ROME, Lundi 5 octobre 2009 (ZENIT.org) – Le rapporteur du synode dénonce les attaques dont la famille est l’objet en Afrique : « Cet assaut mené contre le mariage et la famille est promu et soutenu par des groupes qui produisent rapidement un lexique destiné à remplacer les concepts traditionnels et les termes relatifs au mariage et à la famille par des concepts nouveaux », a explique l’archevêque de Cape Coast, le cardinal Turkson.
Le cardinal Turkson a rappelé que la première assemblée spéciale pour l’Afrique du synode des évêques s’est achevée le 7 mai 1994 et s’était tenue sur le thème : « L’Église en Afrique et sa mission évangélisatrice vers l’an 2000 : ‘Vous serez mes témoins’ (Ac 1, 8) », Celle-ci a fait l’objet de l’exhortation apostolique post-synodale « Ecclesia in Africa », que le pape Jean-Paul II a présentée dans plusieurs pays d’Afrique en 1995.
Le passage de la première assemblée spéciale pour l’Afrique à la seconde assemblée spéciale pour l’Afrique a fait l’objet de la première partie de l’exposé du cardinal ghanéen.
Il a constaté une nouvelle impulsion à la pastorale du continent dans deux directions : espérance renouvelée et priorités pastorales.
L’Eglise en Afrique a fait l’expérience d’une nouvelle « espérance dans le Christ ressuscité, comme nouvel élan pour vivre son ‘programm’ et sa mission évangélisatrice ».
Un « nouveau paradigme » a été mis en lumière : « L’Église en tant que Famille de Dieu, permettant de donner une perspective et un système de valeur pour vivre son ‘programme’ et en particulier de sous-entendre l’unité et la communion entre tous malgré les différences ».
Des « priorités pastorales » ont été établies : « L’évangélisation comme Proclamation, l’évangélisation comme Inculturation, l’évangélisation comme Dialogue, l’évangélisation comme Justice et Paix et l’évangélisation comme Communication, pour guider la réalisation de son ‘programme’ et de sa mission dans une Afrique caractérisée par un mélange de misères humaines déplorables et par de rapides héroïsmes provenant tant de l’intérieur que de l’extérieur de l’Église «
« Quinze ans après la première assemblée spéciale, nous devons être fortement ancrés dans le premier synode, mais également conscients et impatients d’explorer, ce qui est plus important, les ‘nouvelles données ecclésiales et sociales du continent’, données qui affectent désormais la mission de l’Église sur place et requièrent que l’Église africaine, tout en se reconnaissant comme ‘témoin du Christ’ et ‘famille de Dieu’, se reconnaisse également comme ‘sel de la terre, lumière du monde’ et ‘servante de la réconciliation, de la justice et de la paix’ », a fait observer le cardinal Trukson.
Il a aussi souligné les « nouvelles données ecclésiales et sociales pour le continent », notamment les encycliques de Benoît XVI ainsi que ses homélies et ses discours au cours de son récent voyage apostolique en Afrique (Cameroun et Angola) qui constituent « des catéchèses d’une inestimable valeur pour l’Église en Afrique », et les séminaires organisés à Rome.
Il a cité également « la croissance exceptionnelle de l’Église en Afrique », le rôle du synode africain et le « symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM) ».
Du point de vue social, le cardinal Turkson a renvoyé aux « lieux critiques de la vie des sociétés africaines », mentionnés dans l’Instrument de travail des pères du synode (l’Instrumentum laboris).
Il a signalé les « nouveaux défis pour l’Église », et notamment pour la famille en Afrique : « Si l’importance croissante donnée à la place et au rôle des femmes dans la société constitue une heureuse évolution, l’avènement au niveau mondial de styles de vie, de valeurs, d’attitudes et d’associations, etc. qui déstabilisent la société, est inquiétant. Ceci attaque les piliers fondamentaux de la société (le mariage et la famille), diminue son capital humain (migrations, diffusion des drogues et commerce des armes) et met en danger la vie sur la planète ».
Et d’expliquer : « Le mariage et la famille ont été soumis à des pressions étranges et terribles afin de redéfinir leur natures et leurs fonctions au sein de la société moderne. Les mariages traditionnels, qui fondent des familles, sont mis en danger par une proposition croissante d’unions et de relations alternatives, dépourvues du concept d’engagement définitif, à caractère non hétérosexuel et n’ayant pas vocation à la procréation ».
Il a fait observer que ces positions « disposent d’ores et déjà de partisans à l’intérieur de l’Église dans certaines parties du continent ».
« Cet assaut mené contre le mariage et la famille est promu et soutenu par des groupes qui produisent rapidement un lexique destiné à remplacer les concepts traditionnels et les termes relatifs au mariage et à la famille par des concepts nouveaux », a expliqué l’archevêque de Cape Coast.
Il a dévoilé que « l’objectif est d’établir une nouvelle éthique globale à propos du mariage, de la famille, de la sexualité humaine et des thèmes liés à l’avortement, à la contraception, aux aspects de l’ingénierie génétique, etc ».
Mais l’archevêque a aussi mentionné le trafic de drogues et le trafic d’armes en faisant observer que « le trafic d’armes à petite et grande échelle est étroitement lié au trafic de drogues et à l’aventurisme politique ».
Il a également abordé la question de l’environnement et des changements climatiques : « Les nappes de pollution qui recouvrent de temps en temps la plus grande partie de l’Afrique de l’est, et la diminution des précipitations, la sécheresse et la famine sont généralement considérées comme un effet d’El Niño, mais elles montrent combien les conditions climatiques du continent sont généralement dures et combien les équilibres écologiques précaires dans certaines régions d’Afrique peuvent être affectés par les ‘changements climatiques’ observés sur la planète ».
Pourtant l’exposé du cardinal Turkson s’est voulu positif en soulignant que « le continent et l’Église sur le continent africain ne sont pas encore sortis de leurs peines », mais qu’ils « peuvent déjà se réjouir pudiquement de leurs réalisations et des performances positives, et commencer à démentir les généralisations stéréotypées concernant les conflits, la famine, la corruption et le mauvais gouvernement ».
« L’Afrique a été chargée pendant trop longtemps par les médias de tout ce qui était répugnant pour le genre humain et il est temps de ‘passer à la vitesse supérieure’ et de dire la vérité sur l’Afrique avec amour, en favorisant le développement du continent, ce qui portera au bien-être du monde entier » a déclaré le cardinal Turkson
« Les pays du G8 et les pays du monde entier doivent aimer l’Afrique en vérité! », a-t-il ajouté.
La deuxième partie de l’intervention du cardinal Turkson a concerné « l’appartenance à la ‘Famille de Dieu (évangélisateurs)’ » et le « devenir ‘Serviteurs’ (ministres-diakonoi) de réconciliation, de Justice et de Paix ».
La troisième partie a concerné le témoignage à rendre au Christ, pour être, « sel de la terre et lumière du monde ».
Le cardinal Turkson a conclu : « Dans ce synode, la terre et le monde, pour lesquels les catholiques sur le continent et ses îles doivent être le ‘sel’ et la ‘lumière’, en tant que serviteurs de la réconciliation, de la justice et de la paix, sont l’Afrique d’aujourd’hui, comme cela a été décrit dans l’Instrumentum laboris et esquissé ci-dessus. C’est là que Jésu
s Christ, après s’être révélé à travers les Écritures en tant que notre réconciliation, notre justice et notre paix, appelle maintenant ses disciples en Afrique et ses îles, et les charge de se déployer comme sel et lumière, afin de bâtir l’Église en Afrique comme une véritable famille de Dieu, à travers les ministères de la réconciliation, de la justice et de la paix, exercés dans l’amour, tout comme leur maître ».
Anita S. Bourdin