ROME, Dimanche 19 avril 2009 (ZENIT.org) – Le Saint-Siège déplore la réaction des autorités belges, fondée sur « un extrait d’interview tronqué et isolé de son contexte »
Au nom de la liberté d’expression, le père Federico Lombardi avait déjà dit sa « stupeur », au lendemain de la résolution approuvée le 2 avril par la Chambre des Représentants de Belgique, visant à protester officiellement auprès du Vatican contre les propos de Benoît XVI sur le préservatif, le 17 mars, dans l’avion qui le conduisait au Cameroun (Cf. Zenit du 3 avril 2009).
Un communiqué du Vatican a indiqué, le 17 avril, que « l’Ambassadeur du Royaume de Belgique, sur instructions du Ministre des Affaires Etrangères, a fait part au Secrétaire pour les Relations du Saint-Siège avec les Etats de la Résolution par laquelle la Chambre des Représentants de son pays a demandé au gouvernement belge de « condamner les propos inacceptables du pape lors de son voyage en Afrique et de protester officiellement auprès du Saint-Siège ». » L’entretien a eu lieu à Rome mercredi dernier, 15 avril.
Parlant d’« intention intimidatrice », la réaction officielle du Saint-Siège est particulièrement forte. « La Secrétairerie d’Etat, indique un communiqué, prend acte avec regret de cette démarche, inhabituelle dans les relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la Belgique. Elle déplore qu’une Assemblée parlementaire ait cru bon de critiquer le Saint-Père sur la base d’un extrait d’interview tronqué et isolé de son contexte, qui a été utilisé par certains groupes avec une claire intention intimidatrice, comme pour dissuader le Pape de s’exprimer sur certains thèmes, dont les implications morales sont pourtant évidentes, et d’enseigner la doctrine de l’Eglise ».
Précisant le sens des paroles du pape, la secrétairerie d’Etat précise : « Comme on sait, le Saint-Père, répondant à une question sur l’efficacité et le caractère réaliste des positions de l’Eglise en matière de lutte contre le SIDA, a déclaré que la solution est à rechercher dans deux directions : d’un côté une humanisation de la sexualité, et, de l’autre, une authentique amitié et disponibilité envers ceux qui souffrent, soulignant l’engagement de l’Eglise dans l’un et l’autre domaine. Sans cette dimension morale et éducative, la bataille contre l’épidémie ne sera pas gagnée ».
Enfin, le Saint-Siège souligne que dans ce domaine, la position du Saint-Siège n’est pas isolée, et jouit d’un soutien auprès des intéressés eux-mêmes, les Africains : « Alors que, dans certains pays d’Europe, se déchaînait une campagne médiatique sans précédent sur la valeur prépondérante, pour ne pas dire exclusive, d’un certain moyen prophylactique dans la lutte contre le SIDA, il est réconfortant de constater que les considérations d’ordre moral développées par le Saint-Père ont été comprises et appréciées, en particulier par les Africains, par les vrais amis de l’Afrique et par certains membres de la communauté scientifique ».
Le communiqué cite en effet la réaction des évêques africains : « Comme on peut lire dans une récente déclaration des Evêques de la Conférence Episcopale Régionale de l’Ouest de l’Afrique (CERAO) :« Nous savons gré [au Saint-Père] pour le message d’espérance qu’il est venu nous livrer au Cameroun et en Angola. Il est venu pour nous encourager à vivre unis, réconciliés dans la justice et la paix, pour que l’Eglise d’Afrique soit elle-même une flamme ardente d’espérance pour la vie de tout le continent. Et nous le remercions pour avoir reproposé à tous, avec nuance, clarté et pénétration, l’enseignement commun de l’Eglise en matière de pastorale des malades du SIDA » (Cf. Zenit du 8 avril 2009).
Dans l’avion qui le conduisait au Cameroun, le 17 mars dernier, Benoît XVI avait fait observer que « l’on ne peut pas surmonter ce problème du SIDA uniquement avec des slogans publicitaires ». Il avait ajouté : « Si on n’y met pas l’âme, si les Africains ne s’aident pas, on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de préservatifs : au contraire, le risque est d’augmenter le problème ».
Il indiquait effectivement un « double engagement » : « Le premier, une humanisation de la sexualité, c’est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui apporte avec soi une nouvelle manière de se comporter l’un avec l’autre, et le deuxième, une véritable amitié également et surtout pour les personnes qui souffrent, la disponibilité, même au prix de sacrifices, de renoncements personnels, à être proches de ceux qui souffrent ».
Les évêques de Belgique avaient également souligné le sens du message du pape : « Sans une éducation à la responsabilité sexuelle, les autres moyens de prévention resteront déficients ».