Reconnaissance du système des cellules paroissiales d’évangélisation

Remise du décret pontifical, le 29 mai

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ROME, Lundi 25 mai 2009 (ZENIT.org) – Le Conseil pontifical pour les laïcs a décidé de procéder à la reconnaissance du système des cellules paroissiales d’évangélisation introduites en Europe, à Milan, il y a un peu plus de vingt ans (1988) et en large expansion aujourd’hui dans le monde. 

Le Conseil pontifical a demandé à Don Pigi Perini, président de l’organisme international des cellules paroissiales d’évangélisation, d’assurer la pérennité de cette méthode d’évangélisation et le décret de reconnaissance lui sera officiellement remis le 29 mai. 

« Traduire dans les faits ce désir d’évangélisation que Jean-Paul II a redonné à l’Eglise avec son pontificat… ; retrouver le sens et le dynamisme des premières communautés chrétiennes … ; retrouver le chemin de la paroisse » sont  les pièces maîtresses de la méthode proposée au travers de ces petites fraternités paroissiales dont le seul but est de servir l’Eglise, en aidant chaque curé à redonner une conscience missionnaire à ses paroissiens.

Cette reconnaissance n’est donc pas la reconnaissance d’un mouvement mais la reconnaissance d’un service. En France, une quarantaine de paroisses proposent cette forme d’organisation. Un centre de formation aux cellules paroissiales d’évangélisation est installé à Sanary-sur-Mer (Var).

Chaque année depuis 20 ans est organisé à Milan un séminaire international de présentation du système des cellules paroissiales d’évangélisation. Il aura lieu cette année du 3 au 7 juin.

En attendant ces deux grands rendez-vous, ZENIT a interrogé le père Arnaud Adrien, responsable francophone des cellules paroissiales d’évangélisation, qui nous aide à comprendre quelle est exactement la place de ces cellules et leur manière d’agir face à l’évolution actuelle de nos sociétés ; comment celles-ci peuvent aider à répondre au désir de « nouvelle évangélisation » manifesté par Jean-Paul II et dont Benoît XVI ne cesse de rappeler les exigences.
 

ZENIT : P. Adrien , comment est né le principe des cellules paroissiales d’évangélisation? 

P. Adrien : Vous savez qu’il y a un grand élan d’évangélisation dans le monde entier qui touche toutes les confessions. Notamment tout le courant évangélique qui est extrêmement missionnaire. Et à partir de la Corée, avec un pasteur qui s’appelle Paul Yonggi Cho, est née une formule, une méthode d’évangélisation qu’on appelle les cellules de maison. Un prêtre américain, le père Michael Eivers, a d’une certaine manière, catholicisé la méthode et, avec succès, l’a importé dans sa paroisse, en mettant notamment en place l’adoration perpétuelle 24h sur 24, 7 jours sur 7, ce qui est assez remarquable. 

En 1987 don Pigi, le curé de Sant-Eustorgio à Milan est allé voir, sur les conseils d’amis, cette paroisse : une paroisse en flamme, en feu, et en est revenu radicalement converti. Il est devenu véritablement un pasteur missionnaire, transformant à son tour sa paroisse. Il a organisé des sessions de formation qui ont eu un impact dans le monde entier. Le Conseil pontifical pour les laïcs s’est aperçu que cette méthode irriguait bien des paroisses sur les 5 continents et a proposé à don Pigi de créer un organisme international afin qu’après lui, cette grâce puisse continuer à servir dans l’Eglise.

ZENIT : Vous dites que ces cellules sont présentes un peu partout, qu’elles se sont répandues assez vite. Effectivement il n’aura fallu que 20 ans à ces cellules pour se développer dans le monde. A quoi attribuez-vous cela?  

P. Adrien : Au besoin surtout d’avoir une méthode pour traduire dans les faits ce désir d’évangélisation que Jean-Paul II a redonné à l’Eglise. En partant d’Evangelii nuntiandi de Paul VI, tout un courant d’évangélisation a irrigué l’Eglise. Et pour les curés de paroisses qui n’ont pas un nouveau mouvement, pour les soutenir, les cellules deviennent une possibilité de transformer la pastorale ordinaire en pastorale missionnaire, et c’est ça qui attire précisément dans la méthode des cellules : la possibilité de continuer la pastorale ordinaire en en faisant une pastorale missionnaire.  

ZENIT : Parlons justement de cette méthode. En quoi consiste-t-elle précisément ? 

P. Adrien : C’est une méthode très simple  qui ne demande pas d’avoir des capacités énormes. En fait le curé forme sa paroisse pour l’évangélisation. en utilisant le texte Evangelli nuntiandi, en prenant le temps de l’étudier et donner ainsi une conscience missionnaire à tous. (Jean-Paul II ne disait-il pas : « Toute communauté chrétienne qui n’est pas missionnaire n’est pas même une communauté chrétienne »).  

Donc le curé se doit d’infuser dans l’esprit de ses paroissiens ce désir pour l’évangélisation qui fait partie de notre grâce baptismale. Il va ainsi inviter chaque paroissien à faire partie d’une petite fraternité. On appellera cela une cellule. Pourquoi ? Parce que les cellules d’un corps qui grandit, qui se complexifie, se multiplient et permettent la croissance du corps. Donc il va inviter les paroissiens à constituer des cellules d’une dizaine de personnes. Il va former les leaders qui eux-mêmes formeront leurs co-leaders. Chaque paroissien va être appelé à servir les gens de son entourage. Ce qu’on appelle en terme technique l’oïkos, c’est-à-dire les gens qui sont dans notre entourage, des parents, les amis, les collègues de travail. Il revêtira à leur égard la tenue de service que Jésus prit pour laver les pieds de ses disciples. Il les invitera à venir dans la cellule et lorsque celle-ci sera trop importante, elle se multipliera. Vous voyez que c’est très très simple.  

Ainsi le corps de la paroisse peut grandir et rejoindre les non pratiquants. Parce que les cellules sont faites vraiment pour les non pratiquants, pour ceux qui sont loin de l’Eglise. C’est une méthode très simple. C’est là-dessus que je veux insister pour que chaque prêtre puisse se dire : « c’est un bon moyen pour ma paroisse ». 

ZENIT : On dit que les paroisses se vident, de façon alarmante même, que les messes sont désertées, que le clergé manque. Comment cette méthode peut-elle aider à remplir ces églises, à attirer ces non pratiquants, à réveiller ces paroisses ? 

P. Adrien : Déjà en redonnant une conscience missionnaire à chaque paroissien. C’est le préalable. Finalement ce n’est pas très difficile parce qu’aujourd’hui les chrétiens sentent qu’il faut se réveiller et évangéliser, sinon ce sont d’autres qui toucheront ceux qui cherchent un sens à leur vie. Or, quand un curé se mobilise vraiment, les paroissiens le suivent volontiers.  

Et du coup, comme je l’ai constaté moi-même lorsque j’étais curé de Sanary-sur-Mer en France, on s’aperçoit avec surprise que des gens qui n’y venaient plus, commencent à revenir à l’Eglise, et l’église se remplit. J’avais un nombre croissant de participants à la messe même en semaine. Et cette méthode permet même de résoudre certaines tensions très fortes en ce moment dans l’Eglise, comme par exemple la question des divorcés-remariés. Grâce à l’existence d’une communauté fraternelle construite par les cellules, je voyais avec joie et étonnement des divorcés remariés venir à la messe même en semaine, sans communier sacramentellement mais communiant réellement, différemment.  
 

ZENIT : Avez-vous des liens avec des communautés, des mouvements d’Eglise, comme par exemple la communauté de l’Emmanuel ou d’autres communautés ?  

P. Adrien : Les liens ne sont pas institutionnels. Qu’il y ait des liens de sympathie, oui, très certainement. Mais vous avez  noté que le Conseil pontifical pour les laïcs reconnaît un organisme international de service des cel
lules paroissiales d’évangélisation, autrement dit ce n’est pas un mouvement. On est seulement au service des curés de paroisse. La  structure hiérarchique des cellules est celle de l’Eglise locale : le curé et l’évêque, il n’y a pas d’autres niveaux. C’est-à-dire que l’organisme international reconnu par le Conseil pontifical n’a pas d’autorité directe sur les curés.   

Nous sommes là simplement comme soutien et comme service pour la diffusion et la formation, c’est un rôle très important mais limité. Donc nous n’avons pas de liens officiels avec d‘autres mouvements, mais notre intégration dans le Conseil pontifical pour les laïcs va permettre des rencontres. Nous vivrons ainsi de l’ecclésiologie de communion.  

ZENIT : Comment ces cellules ont été perçues dans votre entourage. Est-ce qu’il y avait de la crainte au départ ou cela s’est fait assez tranquillement ?  

P. Adrien : Non cela se fait toujours avec crainte, et tremblement, si je puis dire, parce que les cellules apparaissent comme quelque chose de nouveau qui crée un vrai dynamisme et, d’une certaine manière, demandent beaucoup aux chrétiens pratiquants, parce qu’elles demandent d’évangéliser. L’évangélisation devient la première tâche de la vie, le devoir d’état du baptisé. « Je vous ai choisis pour que vous alliez et que vous portiez du fruit… » dit Jésus à ses disciples. Cela implique une transformation de mentalité. Et comme l’Eglise catholique a baissé dans son dynamisme missionnaire, ce qui, entre parenthèses, a suscité l’encyclique Redemptoris missio, il faut aller un peu à contre-courant.  

Quand une paroisse lance une cellule, beaucoup de gens disent : « est-ce qu’il faut vraiment en faire autant ? Est-ce que ce n’est pas l’affaire des prêtres ? L’affaire des religieux simplement ? » et ça crée quelques tensions. Et puis petit à petit on voit des gens du quartier, de la commune, qui viennent à la messe. Et ça convertit des chrétiens qui voient la fécondité de la méthode.  

ZENIT : Cette manière d’attirer, de mobiliser, on la retrouve un peu également dans les parcours alpha qui ont, me semble-t-il, commencé aussi dans cet esprit et en suivant un peu le même principe, mais dans une vision plus œcuménique. Est-ce que cela est comparable ? 

P. Adrien : Il y a des ponts entre alpha et les cellules. Il y a une continuité possible. C’est ça l’intérêt. Alpha est une action ponctuelle qui, en dix rencontres et un week-end vise à faire faire l’expérience du Christ et de son Eglise. Il faut une suite. Les cellules en sont une car on y retrouve la même expérience fraternelle qui a touché dans Alpha, on y approfondit ce qui a été semé et on oriente les nouvelles énergies vers la mission.

Il y a donc une réelle complémentarité entre les parcours Alpha et les cellules. Les responsables d’Alpha en sont très conscients et nous aussi. 
 

ZENIT : Le Conseil pontifical pour les laïcs a décidé de reconnaître officiellement le Système de ces cellules paroissiales d’évangélisation. Quel impact attendez-vous de cette reconnaissance ? 

P. Adrien : Un impact externe et interne. Externe, cela veut dire que ceux qui contestaient la validité de la méthode, à cause de ses origines évangéliques ne peuvent plus le faire. De fait, Rome reconnaît la justesse de la méthode et lui donne un label de catholicité incontestable. Donc cette crainte-là tombe. Ce qui est déjà très important.  

En interne, cela va nous ouvrir nécessairement au monde entier. Puisque Rome affirme que c’est une méthode utile pour l’Eglise universelle, nous ne pouvons plus nous occuper que de notre paroisse. Le Concile Vatican II, dans Presbyterum ordinis, dit que chaque prêtre doit avoir le souci de toute les Eglises. Ce n’est pas seulement le souci des évêques. C’est le souci de tout prêtre que de porter, comme Paul, le souci de toutes les Eglises. Ainsi il faut donc que chaque curé comprenne qu’il a une responsabilité vis-à-vis d’autres paroisses et vis-à-vis d’autres pays. Cette reconnaissance de l’Eglise nous envoie. Nous sommes mandatés pour proposer aux Eglises locales qui le veulent, cette forme d’évangélisation.  

Pour en savoir plus sur les cellules paroissiales d’évangélisation se connecter au site France des CPE : http://cellules-evangelisation.org/u site :   

Isabelle Cousturié

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ZENIT Staff

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