Yad vaShem : Le « cri » des victimes « résonne encore dans nos cœurs »

Méditation sur le souvenir du « nom »

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ROME, Mardi 12 mai 2009 (ZENIT.org) – « Je suis venu pour rester en silence » : Benoît XVI a rallumé silencieusement la flamme du souvenir des victimes de la Shoah au Mémorial de la Shoah, de Yad vaShem, à Jérusalem, lundi après-midi. Mais pourquoi ce silence ? Parce que, dit le pape, le « cri » des victimes « résonne encore dans nos cœurs ».

« Chers amis, je suis profondément reconnaissant envers Dieu et envers vous de cette occasion qui m’a été donnée de m’arrêter ici, en silence : silence pour se souvenir, silence pour prier, silence pour espérer », a déclaré Benoît XVI à la fin de son discours.

Le pape avait commencé par évoquer le nom du Mémorial, qui est tiré du livre d’Isaïe : « Je leur donnerai dans ma maison et dans mes remparts un monument et un nom (…) ; je leur donnerai un nom éternel qui jamais ne sera effacé » (Is 56, 5). Ce sera le fil directeur de toute sa méditation.

Et de rappeler, en expliquant sa volonté de silence : « Ce passage du Livre du prophète Isaïe offre les deux mots simples qui expriment solennellement le sens profond de ce lieu vénéré : yad « mémorial » ; shem « nom ». Je suis venu pour rester en silence devant ce monument, érigé pour honorer la mémoire de millions de juifs tués dans l’horrible tragédie de la Shoah ».

Une place sacrée

« Elles ont perdu leurs vies mais elles ne perdront jamais leurs noms », ils sont gravés dans le cœur « de tous ceux qui sont déterminés à ne plus jamais permettre qu’une telle atrocité déshonore à nouveau l’humanité ».

Le pape a continué sa méditation sur la mémoire du « nom » : « Quoique vous fassiez, il est impossible d’enlever son nom à un être humain ».

Mentionnant l’importance du Nom dans l’Ecriture sainte, et les vocations d’Abraham puis de Jacob-Israël, le pape a ajouté : « Les noms inscrits dans ce sanctuaire auront toujours une place sacrée parmi les descendants innombrables d’Abraham. Comme lui, leur foi a été éprouvée. Comme Jacob, ils ont été plongés dans le combat pour discerner les desseins du Très-Haut ».

« Que les noms de ces victimes ne périssent jamais ! », s’est exclamé le pape avant de condamnner une nouvelle fois le négationnisme : « Que leur souffrance ne soit jamais niée, discréditée ou oubliée ! »

Déraciner du cœur de l’homme…

Le pape a ensuite prononcé cet avertissement: « Et que toutes les personnes de bonne volonté demeurent attentives à déraciner du cœur de l’homme tout ce qui peut conduire à de telles tragédies ! »

Benoît XVI a également réaffirmé la position inébranlable de l’Eglise : « L’Église catholique, professant les enseignements de Jésus et attentive à imiter son amour pour tous les hommes, a une profonde compassion pour les victimes dont il est fait mémoire ici ».

« Elle se fait proche de tous ceux qui, aujourd’hui, sont objet de persécution à cause de leur race, de leur couleur, de leur condition de vie ou de leur religion – leurs souffrances sont les siennes, et sienne est leur espérance de justice », a ajouté le pape.

Je réaffirme l’engagement de l’Église

Le pape a tenu à renouveler cet engagement solennel : « En tant qu’Évêque de Rome et Successeur de l’Apôtre Pierre, je réaffirme l’engagement de l’Église à prier et à travailler sans cesse pour faire en sorte que cette haine ne règne plus jamais dans le cœur des hommes. Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob est le Dieu de la paix (cf. Ps 85, 9) ».

Puis Benoît XVI a repris sa méditation sur le Nom : « En regardant les visages qui se reflètent à la surface de la nappe d’eau immobile à l’intérieur de ce mémorial, on ne peut pas ne pas se rappeler que chacun d’eux porte un nom ».

Qui pouvait imaginer…

Il a évoqué le caractère inimaginable de la Shoah : « Je peux seulement imaginer la joyeuse attente de leurs parents alors qu’ils se préparaient avec impatience à accueillir la naissance de leurs enfants. Quel nom donnerons-nous à cet enfant ? Qu’adviendra-t-il de lui ou d’elle ? Qui pouvait imaginer qu’ils auraient été condamnés à un sort aussi déplorable ! »

Benoît XVI a eu des accents bouleversés devant le sang innocent répandu : « Tandis que nous sommes ici, en silence, leur cri résonne encore dans nos cœurs. C’est un cri élevé contre tout acte d’injustice et de violence. C’est le reproche continuel du sang innocent versé. C’est le cri d’Abel montant de la terre vers le Très-Haut ».

Plus que ses propres mots, le pape a préféré faire entendre ceux du Livre des Lamentations pour dire, malgré l’horreur des ténèbres, et l’apparent silence de Dieu, l’espérance: « Les faveurs du Seigneur ne sont pas finies, ni ses compassions épuisées (…) » (Lm 3, 22-26).

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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