ROME, Mardi 19 mai 2009 (ZENIT.org) – Après la victoire de l’armée sri-lankaise sur les Tigres tamouls, les chrétiens s’inquiètent du sort des civils touchés par la guerre, indique aujourd’hui « Eglises d’Asie » (EDA), l’agence des Missions étrangères de Paris.
Le plus long conflit d’Asie s’est terminé le 18 mai 2009 avec la reddition sans condition des Tigres tamouls dont les derniers mètres carrés de territoire sont tombés entre les mains de l’armée sri-lankaise.
Depuis l’annonce par Colombo de l’écrasement « définitif » de la guérilla tamoule, mettant fin à un conflit séparatiste qui durait depuis plus de trente ans, les médias diffusent en continu les détails de la victoire de l’armée des « libérateurs » et la nouvelle de la mort du chef des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE). « Le corps de Prabhakaran est parmi les 300 cadavres de terroristes que nous avons récupérés », a assuré le chef de l’armée de terre, le général Sarath Fonseka (1). Le site pro-tamoul tamilnet a de son côté réfuté l’information, affirmant que le « dirigeant bien-aimé [était] vivant et en sécurité », bien que la télévision publique ait diffusé des images du cadavre présumé du chef des Tigres. Le site Internet a également accusé l’armée sri-lankaise de « crimes contre l’humanité », pour avoir abattu des hommes qui se rendaient, et tué des milliers de civils.
Alors que le sud du pays célèbre la victoire sur les Tigres, l’Eglise catholique s’inquiète pour les milliers de blessés et déplacés civils tamouls dont le sort est toujours aussi incertain. Le 17 mai dernier, lors de la messe dominicale, le P. Nihal Ivan Perera, curé de Negombo, près de la capitale, a évoqué la paix à reconstruire et les blessures profondes à cicatriser dans les deux camps. Il a appelé les paroissiens à offrir une aide alimentaire d’urgence aux réfugiés : « C’est notre devoir de chrétiens de prendre soin de nos frères » (2).
Dans le nord du pays, à Vavuniya au cœur de la région dévastée par les combats, le P. Emilianuspillai Santhiapillai, curé de l’église St Anthony, a longuement parlé à ses fidèles de l’aide à apporter à « la population des civils, en très grande souffrance ».
Plus de 200 000 réfugiés civils, selon l’ONU, sont actuellement entassés dans les camps du gouvernement, dans des conditions de plus en plus critiques (3). Le pape Benoît XVI a prié dimanche 17 mai à Saint-Pierre de Rome pour les « milliers d’enfants, femmes et personnes âgées auxquels la guerre a pris des années de vie et d’espoir » et a appelé « les organisations humanitaires, y compris les catholiques, à ne pas ménager leurs efforts pour apporter une aide urgente aussi bien alimentaire que médicale aux réfugiés ».
Depuis l’Inde, le 19 mai, Mgr Chinnappa, archevêque de Madras-Mylapore, dans le Tamil Nadu, a fait part également de son inquiétude pour les déplacés, rappelant que les Tamouls, originaires du sud de l’Inde et vivant au Sri Lanka depuis des siècles, « devaient voir leurs droits respectés » au même titre que les autres populations de l’île. Quant au P. Chinnadurai, porte-parole du Conseil des évêques catholiques du Tamil Nadu et également directeur de la Commission des minorités de l’Etat, il a demandé à ce que les coupables du « génocide d’innocents civils » soient identifiés et punis.
La communauté internationale, dont l’Union européenne, le Comité international de la Croix-Rouge et l’ONU qui avaient dénoncé le « bain de sang » perpétré lors des attaques finales de ces dernières semaines, ont fait savoir, le 19 mai, que le gouvernement du Sri Lanka aurait « à rendre des comptes » au même titre que les belligérants tamouls, de la violation des droits des civils, après enquête sur les conditions dans lesquelles la guerre a été menée. Pour le moment, les zones concernées ne sont toujours pas accessibles aux médias ou aux instances internationales.
(1) AFP, 19 mai 2009.
(2) Ucanews, 19 mai 2009.
(3) Associated Press, 19 mai 2009.