPHIEL, C.M., Archevêque Métropolite d’Addis Abeba, Président de la Conférence Épiscopale, Président du Conseil de l’Église Éthiopienne (ÉTHIOPIE)
– S. Exc. Mgr Ildefonso OBAMA OBONO, Archevêque de Malabo, Président de la Conférence Épiscopale (GUINÉE ÉQUATORIALE)
– S. Exc. Mgr Emílio SUMBELELO, Évêque d’Uíje (ANGOLA)
– S. Exc. Mgr José NAMBI, Évêque de Kwito-Bié (ANGOLA)

Nous reprenons ci-dessous, les résumés des interventions, publiés par la secrétairerie générale du Synode (traductions de travail, non officielles).

– S. Exc. Mgr François Xavier MAROY RUSENGO, Archevêque de Bukavu (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)

Partant des dégâts causés par les guerres et les violences dans l’Est de notre pays, la RD Congo, et plus spécialement dans notre archidiocèse de. Bukavu, nous estimons que la réconciliation ne pourrait plus se limiter uniquement à l ‘harmonisation des relations interpersonnelles. Elle doit inéluctablement prendre en considération les causes profondes de la crise des relations qui·se situent au niveau des intérêts et des ressources naturelles du pays à exploiter et à gérer dans la transparence et l’équité au profit de tous. Car les causes des violences dans l’Est de la RD Congo sont essentiellement les ressources naturelles.
A cet effet, nous rappelons le travail que la commission « Justice et Paix » est en train d’abbattre dans l’archidiocèse de Bukavu pour que la réconciliation advienne par la reconstruction communautaire.
L’objectif est d’aider les gens à se réconcilier entre eux et avec leur histoire et à s’engager à bâtir ensemble un avenir nouveau.
Une attention toute particulière est consacrée aux jeunes. Pour eux, nous proposons des activités récréatives et culturelles susceptibles de favoriser la réconciliation à leur niveau, grâce à l’implication de tous et de chacun d’eux dans la reconstruction de leurs milieux de vie.
Cette approche est à appréhendée comme une réponse aux traumatismes communautaires souvent oubliés afin de rendre les gens responsables et acteurs d’un changement positif. Elle nécessite le renforcement de l’ éducation à la base et l’ organisation des populations en vue d’une meilleure prise en charge communautaire. Elle requiert également une mise en place des espaces et des cadres d’échange et de dialogue pour une participation effective de la population à la gestion des richesses qui doivent concourir désormais à la reconstruction, au développement, à la réconciliation et à une cohabitation pacifique.
Pendant que nous prenons la parole durant ces assises, les agents pastoraux dans notre archidiocèse sont inquiétés par les ennemis de la paix. Une des paroisses de notre archidiocèse a été incendiée le vendredi 2 octobre 2009, les prêtres ont été molestés, d’autres pris en otage par des hommes en uniforme qui ont exigé une importante rançon que nous avons été forcé de payer pour épargner la vie de nos prêtres qu’ils menaçaient de massacrer. Par ces gestes, c’est l’Église, restée l’unique soutien pour un peuple terrorisé, humilié, exploité, dominé que l’on voudrait réduire au silence. Seigneur que ta volonté soit faite, que ton règne de paix arrive (cf. Mt 10,6).

[Texte original: français]

– S. Ém. le Card. Walter KASPER, Président du Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens (CITÉ DU VATICAN)

Dans le même temps où l’Église d’Afrique connaissait, grâce à Dieu, une croissance rapide, la fragmentation des chrétiens augmentait malheureusement d’autant. Bien que cette situation ne soit pas propre à l’Afrique, il est trop facile d’affirmer que ces divisions s’enracinent historiquement dans l’héritage de la chrétienté divisée que l’Afrique reçut; il se crée en effet aujourd’hui de nombreuses et nouvelles divisions en Afrique elle-même: que l’on pense aux communautés charismatiques et pentecôtistes récentes, aux soi-disant Églises indépendantes et aux sectes. Leur diffusion dans le monde s’étend, et leur vitalité sur le continent africain se perçoit dans l’augmentation du nombre des Églises indépendantes africaines, réunies désormais dans une institution officielle, l’OAIC, basée à Nairobi. Un certain niveau de dialogue est actuellement atteint à travers le Forum chrétien mondial, qui s’est récemment réuni à Nairobi.
À d’autres niveaux, un dialogue sérieux avec ces groupes est difficile – voire impossible dans de nombreux cas – du fait de leur comportement agressif et, c’est le moins qu’on puisse dire, de leur faible niveau théologique. Nous devons affronter ce défi urgent dans une attitude d’auto-critique. Car il ne suffit pas de dire ce qui ne va pas avec eux: nous devons nous demander d’abord ce qui ne va pas ou ce qui manque dans notre propre travail pastoral. Pourquoi tant de chrétiens quittent-ils notre Église? Qu’est-ce qui leur manque chez nous qu’ils trouvent ailleurs? Le CPPUC a tenté de fournir de l’aide par le biais de deux symposiums destinés aux évêques et aux théologiens; le premier s’est tenu à Nairobi, le second à Dakar. Nous sommes également prêts à apporter notre aide dans l’avenir. Dans ce cadre, je voudrais mentionner seulement deux points importants: la formation catéchistique œcuménique et la mise en place de petites communautés chrétiennes dans nos paroisses.
Permettez-moi maintenant d’énumérer certains de nos très nombreux défis et missions:
1. Nous contemplons désormais 50 années de dialogue œcuménique. Un progrès œcuménique important a été atteint depuis le Concile Vatican II, mais le chemin vers la communion ecclésiale complète sera probablement long et ardu à cause des difficultés restantes dans nos débats théologiques. Il convient de procéder désormais pas après pas de manière appropriée afin de s’engager avec nos partenaires œcuméniques dans un processus de réception des fruits du dialogue. L’engagement de l’Église au niveau universel doit être traduit et reçu dans les Églises locales. Cela doit se faire dans les catéchèses et dans les formations théologiques, aux niveaux diocésain et paroissial.
2. Alors que l’Église catholique en Afrique a toujours entretenu un dialogue avec les tradit
ions protestantes – qu’elles soient historiques ou contemporaines, mais également récentes comme c’est principalement le cas de nos jours -, la progression rapide de l’orthodoxie sur le continent oblige l’Église catholique en Afrique à engager un dialogue et des relations positives avec nos frères et sœurs orthodoxes.
3. L’Église catholique en Afrique doit donner un nouvel élan aux relations œcuméniques avec les mouvements évangéliques, charismatiques et pentecôtistes sur le continent africain à cause notamment de l’importance de leurs expressions indigènes et leurs affinités avec les cultures traditionnelles africaines dans le monde entier. Un tel engagement œcuménique appelle à une fidélité aux principes de l’Église sur l’œcuménisme d’une part (UR, 2-4) et à une compréhension spécifique des expressions culturelles africaines d’autre part. Dialogue et poursuite de l’unité doivent donc prendre au sérieux le contexte des racines culturelles africaines. En effet, les racines de plusieurs arbres d’essences différentes proches les uns des autres vont s’entrelacer, même si elles demeurent distinctes dans leur lutte pour accéder aux mêmes sources de vie que sont le sol et l’eau. Cet entrelacs est emblématique du rapprochement œcuménique, lié à toute la question de l’inculturation et de l’importance du contexte.
4. Notre recherche de l’unité dans la vérité et dans l’amour ne doit jamais perdre de vue la compréhension de l’unité de l’Église et du don de l’Esprit Saint par Dieu, qui va bien au-delà de nos efforts. Par conséquent l’œcuménisme spirituel, notamment la prière, est au cœur de notre engagement œcuménique (UR, 8). Pourtant l’œcuménisme ne portera pas de fruits durables s’il ne s’accompagne pas de gestes tangibles de conversion, qui éveillent les consciences et encouragent la guérison des mémoires et des relations. Comme l’affirme le Décret sur l’œcuménisme: « Il n’y a pas de véritable œcuménisme sans conversion intérieure » (UR, 7). Une telle metanoia (UR, 5-8; UUS, 15f; 83f) rapprocherait Dieu du centre de nos vies, de telle manière que nous nous rapprochions aussi les uns des autres.
Le thème du Synode lance ainsi à l’Église en Afrique le défi d’élargir sa vision œcuménique et d’offrir la poursuite de l’unité des peuples d’Afrique comme un trésor authentique de l’Évangile. L’Église catholique en Afrique est encouragée à continuer à construire des ponts d’amitié et, à travers l’œcuménisme spirituel de la prière et le discernement de la volonté de Dieu qui s’ensuit, à s’engager dans le « ministère de la réconciliation » (2 Co 5, 18) qui nous a été confié par Jésus Christ. Tels sont les fondements de notre engagement œcuménique. Le renouveau de la vie intérieure de nos cœurs et de nos esprits est le point crucial de tout dialogue et de toute réconciliation, faisant de l’œcuménisme un engagement mutuel de compréhension, de respect et d’amour, afin que le monde puisse croire.

[Texte original: anglais]

– S. Exc. Mgr François EID, O.M.M., Évêque du Caire des Maronites (ÉGYPTE)

Je fais cette intervention en mon nom personnel et je me référerais aux numéros 102,126 et 128 qui parlent des relations avec les Religions, tout en insistant sur la nécessité de passer du dialogue entre les Cultures à la Culture du Dialogue, par la formation des futurs prêtres en Afrique.
Un penseur asiatique (Wesley Ari raja) disait: « nous avons besoin, non seulement de la connaissance de l’autre, mais plutôt de l’autre pour mieux nous connaître ».Ceci dit, nous pouvons constater que la question du Dialogue se pose comme une problématique culturelle et spirituelle par excellence, vue qu’elle est liée, bien plus à notre compréhension de nous-même, plutôt qu’a notre prise de position à l’égard de l’autre.
L’histoire nous enseigne que la source du Dynamisme qui renouvelle les Identités Culturelles réside dans son ouverture universaliste la plus vaste qui l‘entraîne à embrasser les diversités et créer une continuelle osmose enrichissante; par contre, l’isolement culturel mène à la perte de l’identité.
Le baromètre de la bonne santé culturelle d’un peuple ou d’une communauté réside dans la Centralité de l’Autre dans son cheminement communautaire. Ceci explique la centralité de l’Amour du Prochain dans le Christianisme qui fait de l’Église une Diaconie au service de l’homme.
Dans ce sens, une des Lettres des Patriarches Catholiques de l’Orient affirmait que « la présence des autres dans notre vie représente la voix de Dieu et notre relation avec eux est une composante essentielle de notre identité spirituelle », pour cela, il faut aller au-delà de la Convivialité à une communion fraternelle mais responsable.
Je tire quelques conclusions:
1. À mon avis, la formation des futurs prêtres africains à la seule appartenance à Notre Seigneur Jésus, Maître et Modèle, représente la seule alternative pour former de ces prêtres, des instruments de paix et de réconciliation. Ainsi, leur mission ne serait plus considérée comme lieu de concurrence d’intérêts personnels, familiaux ou tribaux, mais, bien au contraire, lieu de rencontre entre frères aimés par le Seigneur et appelés à construire ensemble, dans la Charité, son Royaume de Paix et de Justice.
2. À ce point, je vois l’urgence d’une Formation Sacerdotale adéquate qui met sur la tête de ses priorités le passage du Dialogue entre les Cultures à la Culture du Dialogue. Cette mission fera des futurs prêtres africains les Messagers de l’Évangile de la paix, pour une Nouvelle Afrique, où la Solidarité Spirituelle et Humaine pousse, tous et chacun, à porter les difficultés, les souffrances, les espoirs et les défis de cet Autre qui est notre frère devant Dieu. Ainsi, nous passons:
– De la marginalisation à l’accueil,
– Du refus à l‘acceptation,
– Et de la rivalité à la fraternité.
La Culture du Dialogue fait écho à ce que disait saint Augustin: « ET IN OMNIA CARITAS ».

[Texte original: français]

– S. Exc. Mgr Simon NTAMWANA, Archevêque de Gitega, Président de l’Association des Conférences Épiscopales de l’Afrique Centrale (A.C.E.A.C.) (BURUNDI)

Plusieurs catégories et groupes, dans notre sous-région, pâtissent sous le poids de divers maux qui viennent d’être évoqués. Des familles sont disloquées, déstabilisées, appauvries. Certaines n’ont ni maisons propres où habiter, ni terres à cultiver pour survivre, ni moyens d’éduquer les enfants, ni de quoi pourvoir aux soins de santé, etc. A ces carences s’ajoutent des phénomènes tels que les viols des femmes, l’enrôlement des enfants embrigadés dans des groupes armées, etc.
Si la responsabilité de cette situation se trouve partagée par toutes les composantes de la société, certaines d’entre elles sont plus responsables que d’autres. Nous pensons notamment à la classe politique dirigeante. En effet, on déplore entre autres les faits que des hommes politiques utilisent les fractures ethniques pour gagner le pouvoir et pour s’y maintenir. Certains d’entre eux considèrent leur fonction uniquement comme source d’enrichissement personnel, ou bien celui de leurs familles et amis, faisant ainsi triompher le clientélisme et tribalisme, sur les authentiques valeurs, et compromettant ainsi gravement la paix sociale.
Dans cette évolution, l’Église a joué un rôle, par ses messages et exhortations, mais aussi par son témoignage de fraternité par delà les frontières et les barrières générées par les conflits armés et les guerres. Certains de nos frères dans l’Épiscopat, ont dû même dirigé des Conférences Nationales Souveraines, pour assurer la médiation entre différentes composantes de leurs pays. Par ailleurs, nos commissions  » Justice et paix « , se sont impliquées, dans certains pays, dans la préparation des élections en donnant une éducation civique et électorale. Les Commissions Caritas-Développement ont, dans ces situations de guerre, secouru des milliers des personnes
vulnérables.
Cependant il n’y a pas que la pauvreté spirituelle à guérir, il y a également l’appauvrissement généralisé et la paupérisation éhontée de nos peuples, pour lesquels il faut trouver des remèdes appropriés. En effet, c’est parce que les populations sont pauvres ou appauvries, qu’elles sont devenues vulnérables. Des gens nantis les manipulent à loisir ; et certains pêcheurs en eaux troubles utilisent par exemple les fractures ethniques, pour diviser les gens, afin de continuer à s’enrichir dans une situation conflictuelle, où les gens ne peuvent revendiquer leurs droits.

[Texte original: français]

– S. Exc. Mgr Martin MUNYANYI, Évêque de Gweru (ZIMBABWE)

L’Église du Zimbabwe apprécie énormément le fait que l’Instrumentum laboris s’occupe de problèmes très inquiétants dans notre pays, tels que la pauvreté, la violence, le manque de reconnaissance des femmes, des enfants et des groupes minoritaires, tout comme des problèmes d’injustice au sein de l’Église, tels que les conditions de travail des employés travaillant au sein de l’Église.
Le Zimbabwe a enduré des expériences socio-politiques inhumaines – qui remontent aussi bien à la période pré-coloniale et coloniale, qu’à l’époque post-coloniale – dont on doit s’occuper avec urgence. Ce serait une erreur, parce que nous sommes en quête d’une réconciliation permanente, que de simplement demander aux gens d’oublier le passé.
Il faut une réconciliation aussi bien au niveau national qu’au niveau de l’Église, car nous voyons que la tension couve au sein de certaines de nos paroisses en raison de différences ethniques et linguistiques.
En Afrique, lorsque nous parlons de justice, nous nous référons certainement aux parties concernées, y compris à leurs familles. Les communautés ont besoin de s’asseoir ensemble et de discuter de leurs problèmes sous un « arbre à palabres ». Et il faudrait réussir à établir une justice qui punisse et répare les torts subis avant la mort de chaque partie. Les problèmes de justice au sein de l’Église sont évidents et consistent à ne pas payer assez nos employés, à ne pas leur verser de salaire juste, et dans le mauvais emploi des ressources de l’Église par les prêtres au détriment des communautés. Les pratiques de certaines Églises tendent à avoir des préjugés sur les enfants de sexe féminin. Par exemple, les filles sont punies quand les garçons ne le sont pas.
En tant qu’Église locale, nous avons mis en place des structures telles que la Commission Justice et Paix afin d’aborder les aspects historiques négatifs de notre expérience.
Toute cette entreprise devrait avoir un début, à savoir la famille, selon ce qu’a justement déclaré le Pape Benoît XVI: « La famille est la première et irremplaçable éducatrice à la paix (…) parce qu’elle permet de faire des expériences déterminantes de paix ».
Les paroles du Pape Jean-Paul II devraient être également prises au sérieux lorsqu’il dit « Il n’y a pas de paix sans justice, il n’y a pas de justice sans pardon ». Il s’agit là du royaume de la justice préconisé dans l’Instrumentum laboris qui résume le message de réconciliation, de justice et de paix de l’Évangile.

[Texte original: anglais]

– S. Exc. Mgr Daniel MIZONZO, Évêque de Nkayi (RÉPUBLIQUE DU CONGO)

L’objectif de ce Synode, nous semble-t-il, est l’engagement de tous les Acteurs et Institutions pour l’installation d’une paix véritable, réelle et durable en Afrique, autrement dit l’avènement du Règne de Dieu sur ce continent. Pour atteindre cet objectif, notre besogne essentielle consiste à la recherche onto-théologique de la Vérité.
En effet, dans presque tous nos pays, en Afrique, particulièrement ceux qui ont connu ou connaissent encore des guerres, nous avons eu des cérémonies et des gestes de réconciliation nationale, des procès des génocidaires au nom de la justice, des gestes symboliques de la paix, et autres initiatives. Mais malgré ces efforts, la paix véritable, réelle et durable, quoi qu’à l’ordre du jour, n’est pas encore au rendez-vous en Afrique. Pourquoi ? Parce qu’il a manqué la vérité.
« Quid est Veritas? » (Jn 18, 38). L’interrogation de Pilate reste d’actualité en Afrique. Les réponses de Jésus sont éclairantes : « Je suis la voie, la vérité et la vie » (Jn 14, 6) : « Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jn 18, 37b). Au Royaume de Dieu, « Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent. La vérité germera de la terre et du ciel se penchera la justice » (Ps 84 (85), 11.12).
La paix est de Jésus: « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix, non pas à la manière du monde que je vous la donne » (Jn 14, 27a).
C’est encore saint Paul qui souligne que « Christ est notre paix » (Ep 2, 14) parce qu’il est ontologiquement Vérité.
Nous encourageons l’Institution des Tribunaux Internationaux (TPI), des Commissions de vérité et réconciliation pour la paix, qui a fait du bien en Afrique du Sud: car seule « la vérité nous rendra libres » (Jn 8, 32b) et nous procurera la paix véritable, réelle et durable. « Africa semper novi ».

[Texte original: français]

– S. Exc. Mgr Claude RAULT, M. Afr., Évêque de Laghouat (ALGÉRIE)

Notre Église du Nord de l’Afrique se trouve à une position de « carrefour » géographique et humain qui nous situe à la croisée de l’Europe, du Proche Orient et de l’Afrique subsaharienne. La population est composée d’Arabes et de Berbères, mais aussi, nous l’oublions souvent, d’une frange de populations noires dans le Sud de cette vaste région. La religion dominante et quasi exclusive est l’Islam, lui-même traversé par de multiples courants. C’est dans cet univers géographique, humain et religieux que, chrétiens et chrétiennes, nous vivons notre vocation à la Rencontre et au Dialogue.
– Tout d’abord, il faut dire combien il nous est difficile de nous situer et de nous ancrer au coeur de l’Église d’Afrique. Pourtant, le nom même de l’Afrique a pris son origine au Maghreb, venant de l' »Ifriqiya », pays de saint Augustin.
Nous faisons partie de l’Église d’Afrique et notre désir profond est de consolider notre ancrage au sein de cette Église.
– L’héritage colonial pèse encore sur nos épaules. L’Église du Maghreb en est encore marquée. Nous y ajoutons une relation historique difficile entre le monde arabe et le monde africain, due en partie à l’esclavage qui n’a pas été hélas le seul fait des Occidentaux.
– Mais notre situation est une grâce à saisir. Nous sommes une Église de plus en plus multiculturelle, grâce à la présence marquée de religieux, de religieuses et de prêtres et de laïcs, des étudiants et des migrants venus de l’au-delà du Sahara, ou d’autres continents.
Ces facteurs donnent de l’Église une image plus universelle. Mais cela pose un sérieux défi à notre Église du Maghreb : celui de son unité et de sa communion. La participation à notre vie ecclésiale de chrétiens et de chrétiennes de toute condition venus d’Europe, d’Amérique, d’Asie, du Continent Africain, du Proche Orient, mais aussi issus de l’Afrique du Nord, tout cela est une nouveauté qui exige de nous une ouverture à l’Universel. C’est avec toutes nos différences et nos complémentarités conjuguées, que, malgré notre petitesse, hommes et femmes, nous construisons l’Église du Christ, une Église de la Pentecôte.

[Texte original: français]

– S. Exc. Mgr Antoine NTALOU, Archevêque de Garoua (CAMEROUN)

Au Cameroun, comme dans plusieurs autres pays d’Afrique, on note que bien des citoyens en situation de responsabilité, se reconnaissent enfants de la Mère-Église; on les rencontre pratiquement dans tous les secteurs de la vie, aussi bien dans le domaine de la santé que dans celui de l’éducation, de la politique, des affaires économiques, de la culture, de la vie associative etc.; il n’est d’ailleurs pas rare que ces personnes soient fières de ce qu’elles ont reçu de l’Église dans leu
r enfance ou leur jeunesse. Mais souvent, nous faisons aussi l’amère expérience de l’écart non négligeable qui existe entre l’organisation de la vie sociale et les exigences du message évangélique.
Nous nous trouvons là face à un problème très sérieux dont il faut déterminer la cause principale, pour chercher quel remède y apporter. Je crois, pour ma part, que l’âge de nos Églises d’Afrique aidant, certains manques dans l’organisation de la pastorale à l’intérieur de la plupart de nos diocèses expliquent, sans l’excuser, la situation que j’évoque. Il s’agit de l’insuffisance de formation doctrinale des chrétiens qui assument aujourd’hui des responsabilités au sein des structures de nos pays. Chez la majorité d’entre eux, le seul bagage doctrinal est celui qu’ils ont reçu au moment de la préparation aux sacrements d’initiation, et encore! Il ne faut donc pas s’étonner que souvent, dans le dialogue social, ils n’aient pas grand-chose à offrir, là où, par contre, plusieurs groupes d’intérêt ou de pression sont puissamment armés pour le combat idéologique; nos fidèles n’ont que leur bonne volonté à apporter.
Il est donc plus qu’urgent d’assurer une formation chrétienne solide aux fils et filles de notre Église qui s’engagent dans la politique, l’économie, et les autres secteurs-clefs de la vie de nos pays africains. Le programme de cette formation fera une large place à la doctrine sociale de l’Église, à la Bible, à la théologie, à la morale, à l’histoire de l’Église entre autres disciplines. L’on visera surtout à former la conscience de nos élites. Dieu merci, d’heureuses initiatives ont déjà vu le jour ici ou là sur le continent (écoles de théologie), et un laïcat conscient de ses responsabilités dans un monde à transformer de l’intérieur commence à se constituer. À l’heure actuelle, ces expériences sont encore très limitées, pour que l’impact du ferment de l’Évangile soit bien perceptible dans les réflexes et les habitudes des individus et des groupes. Mais on est dans la bonne direction.

[Texte original: français]

– S. Exc. Mgr Michael WÜSTENBERG, Évêque d’Aliwal (AFRIQUE DU SUD)

Le laïcat et la hiérarchie sont souvent en désaccord l’un avec l’autre. La réconciliation est nécessaire à l’intérieur de l’Église. Un plan pastoral conduit au développement d’une meilleure communauté. Cette réconciliation au sein de l’Église a influencé l’engagement du laïcat à l’évangélisation pour réconcilier un monde brisé. L’unité et la coopération de la Conférence des Évêques soutient le laïcat dans la création d’un réseau. Certaines petites communautés chrétiennes – enracinées dans la foi – tentent d’établir un réseau dans le domaine social afin de transformer la société au niveau local. Cet engagement a lieu également à travers différentes institutions. Vu le manque considérable d’une profonde catéchèse, cet engagement dans « toutes les couches de l’humanité » nécessite une formation approfondie. Des institutions travaillant à différents niveaux qui assistent les agents pastoraux et les laïcs au travers de formations complètes. Désormais, il faudrait faire plus afin de créer des réseaux forts et efficaces. La mise en réseau des évêques et du laïcat au sein des Forums pastoraux peut être encore plus développée tant au niveau régional que continental. Le ministère de réconciliation du laïcat a besoin d’être reconnu dans des célébrations qui rassurent, confirment et même préparent à cette mission. L’expérience sacramentelle fournit une formation divine. La célébration souvent peu fréquente du sacrifice de réconciliation à l’intérieur de l’Eucharistie empêche l’expérience régulière de la relation intime avec le Christ et l’un avec l’autre. Ce déséquilibre dans la vie sacramentelle de l’Église a besoin d’être réconcilié pour le bien de la spiritualité globale de la réconciliation.

[Texte original: anglais]

– S. Exc. Mgr Armando Umberto GIANNI, O.F.M. Cap., Évêque de Bouar, Président de la Conférence Épiscopale (RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE)

Nous avons cherché à approfondir la crise qui nous a fait souffrir physiquement et moralement. Nous nous sommes réunis afin de donner à chacun la possibilité d’exprimer sa pensée.
En tous, se trouve le désir d’en sortir, de retrouver le chemin du dialogue, de la conversion.
Il nous revient la mission délicate d’aider les prêtres qui ont de graves problèmes à retrouver le chemin de la vérité. Nous attendons du Synode une parole claire et convaincante sur ce thème.
Ensuite, le défi le plus important: comment aider les prêtres à former de vraies familles sacerdotales. On ressent le besoin de disposer d’un directoire sur la vie sacerdotale.
Si la crise nous a fait souffrir, elle nous aidera à croître de manière plus harmonieuse. Nous avons besoin d’intensifier notre union profonde avec le Christ.
Notre pays depuis plus de quinze ans est à la recherche d’une paix sociale, d’un équilibre qui apporte plus de sécurité et de stabilité, nécessaires afin d’attirer des investissements, de faire repartir l’activité économique, de développer les services sociaux: école, santé, dialogue social.
Malheureusement, l’impunité continue à couvrir des crimes et des injustices variées. Les conflits d’intérêt qui affligent le Darfour, se répercutent également dans notre pays.
L’Église est demeurée présente partout dans le pays. Même dans les zones dites rouges, c’est-à-dire non-sûres, elle a continué à être active dans les écoles, dans le domaine de la santé et à être proche des personnes déplacées et handicapées.
Je tiens à faire remarquer la disponibilité donnée par le personnel des missions dans ce contexte d’insécurité afin d’assurer le service de médiation entre forces gouvernementales et rebelles, parfois même avec les bandits.
Grâce à ces accords, ce personnel a pu faire parvenir partout de la nourriture, des médicaments et assurer des rencontres de dialogue entre les parties en cause, rencontres qui ont contribué à réduire les tensions.
Il me semble que l’Église a vocation à être là, dans ces lieux humbles et cachés, pour aider à éteindre dès le départ ces conflits internes. Sa voix est écoutée et recherchée parce qu’elle est crédible.

[Texte original: italien]

– S. Exc. Mgr Giovanni Innocenzo MARTINELLI, O.F.M., Évêque titulaire de Tabuda, Vicaire Aostolique de Tripoli (LIBYE)

Nous savons que dans le continent africain il y a plus de 10 million des déplacés, des migrants qui cherche une patrie, une terre de paix.
Le phénomène de cet Exodus révèle un visage d’injustice et de crise socio-politique dans l’Afrique. Nous vivons en Libye toute la tragédie de ce phénomène…venir en Libye pour être rejeter d’Europe….
Il y a des milliers d’immigrés qui entrent en Libye chaque année, venant des Pays de l’Afrique subsaharienne. La plupart d’entre eux se sauvent de la guerre et de la pauvreté de leur propre pays et viennent en Libye où ils cherchent un travail pour aider leurs familles ou bien le moyen de passer en Europe dans l’espoir d’y trouver une vie meilleure et plus sûre. Beaucoup parmi eux se sont laissés prendre au piège par des promesses d’un travail bien payé et se trouvent contraints à des travaux mal payés et dangereux, ou bien ils n’en trouvent pas du tout. Beaucoup de femmes qu’on a fait venir dans le pays sont contraintes à la prostitution et à l’esclavage. Tous les immigrés illégaux risquent la prison, la déportation ou pire, et n’ont accès à aucune assistance légale, ni aux services de santé.
Il y a en Libye différents centres de recrutement de tous les clandestins, mais tous ceux qui viennent au Centre de Service Social de l’Église sont originaires d’Erythrée et du Nigeria, ou sont Éthiopiens, Soudanais et Congolais…
L’immigration est pour beaucoup une tragédie surtout parce qu’ils sont objets des trafics, de l’exploitation (femm
es en particulier) et du mépris des droits des hommes. Mais nous remercions le Seigneur pour leur témoignage chrétien. C’est une communauté qui souffre, qui cherche, une communauté précaire, mais pleine de joie dans l’expression de la foi! Et qui, dans un contexte social et religieux de type musulman rend crédible l’Église… et le dialogue de la vie avec beaucoup de musulmans vivant. Ils sont notre Église de Libye pèlerine et étrangère, lumière de Jésus et sel pour les gens qui nous entourent.
Je demande à leur pasteur de ne pas les oublier dans cet Exodus forcé !

[Texte original: français]

– S. Exc. Mgr Lucius Iwejuru UGORJI, Évêque d’Umuahia (NIGÉRIA)

Des sociétés multinationales exploitent les ressources naturelles en Afrique d’une manière sans précédent dans l’histoire. Ils épuisent les ressources accumulées au cours d’une longue période, sans se soucier du fait que les générations futures seront ainsi privées de tout moyen de subsistance. Cette exploitation imprudente de l’environnement a un impact négatif sur les Africains et menace leurs perspectives de pouvoir vivre en paix.
La dégradation de l’environnement en Afrique est liée à ce problème. Des pays sont détruits par la déforestation, les marées noires, les décharges de produits toxiques, de récipients en plastique ou en cellophane. L’érosion d’origine humaine balaie les terres arables, dévaste les routes et ensable les sources d’eau. Ces facteurs appauvrissent ultérieurement les communautés africaines et augmentent les tensions et les conflits.
Les dons de la Création proviennent d’un Père aimant. Chaque génération en a besoin pour sa subsistance. Ils doivent être gardés (Gn 2, 15) et utilisés avec modération. Les défis écologiques actuels sont le résultat des péchés de l’homme: l’égoïsme, l’avidité, le manque de sensibilité envers les dégâts environnementaux et le manque de soin envers la terre.
L’Église en Afrique doit susciter une « conversion écologique » à travers une éducation intensive. Elle doit éduquer les personnes en Afrique à être plus sensibles aux catastrophes croissantes causées par les dégâts environnementaux et à la nécessité de les minimiser. Tous doivent être rendus toujours plus conscients du fait que les générations futures ont le droit de vivre dans un environnement intact et sain et de jouir de ses ressources.

[Texte original: anglais]

– Rév. Guillermo Luis BASAÑES, S.D.B., Conseiller Général pour la région Afrique-Madagascar de la Société Salésienne (ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE)

À la lumière du thème de ce Synode, je crois que la contribution la plus précieuse et la plus urgente de la vie consacrée est aujourd’hui celle de la prophétie de la communion: le fait d’être aujourd’hui dans l’Église et pour les peuples d’Afrique « signum fraternatis ».
Là où, en Afrique, certaines populations sont tentées de déclarer leur impossibilité à coexister, à vivre ensemble, à partager la même terre, nous, les religieux et les religieuses, sommes appelés à vivre la charité parfaite en communauté et annonçons non seulement à tous les peuples et ethnies d’Afrique qu’il est possible de vivre ensemble dans la diversité ou qu’il est possible de se tolérer, mais aussi que vivre et travailler ensemble est fécond, utile et même beau.
Je propose donc qu’au lieu de parler de « personnes consacrées » en tant qu’acteurs de réconciliation, de justice et de paix, on souligne plutôt les « communautés de vie consacrée ».
À ce propos je ressens le besoin urgent pour nos Pères synodaux en Afrique de pouvoir continuer d’aider la vie consacrée pour qu’elle soit fidèle à sa vocation de profonde communion et de réconciliation:
– en assurant la promotion dans les Églises de la connaissance de la nature de la vie consacrée et plus particulièrement de sa prophétie de communion;
– en encourageant à mettre au centre de la formation à la vie consacrée en Afrique la formation à la vie communautaire interculturelle, internationale, interethnique;
– en évitant que la demande de services pastoraux, chaque fois plus élargis, plus urgents et plus diversifiés, ne mine le témoignage communautaire de la vie consacrée avec le risque que le sel perde de sa saveur;
– en encourageant les différents Instituts religieux nés en Afrique à s’ouvrir au plus vite à la mission « ad gentes » pour montrer avec clarté qu’aucun charisme n’est lié de manière exclusive à une ethnie ou à une nation (cf. VC 78).

[Texte original: italien]

– S. Exc. Mgr Berhaneyesus Demerew SOURAPHIEL, C.M., Archevêque Métropolite d’Addis Abeba, Président de la Conférence Épiscopale, Président du Conseil de l’Église Éthiopienne (ÉTHIOPIE)

J’espère que ce Synode sur l’Afrique étudiera les racines des causes du trafic des êtres humains, des personnes déplacées à l’intérieur des frontières, des travailleurs domestiques maltraités (comme c’est surtout le cas des femmes au Moyen-Orient), des réfugiés et des migrants, notamment les migrants qui quittent l’Afrique par bateau et les demandeurs d’asile, et arrivera à des positions et des propositions concrètes afin de montrer au monde que les vies africaines sont sacrées et non pas bon marché, telles qu’elles sont présentées et vues sur de nombreuses chaînes de télévision.
Comme on le sait, le quartier général de l’Union africaine (Ua) siège à Addis Abeba, là où l’organisation a été fondée. L’Ua représente la tribune de la direction politique en Afrique. Il est utile de savoir qu’au moins 50% de ses membres sont des membres de l’Église catholique. Voilà pourquoi le Nonce apostolique en Éthiopie a été invité à participer en tant qu’observateur aux assemblées de l’Ua à chaque fois qu’elles ont lieu à Addis Abeba. J’espère que le Saint-Siège désignera un représentant permanent auprès de l’Ua qui puisse participer à toutes les réunions, quelle qu’en soit la date, et qui puisse établir un contact personnel avec les membres catholiques de cette importante institution.Ce représentant spécial devrait de préférence avoir des compétences diplomatiques comparables à celles d’un nonce apostolique. Il serait nommé membre de plein droit et devrait être disponible pour remplir sa mission de manière à pouvoir assister aux réunions et rencontrer les personnalités qui ont une importance clé dans les processus de décision.
Ce représentant à l’Ua devrait également être représentant du Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), au moins en tant qu’observateur, afin que l’Église catholique en Afrique ait une voix à l’Ua et soit un encouragement pour les fidèles laïcs catholiques qui y travaillent.
De notre côté, en tant qu’Église d’Éthiopie, nous nous engageons à faire au mieux pour accueillir ces représentants du Saint-Siège ou du SCEAM et, dans le cas où ils voudraient résider à Adis Ababa, à faciliter leur travail et à collaborer à leur mission. Je suis sûr que l’Union africaine serait prête à accueillir ces représentants et que les membres laïcs catholiques de cette institution se sentiraient particulièrement soutenus par l’Église catholique dans leur mission.

[Texte original: anglais]

– S. Exc. Mgr Ildefonso OBAMA OBONO, Archevêque de Malabo, Président de la Conférence Épiscopale (GUINÉE ÉQUATORIALE)

Survolant le chapitre IV de l’Instrumentum laboris, je me réfère aux acteurs et aux institutions appelés à porter témoignage de la foi au Christ dans tous les milieux et secteurs de la société en tenant compte du contexte local.
Par le passé – comme référence historique – les chrétiens connurent des difficultés dans le cadre de la persécution religieuse, désormais dépassée, d’origine marxiste et communiste. De nos jours, les chrétiens vivent l’inquiétude du matérialisme qui affecte les valeurs du royaume de Dieu. C’est pourquoi le message visant à « combattre la pauvreté, constr
uire la paix » est très actuel pour la dignité de tous et pour le bien commun.
Pour ce qui est des institutions, nous nous engageons à promouvoir la foi par la Parole de Dieu et à diffuser la célébration et l’adoration de l’Eucharistie, lien de charité. Nous savons que le contenu de la Nouvelle Évangélisation est Jésus Christ, l’Envoyé du Père. Par Lui, nous faisons confiance à la force de la foi et de la Parole de Dieu en elle-même pour purifier les cœurs.
Dans cette perspective, la réconciliation, la justice et la paix se fondent sur l’amour, le pardon et la miséricorde de Dieu dans le Christ. C’est pourquoi, l’enseignement de la « Caritas in veritate » a une incidence dans la réalité pastorale; elle affirme: « La charité est la voie maîtresse de la doctrine sociale de l’Église » (n. 2). Avec sa diffusion et son application.
Conclusions: 1. – la culture de la solidarité représente une urgence de notre époque face à ceux qui proposent la devise: « diviser pour régner » dans les hostilités et les rivalités tribales et favorisent la violence, le terrorisme et les guerres: la culture de la mort. « La paix naît d’un cœur nouveau ». Nous croyons en l’espérance. Le Dieu de la paix nous donnera la paix que les hommes ne peuvent donner. 2. – Notre mission est d’instaurer la civilisation de l’amour. Une proposition valide pour la présence de l’Église dans la société est la conversion à l’amour fort et sincère sur le modèle de l’amour de Dieu dans le Christ mort et ressuscité pour la coexistence fraternelle, l’humanisation et le salut intégral.
Pour le reste, l’Afrique représente la réserve spirituelle du monde et la nouvelle patrie du Christ.

[Texte original: espagnol]

– S. Exc. Mgr Emílio SUMBELELO, Évêque d’Uíje (ANGOLA)

Dans notre contexte angolais, la justice doit cheminer de concert avec le pardon. Sans pardon, il ne peut y avoir de réconciliation et, par conséquent, de paix, attendu que le développement de tout peuple ou de toute nation est indéfiniment retardé en l’absence de mécanismes de pardon.
Au cours des trente dernières années, une grande partie des pays africains – et l’Angola ne fait pas exception – a subi des changements profonds. Les agitations innombrables et énormes de la population, liées à la guerre ont transformé la société africaine. Actuellement, plus de la moitié de la population vit en zone urbaine. Une des premières conséquences concerne son identité ethnique et tribale: des peuples d’origine et de substrats sociaux différents vivent désormais ensemble dans le même milieu urbain, ce qui donne lieu à une fusion culturelle. Seconde conséquence: les conflits inter-ethniques causés par les conditions de malaise économique et de grande inégalité sociale.
Le véritable pardon doit comprendre la recherche de la vérité. Reconnaître le méfait et si possible le réparer fait partie de cette vérité. En effet, le pardon n’élimine ni ne diminue le besoin de réparation qui est le propre de la justice, mais qui exige de réintégrer les personnes et les groupes au sein de la société. Progrès concrets: 1) promouvoir à travers la CJP, Pro Pace, des recherches adéquates sur les prévarications des groupes ethniques ou les injustices, afin de rechercher la vérité comme premier pas vers la réconciliation. 2) Parier sur la « reconstruction humaine » qui passe par la modification du comportement de la personnalité mal construite et/ou qui a souffert de secousses dans ses structures et/ou dans les structures de sa société. La « reconstruction humaine » est donc une œuvre que l’on attend de la part de l’Église afin que « l’individu détruit » redevienne une personne, qu’elle s’accepte et apprenne à créer de nouvelles impulsions qui se transforment en capacité d’accepter les autres.

[Texte original: portugais]

– S. Exc. Mgr José NAMBI, Évêque de Kwito-Bié (ANGOLA)

La culture démocratique progresse même si elle le fait de manière timide. En Angola, les élections n’ont pas encore lieu avec la régularité souhaitable. Certains hommes politiques souhaitent un véritable changement de la situation, mais d’autres résistent, se montrent insensibles et se préoccupent seulement de leurs propres intérêts. Le vent de la démocratie se fait sentir plus dans la capitale que dans d’autres régions du pays et avec peu de moyens de communication sociale. On constate le manque d’une véritable éducation civique des citoyens, ce qui favorise les manipulations. Tout ceci, uni à l’analphabétisme en milieu rural, rend la situation très précaire. La conscience critique des personnes est faible. Certains considèrent comme vrai tout ce qui est dit par les moyens de communication sociale. C’est pourquoi, on estime nécessaire de promouvoir l’éducation civique des citoyens et de renforcer leur conscience critique. Cela signifie également promouvoir la défense de la liberté d’expression et d’opinion comme apanage de la démocratie et espace de développement. Les laïcs qui militent dans les différentes institutions civiles, dans les partis politiques et au Parlement sont appelés à rendre un véritable témoignage à la réconciliation, à la justice et à la paix. C’est pourquoi nous considérons comme fondamental le fait de continuer à parier sur leur formation à tous les niveaux.
Le continent africain est considéré comme un continent riche, mais ses peuples continuent d’être pauvres. On est en train de faire quelque chose de positif pour réduire la pauvreté. En Angola, on peut remarquer un grand effort visant à sortir de la pauvreté. Dans ce but, ont été conçus des projets petits et grands. Malgré tout, la différence entre les riches et les pauvres continue d’être énorme. La concentration des richesses entre les mains de quelques personnes est impressionnante et ceci génère et peut toujours générer des conflits. La population des zones rurales est attirée par la vie des villes et ceci a différentes conséquences sociales. Sans compter également le problème des terres occupées aux dépens des petits agriculteurs, ce qui a causé des conflits.

[Texte original: portugais]
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ZENIT Staff

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