ROME, Mercredi 20 mai 2009 (ZENIT.org) – Benoît XVI a rappelé que l’ « objectif prioritaire » de son voyage en Terre sainte était pastoral , pour rendre visite « aux communautés catholiques de Terre Sainte ». Il a aussi dit avoir invoqué l’amour du Cœur du Christ : « Tous les croyants doivent donc laisser tomber les préjugés et la volonté de domination, et pratiquer de manière unanime le commandement fondamental : c’est-à-dire aimer Dieu de tout son être et aimer son prochain comme soi-même ».
Le pape Benoît XVI a consacré sa catéchèse du mercredi à un bilan de son pèlerinage en Terre Sainte, du 8 au 15 mai qui s’est, dit-il, « révélé un grand don pour le Successeur de Pierre et pour toute l’Eglise ».
« Ce fut avant tout un pèlerinage, et même un pèlerinage par excellence aux racines de la foi ; et, en même temps, une visite pastorale à l’Eglise qui vit en Terre Sainte : une communauté d’une importance particulière, car elle représente une présence vivante là où elle a eu son origine », a reconnu le pape, avant de passer en revue les différentes étapes de ce voyage.
En Jordanie, la liberté religieuse
Benoît XVI a rappelé qu’il est allé bénir les premières pierres des nouvelles églises du site du Baptême du Christ, à Béthanie : « Ce fait est le signe de l’ouverture et du respect qui règnent dans le royaume hachémite pour la liberté religieuse et la tradition chrétienne, et cela mérite une profonde reconnaissance. J’ai eu la joie d’exprimer cette juste reconnaissance, unie au profond respect pour la communauté musulmane, aux chefs religieux, au corps diplomatique et aux recteurs des Universités, réunis à l’extérieur de la mosquée Al-Hussein ben-Talal, que le roi Abdallah II a faite construire en mémoire de son père, le célèbre roi Hussein, qui accueillit le pape Paul VI lors de son pèlerinage historique de 1964 ».
« Comme il est important que chrétiens et musulmans cohabitent de façon pacifique dans le respect mutuel ! Grâce à Dieu, et à l’engagement des gouvernants, en Jordanie, c’est le cas », a insisté le pape.
Benoît XVI a également évoqué les réfugiés chrétiens de Palestine et d’Irak qui vivent en Jordanie : « En Jordanie vit une importante communauté chrétienne, à laquelle s’ajoutent les réfugiés palestiniens et irakiens. Il s’agit d’une présence significative et appréciée dans la société, notamment en raison de ses œuvres dans le domaine de l’éducation et de l’assistance, attentives à la personne humaine, indépendamment de son appartenance ethnique ou religieuse ».
Le pape a cité en exemple le « Centre de réhabilitation Regina Pacis » de Amman, qui accueille de nombreuses personnes porteuses de handicap, et la bénédiction de la première pierre de l’université de Madaba, du patriarcat latin de Jérusalem. Le pape a confié : « J’ai éprouvé une grande joie à donner naissance à cette nouvelle institution scientifique et culturelle, car elle manifeste de façon tangible le fait que l’Eglise promeut la recherche de la vérité et du bien commun, et offre un espace ouvert et qualifié à tous ceux qui veulent s’engager dans cette recherche, condition indispensable pour un dialogue authentique et fructueux entre civilisations ».
Le pape a également évoqué les grandes célébrations liturgiques de Amman : une occasion de « goûter ensemble la beauté de se retrouver comme peuple de Dieu en pèlerinage, riche de ses diverses traditions et uni dans la foi unique ».
En Israël, la terrible tragédie de la Shoah et la prière pour la paix
En Israël , Benoît XVI a souligné qu’il est venu « en pèlerin de foi sur la Terre où Jésus est né, a vécu, est mort et est ressuscité, et en même temps, comme pèlerin de paix pour implorer de Dieu que là où il a voulu se faire homme, tous les hommes puissent vivre comme ses enfants, c’est-à-dire en frères ».
Le pape tire de la foi ces implications concrètes : « La foi dans l’unique Dieu juste et miséricordieux, qui est la ressource la plus précieuse de ces peuples, doit pouvoir libérer toute sa force de respect, de réconciliation et de collaboration ».
Il inscrit dans cette logique sa visite au grand mufti et aux chefs de la communauté islamique de Jérusalem, ainsi qu’au grand rabbinat d’Israël, et avec les organisations engagées dans le dialogue interreligieux, et les chefs religieux de la Galilée.
Benoît XVI jette sur Jérusalem ce regard biblique : « Jérusalem est le carrefour des trois grandes religions monothéistes, et son nom même – « ville de la paix » – exprime le dessein de Dieu sur l’humanité : former une grande famille avec celle-ci. Ce dessein, annoncé à l’avance à Abraham, s’est pleinement réalisé en Jésus Christ, que saint Paul appelle « notre paix », car il a abattu par la force de son Sacrifice le mur de l’inimitié (cf. Ep 2, 14) ».
C’est pourquoi le pape invite « tous les croyants » à « laisser tomber les préjugés et la volonté de domination » pour « pratiquer de manière unanime le commandement fondamental : c’est-à-dire aimer Dieu de tout son être et aimer son prochain comme soi-même ».
« Voilà ce que les juifs, les chrétiens et les musulmans sont appelés à témoigner, pour honorer à travers les faits ce Dieu qu’ils prient avec leurs lèvres », a insisté le pape en appelant à la cohérence.
Il a accompagné cet appel de sa prière : « C’est ce que j’ai porté dans mon cœur, en prière, en visitant, à Jérusalem, le Mur occidental – ou Mur des Lamentations – et le Dôme du Rocher, lieux symboliques respectivement du judaïsme et de l’islam ».
A propos de sa visite Mémorial de Yad Vashem, « édifié à Jérusalem en l’honneur des victimes de la Shoah », le pape a souligné l’importance du recueillement et du souvenir : « Nous avons observé là un moment de silence, en priant et en méditant sur le mystère du « nom » : chaque personne humaine est sacrée, et son nom est inscrit dans le cœur du Dieu Eternel. Qu’on n’oublie jamais la terrible tragédie de la Shoah ! Il faut en revanche qu’elle reste toujours dans notre mémoire comme un avertissement universel au respect sacré pour la vie humaine, qui revêt toujours une valeur infinie ».
Visite aux communautés catholiques
Pour ce qui est de sa visite aux communautés catholiques de Terre Sainte, le pape évoque les rencontres de Jérusalem, Bethléem et Nazareth.
« Avec le Cœur du Christ, j’ai répété à mes frères évêques ses propres paroles : «sois sans crainte petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume » (Lc 12, 32). J’ai ensuite brièvement salué les religieuses et les religieux de vie contemplative, en les remerciant pour le service que, avec leur prière, ils offrent à l’Eglise et à la cause de la paix », a rappelé Benoît XVI.
Il a mentionné les célébrations eucharistiques au cours desquelles il a notamment invité « chacun à rechercher la paix grâce à des méthodes non violentes, en suivant l’exemple de saint François d’Assise ».
A propos de Nazareth, « ville de la Sainte Famille », le pape a ajouté cette conséquence de l’Incarnation : « Là où le Verbe s’est fait chair dans le sein de la Vierge Marie, jaillit une source intarissable d’espérance et de joie, qui ne cesse d’animer le cœur de l’Eglise, en pèlerinage dans l’histoire ».
Le Saint-Sépulcre, l’amour qui jaillit du mystère pascal
« Mon pèlerinage s’est terminé, vendredi dernier, par la halte dans le Saint-Sépulcre et par deux importantes rencontres œcuméniques à Jérusalem : au patriarcat grec-orthodoxe, où étaient réunies toutes les représentations ecclésiales de la Terre Sainte et, enfin, à l’église patriarcale arménienne apostoli
que », a résumé le pape.
Benoît XVI a retiré de sa visite aux Lieux saints cette méditation sur le chemin de l’Eglise dans l’histoire et vers l’unité : « Malgré les vicissitudes qui, au cours des siècles, ont marqué les Lieux saints, malgré les guerres, les destructions, et malheureusement également les conflits entre chrétiens, l’Eglise a poursuivi sa mission, poussée par l’Esprit du Seigneur ressuscité. Elle est en marche vers la pleine unité, pour que le monde croie dans l’amour de Dieu et fasse l’expérience de la joie de sa paix ».
Le pape a confié les pensées qui l’habitaient en visitant le calvaire et le tombeau du Christ : « Agenouillé au Calvaire et dans le tombeau de Jésus, j’ai invoqué la force de l’amour qui jaillit du Mystère pascal, la seule force qui puisse renouveler les hommes et orienter vers son objectif l’histoire et l’univers. Je vous demande également de prier dans ce but, alors que nous nous préparons à la fête de l’Ascension que nous célébrerons demain au Vatican ».