ROME, Dimanche 4 octobre 2009 (ZENIT.org) – « Puisse l’Église en Afrique être toujours une famille de disciples authentiques du Christ, où les différences entre les ethnies deviennent le motif et le stimulant d’un enrichissement humain et spirituel réciproque » : c’est le vœu exprimé par Benoît XVI en ce dimanche où il a ouvert solennellement le synode des évêques pour l’Afrique en la basilique Saint-Pierre lors d’une célébration eucharistique animée par un chœur congolais, en différentes langues africaines, notamment le swahili et le lingala.
Etre prophétie et ferment de réconciliation
Le synode rassemble à Rome, du 4 au 25 octobre, aux côtés des évêques africains (un par pays d’Afrique au moins) 47 évêques d’autres continents, sur le thème : « L’Église en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix ».
Benoît XVI a souligné l’importance de l’engagement de l’Eglise pour le bien commun de la société africaine : « Par son action d’évangélisation et de promotion humaine, l’Église peut certainement apporter en Afrique une grande contribution à toute la société, qui connaît malheureusement dans plusieurs pays la pauvreté, les injustices, les violences et les guerres. La vocation de l’Église, communauté de personnes réconciliées avec Dieu et entre elles, est d’être prophétie et ferment de réconciliation entre les différents groupes ethniques, linguistiques et aussi religieux, à l’intérieur de chaque nation et sur tout le continent ».
« La réconciliation, don de Dieu que les hommes doivent implorer et accueillir, est un fondement stable sur lequel construire la paix, condition indispensable pour le progrès authentique des hommes et de la société, selon le projet de justice voulu par Dieu », a déclaré Benoît XVI.
Et, pour le pape, en cela l’Afrique peut être un exemple pour le monde : « Ouverte à la grâce rédemptrice du Seigneur ressuscité, l’Afrique sera ainsi toujours plus éclairée par sa lumière et, en se laissant guider par l’Esprit Saint, elle deviendra une bénédiction pour l’Église universelle, apportant sa contribution qualifiée à l’édification d’un monde plus juste et fraternel ».
La défense des plus petits
Benoît XVI a évoqué les lectures bibliques de ce dimanche qui « parlent du mariage », mais « plus radicalement » aussi « du dessein de la création, de l’origine et donc, de Dieu ».
« La reconnaissance de la seigneurie absolue de Dieu est certainement l’un des traits saillants et unifiants de la culture africaine », a fait observer le pape.
Pour Benoît XVI, la question de l’indissolubilité du mariage, n’est pas d’abord de l’ordre de la morale, mais de l’ordre de la création : « Naturellement, en Afrique, il y a de multiples cultures différentes, mais elles semblent toutes d’accord sur ce point : Dieu est le Créateur et la source de la vie. Or, la vie – nous le savons bien – se manifeste en premier dans l’union entre l’homme et la femme et dans la naissance des enfants ; la loi divine, écrite dans la nature, est par conséquent plus forte et l’emporte sur toute loi humaine, selon l’affirmation nette et concise de Jésus : « Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni » (Mc 10,9). La perspective n’est pas d’abord morale : avant même le devoir, elle concerne l’être, l’ordre inscrit dans la création ».
Benoît XVI a donc mentionné à la fois « le primat de Dieu, Créateur et Seigneur », puis « le mariage » et les « enfants », comme autant de défis pour le travail du synode.
Le pape s’est référé à la fois à son voyage apostolique au Cameroun et en Angola, en mars dernier puis qu’il a en quelque sorte ouvert cette assemblée synodale à Yaoundé, en remettant l’Instrument de travail « aux présidents des conférences épiscopales et aux chefs des synodes des évêques des Églises orientales catholiques ».
Commentant la scène de l’Evangile « où Jésus accueille les enfants, en s’opposant avec indignation à ses disciples qui voulaient les éloigner », le pape dit y voir « l’image de l’Église qui, en Afrique et dans toute autre partie de la terre, manifeste sa maternité surtout à l’égard des plus petits, même lorsqu’ils ne sont pas encore nés ».
Le devoir premier de l’évangélisation
Il a cité à ce propos Jean-Paul II et son exhortation apostolique « Ecclesia in Africa » : « Le devoir premier de l’évangélisation, voire d’une nouvelle évangélisation qui tienne compte des mutations sociales rapides de notre époque et du phénomène de la mondialisation, reste naturellement valide et actuel », de même pour « le choix pastoral d’édifier l’Église comme Famille de Dieu (cf. ibid., 63) ».
« Puisse l’Église en Afrique être toujours une famille de disciples authentiques du Christ, où les différences entre les ethnies deviennent le motif et le stimulant d’un enrichissement humain et spirituel réciproque », a souhaité le pape.
Enfin, le pape a demandé à toute l’Eglise catholique d’accompagner les travaux du synode par sa prière, avant de les confier à l’intercession de saint François d’Assise, dont c’est la fête aujourd’hui, aux saints d’Afrique et à la prière de la Vierge Marie, « Mère de l’Église et Notre Dame d’Afrique ».
La célébration eucharistique était concélébrée avec le pape par 239 pères du synode et 55 prêtres qui collaborent de différentes façons à l’organisation de cette assemblée. Le pape était entouré des présidents délégués du synode – le président étant Benoît XVI lui-même – : les cardinaux Francis Arinze, Nigérian, préfet émérite de la congrégation romaine pour le Culte divin et la discipline des Sacrements, Wilfrid Fox Napier, O.F.M., archevêque de Durban (Afrique du Sud), Théodore-Adrien Sarr, archevêque de Dakar (Sénégal).
Le Rapporteur général est le cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson, archevêque de Cape Coast (Ghana), le secrétaire général Mgr Nikola Eterović, et les secrétaires spéciaux Mgr Damião António Franklin, archevêque de Luanda (Angola) et Mgr Edmond Djitangar, évêque de Sarth (Tchad).
Anita S. Bourdin