Homélie de Benoît XVI pour l’anniversaire de la mort de Jean-Paul II

 

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ROME, Vendredi 3 avril 2009 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de l’homélie que le pape Benoît XVI a prononcée hier jeudi au cours de la messe qu’il a présidée à Saint-Pierre à l’occasion du quatrième anniversaire de la mort de Jean-Paul II.

Chers frères et sœurs !

Il y a quatre ans, précisément aujourd’hui, mon bien-aimé prédécesseur le Serviteur de Dieu Jean-Paul II, concluait son pèlerinage terrestre, après une longue période de grande souffrance. Nous célébrons l’Eucharistie en mémoire de son âme, tandis que nous rendons grâce au Seigneur pour l’avoir donné à l’Eglise, pendant tant d’années, comme pasteur zélé et généreux. Nous sommes réunis ce soir par son souvenir, qui continue à être vivant dans le cœur des personnes, comme le démontre également le pèlerinage ininterrompu de fidèles sur sa tombe, dans les Grottes Vaticanes. C’est donc avec émotion et joie que je préside cette messe, tandis que je vous salue et je vous remercie pour votre présence, vénérés frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce, ainsi que vous, chers fidèles venus de diverses parties du monde, notamment de Pologne, pour cette occasion particulière.

Je voudrais saluer les Polonais et, de façon particulière, les jeunes polonais. A l’occasion du quatrième anniversaire de la mort de Jean-Paul II, accueillez son appel : « N’ayez pas peur de vous en remettre [au Christ]. Il vous guidera, il vous donnera la force de le suivre chaque jour et en toute situation » (Tor Vergata, veillée de prière, 18 août 2000). Je souhaite que cette pensée du serviteur de Dieu vous guide sur les chemins de votre vie, et vous conduise au bonheur du matin de la Résurrection.

Je salue le cardinal-vicaire, le cardinal archevêque de Cracovie ainsi que les autres cardinaux et prélats ; je salue les prêtres, les religieux et les religieuses. Je vous salue de façon spéciale, vous, bien-aimés jeunes de Rome, qui à travers cette célébration, vous préparez à la Journée mondiale de la jeunesse, que nous vivrons ensemble dimanche prochain, Dimanche des Rameaux. Votre présence me rappelle à l’esprit l’enthousiasme que Jean-Paul II savait transmettre aux jeunes générations. Sa mémoire est un encouragement pour nous tous, rassemblés dans cette Basilique où, en de nombreuses occasions, il a célébré l’Eucharistie, à nous laisser illuminer et interpeller par la Parole de Dieu qui vient d’être proclamée.

L’Evangile de ce jeudi de la cinquième semaine de Carême propose à notre méditation la dernière partie du chapitre VIII de Jean, qui contient un long débat sur l’identité de Jésus. Peu de temps auparavant, Il s’est présenté comme « la lumière du monde » (v. 12), en utilisant par trois fois (vv. 24.28.58) l’expression « Je suis » qui, dans un sens fort, rappelle le nom de Dieu révélé à Moïse (cf. Ex 3, 14). Et il ajoute : « Si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort » (v. 51), en déclarant ainsi avoir été envoyé par Dieu, qui est son Père, pour apporter aux hommes la liberté radicale du péché et de la mort, indispensable pour entrer dans la vie éternelle. Toutefois, ses paroles blessent l’orgueil de ses interlocuteurs, et la référence au grand patriarche Abraham devient également un motif de conflit. « En vérité, en vérité je vous le dis, – affirme le Seigneur – avant qu’Abraham existât, Je Suis » (8, 58). Sans demi-mesure, il déclare sa préexistence, et donc, sa supériorité par rapport à Abraham, suscitant – de façon compréhensible – la réaction scandalisée des juifs. Mais Jésus ne peut taire son identité ; il sait que, à la fin, le Père lui-même lui donnera raison, le glorifiant par la mort et la résurrection, car précisément lorsqu’il sera élevé sur la croix, il se révélera comme le Fils unique de Dieu (cf. Jn 8, 28 ; Mc 15, 39).

Chers amis, en méditant sur cette page de l’Evangile de Jean, il est naturel de considérer combien il est difficile en vérité de témoigner du Christ. Et notre pensée va vers le bien-aimé Serviteur de Dieu Karol Wojtyla-Jean-Paul II, qui dès sa jeunesse, démontra être un courageux et ardent défenseur du Christ : il n’hésita pas à consacrer toutes ses énergies à en diffuser partout la lumière ; il n’acceptait aucun compromis lorsqu’il s’agissait de proclamer et de défendre sa Vérité ; il ne se lassa jamais de diffuser son amour. Du début de son pontificat jusqu’au 2 avril 2005, il n’eut pas peur de proclamer, à tous et toujours que seul Jésus est le Sauveur et le véritable libérateur de l’homme et de tout l’homme.

« Je te rendrai extrêmement fécond » (Gn 17, 6). Si témoigner de son adhésion à l’Evangile n’est jamais simple, nous sommes certainement réconfortés par la certitude que Dieu rend fécond notre engagement, lorsqu’il est sincère et généreux. De ce point de vue également, l’expérience spirituelle du serviteur de Dieu Jean-Paul II nous apparaît significative. En contemplant son existence, nous y voyons comme réalisée la promesse de fécondité faite par Dieu à Abraham et à laquelle fait écho la première lecture tirée du livre de la Genèse. On pourrait dire qu’en particulier au cours des années de son pontificat, il a conduit à la foi de nombreux fils et filles. Vous en êtes le signe visible, chers jeunes présents ce soir : vous, jeunes de Rome et vous, jeunes venus de Sydney et de Madrid, pour représenter de façon idéale les foules de jeunes filles et garçons qui ont participé aux 23e Journées mondiales de la jeunesse, de différentes parties du monde. Combien de vocations au sacerdoce et à la vie consacrée, combien de jeunes familles décidées à vivre l’idéal évangélique et à tendre vers la sainteté sont liées au témoignage et à la prédication de mon vénéré prédécesseur ! Combien de jeunes filles et garçons se sont convertis ou ont persévéré sur leur chemin chrétien grâce à sa prière, son encouragement, à son soutien et à son exemple !

C’est vrai ! Jean-Paul II réussissait à transmettre une forte charge d’espérance, fondée sur la foi en Jésus Christ, qui est « le même hier et aujourd’hui, il le sera à jamais » (He 13, 8), comme le dit la devise du grand Jubilé de l’An 2000. En tant que père affectueux et éducateur attentif, il indiquait des points de référence sûrs et solides, indispensables pour tous, en particulier pour les jeunes. Et à l’heure de l’agonie et de la mort, cette nouvelle génération voulut lui montrer qu’elle avait compris ses enseignements, en se recueillant silencieusement en prière Place Saint-Pierre et dans tant d’autres lieux du monde. Les jeunes ressentaient que sa disparition constituait une perte : « leur » pape, qu’ils considéraient comme « leur père » dans la foi, était en train de mourir. Ils ressentaient dans le même temps qu’il leur laissait en héritage son courage et la cohérence de son témoignage. N’avait-il pas souligné à plusieurs reprises le besoin d’une adhésion radicale à l’Evangile, en exhortant les adultes et les jeunes à prendre au sérieux cette responsabilité éducative commune ? Moi aussi, j’ai voulu reprendre cette préoccupation, en m’arrêtant à diverses occasions pour parler de l’urgence éducative qui concerne aujourd’hui toutes les familles, l’Eglise, la société, et en particulier les nouvelles générations. En grandissant, les jeunes ont besoin de personnes qui sachent enseigner à travers leur vie, avant même que par leurs paroles, à se consacrer à des idéaux élevés.

Mais où puiser la lumière et la sagesse pour accomplir cette mission qui nous concerne tous dans l’Eglise et dans la société ? Il ne suffit pas, bien sûr, de faire appel aux ressources humaines ; il faut aussi se fier en premier lieu à l’aide divine. « Le Seigneur est fidèle pour toujours » : c’est ainsi que nous avons prié tout à l’heur
e dans le Psaume responsorial, assurés que Dieu n’abandonne jamais ceux qui lui sont fidèles. C’est ce que rappelle le thème de la 24e Journée mondiale de la jeunesse, qui sera célébrée dans les diocèses dimanche prochain. Celui-ci est tiré de la première Lettre à Timothée de saint Paul : « Nous avons mis notre espérance dans le Dieu vivant » (4, 10). L’apôtre parle au nom de la communauté chrétienne, au nom de ceux qui ont cru dans le Christ et qui sont différents de ceux « qui n’ont pas d’espérance » (1 Th 4, 13), précisément parce qu’au contraire, ils espèrent, c’est-à-dire qu’ils ont confiance en l’avenir, une confiance non pas fondée sur des idées ou des prévisions humaines, mais bien sur Dieu, le « Dieu vivant ».

Chers jeunes, on ne peut pas vivre sans espérer. L’expérience montre que chaque chose, et notre vie elle-même, sont menacées, peuvent s’écrouler pour un motif qui nous est propre ou étranger, à tout moment. C’est normal : tout ce qui est humain, et donc même l’espérance, n’a aucun fondement en soi, mais a besoin d’un « roc » auquel s’accrocher. Voilà pourquoi Paul écrit que les chrétiens sont appelés à fonder l’espérance humaine sur le « Dieu vivant ». Ce n’est qu’en Lui qu’elle devient sûre et fiable. Plus encore, Dieu seul qui en Jésus Christ et qui nous a révélé la plénitude de son amour, peut être notre espérance solide. En effet, en Lui, notre espérance, nous avons été sauvés (cf. Rm 8, 24).

Toutefois faites attention : dans des moments comme celui-ci, étant donné le contexte culturel et social dans lequel nous vivons, le risque de réduire l’espérance chrétienne à une idéologie, à un slogan de groupe, à un revêtement extérieur, pourrait être plus fort. Rien de plus contraire au message de Jésus ! Il ne veut pas que ses disciples « récitent » un rôle, comme par exemple celui de l’espérance. Il veut qu’ils « soient » l’espérance, et ils ne peuvent l’être que s’ils restent unis à Lui ! Il veut que chacun de vous, chers jeunes amis, soit une petite source d’espérance pour son prochain, et que vous deveniez tous ensemble une oasis d’espérance pour la société au sein de laquelle vous êtes insérés. Or, cela n’est possible qu’à une condition : que vous viviez de Lui et en Lui, à travers la prière et les Sacrements, comme je vous l’ai écrit dans le Message de cette année. Si les paroles du Christ demeurent en nous, nous pouvons diffuser la flamme de l’amour qu’Il a allumée sur terre ; nous pouvons porter haut la flamme de la foi et de l’espérance, avec laquelle nous avançons vers Lui, tandis que nous attendons son retour glorieux à la fin des temps. C’est la flamme que le pape Jean-Paul II nous a laissée en héritage. Il me l’a remise, en tant que son successeur ; et ce soir, je la remets idéalement, une fois de plus, de façon spéciale à vous, jeunes de Rome, afin que vous continuiez à être des sentinelles du matin, veilleurs vigilants et joyeux en cette aube du troisième millénaire. Répondez généreusement à l’appel du Christ ! En particulier, au cours de l’année sacerdotale qui commencera le 19 juin prochain, soyez disponibles, si Jésus vous appelle, à le suivre sur la voie du sacerdoce et de la vie consacrée.

« Voici venu le moment favorable ; voici venu le jour du salut ! ». Au chant de l’Evangile, la liturgie nous a exhortés à renouveler à présent, – et chaque instant est un « moment favorable » – notre volonté ferme de suivre le Christ, certains qu’Il est notre salut. Tel est, au fond, le message que nous répète ce soir Jean-Paul II. Tandis que nous confions son âme élue à l’intercession maternelle de la Vierge Marie qu’il a toujours aimée tendrement, nous espérons vivement que du ciel, il ne cesse de nous accompagner et d’intercéder pour nous. Qu’il aide chacun de nous à vivre, comme il l’a fait, en répétant jour après jour à Dieu, à travers Marie et avec une pleine confiance : Totus tuus. Amen !

© Copyright du texte original en italien : Librairie Editrice du Vatican
Traduction : Zenit

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ZENIT Staff

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