ROME, Jeudi 14 mai 2009 (ZENIT.org) - La police a tenté d'empêcher un pèlerinage des catholiques de Thai Binh à la paroisse de Thai Ha, à Hanoi, rapporte « Eglises d'Asie (EDA), l'agence des Missions étrangères de Paris.
Dans le cadre de l'année sainte commémorant le 80ème anniversaire de la fondation de la communauté rédemptoriste de Hanoi, la paroisse de Thai Ha accueille quasi quotidiennement des pèlerinages organisés par des paroisses, des diocèses et diverses associations de tout le pays. La plupart de ces déplacements se déroulent sans incident, mais certains se heurtent à la mauvaise volonté des autorités locales. Ce fut le cas, au début de ce mois de mai, pour le diocèse de Thai Binh. Les forces de la Sécurité provinciale ont déployé toute leur énergie pour empêcher ce pèlerinage. L'évêque a protesté avec une grande vigueur dans une lettre ouverte.
Mgr Nguyên Van Sang, évêque du lieu, avait lui-même fixé la date du pèlerinage diocésain à Thai Ha au 2 mai et invité tous les fidèles à y participer. La police prétendant que l'évêque avait appelé ses fidèles à une manifestation d'opposition a entrepris de faire obstacle au départ des fidèles. La plupart d'entre eux, pour parvenir à temps à destination, avaient décidé de se mettre en route dans la soirée et la nuit du 1er mai. De nombreux conducteurs de voitures louées à l'avance ont reçu de la police l'interdiction de transporter des pèlerins. Certains se sont même vus retirer leurs papiers. Des catholiques conduisant leur propre voiture ou motocyclette ont été obligés de rebrousser chemin. D'autres ont été forcés de descendre des cars réguliers où ils avaient pris place. Un véhicule transportant les membres d'un orphéon féminin ayant déjà fait de longs détours pour éviter les barrages a été stoppé par la police à l'entrée de Hanoi sur l'ordre des services de la Sécurité de Thai Binh. Après avoir refusé de retourner en arrière, les passagères ont été dépouillées de leurs pièces d'identité. En fin de compte, ce sont les paroissiens de Thai Ha qui sont venus les délivrer et les ont conduites à destination en taxi. Cependant, tous ces obstacles n'ont pas découragé les catholiques de Thai Binh. Une bonne partie des pèlerins a pu arriver à bon port et participer aux cérémonies prévues avec l'évêque et douze prêtres dans l'église de Notre-Dame du Perpétuel secours.
Dans la lettre qu'il a écrite à l'issue de ces incidents, l'évêque de Thai Binh se présente en disant qu'« il a depuis longtemps dépassé l'âge de la retraite et attend de Rome l'acceptation de sa démission ». Il rappelle les faits et accuse la police d'avoir « violé le droit à la liberté religieuse de la population et tout spécialement des femmes et des enfants, en essayant par différents moyens de les dissuader et de les empêcher d'accomplir leur pèlerinage ». Il se dit profondément offusqué d'avoir été accusé par la police de vouloir organiser une « manifestation » à Thai Ha, alors que le programme du pèlerinage ne comportait que des activités religieuses. La lettre est adressée à diverses autorités civiles ainsi qu'au président de la Conférence épiscopale et à l'archevêque de Hanoi.
Peut-être faut-il attribuer cette action policière à la méfiance inspirée à la police par les rassemblements populaires dans l'enceinte de la paroisse de Thai Ha. Lors de la veillée du 25 avril dernier (1), l'assemblée, très nombreuse, avait prié pour la cessation des travaux d'exploitation de la bauxite sur les Hauts Plateaux du centre du pays et pour la restitution du terrain de la paroisse sur lequel la municipalité avait entamé des travaux. Cela avait suscité une violente colère chez les responsables civils. La presse officielle avait concentré ses attaques contre son organisateur, le P. Nguyên Van Khai. Cependant, dès le lendemain, un communiqué de presse du porte-parole des Affaires étrangères vietnamiennes informait que la municipalité de la capitale avait ordonné l'arrêt les travaux sur le terrain de la paroisse, accaparé par elle. Le même communiqué fustigeait l'initiative de la paroisse, estimant qu'elle « touchait à des questions non religieuses, calomniait le régime, déformait la réalité et nuisait à l'unité nationale ».
(1) Voir EDA 506.
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