Vietnam : 4 peines de prison avec sursis, 3 de « rééducation » et 1 avertissement

Les catholiques de Thai Ha n’ont cessé de proclamer leur innocence

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ROME, Mardi 9 décembre 2008 (ZENIT.org) – A Hanoi, quatre peines de prison avec sursis, trois peines de « rééducation sans détention » et un « avertissement » ont été prononcés, à l’issue du procès des huit catholiques de la paroisse de Thai Ha qui a eu lieu le 8 décembre, annonce « Eglises d’Asie » (EDA), l’agence des Missions étrangères de Paris.

Il a fallu quelque temps après la sortie des accusés hors de la salle d’audience et leur retour triomphant à travers les rues de Hanoi vers la paroisse de Thai Ha, pour connaître avec précision les détails de la sentence prononcée le 8 décembre, à 16 h 50 (heure locale), par le Tribunal populaire  de l’arrondissement de Dông Da contre les huit fidèles impliqués dans le procès.

Un communiqué publié en fin de journée par la communauté de Thai Ha précise le contenu précis de la sentence pour chacun des accusés :

1. Mme Nguyên Thị Nhi, née en 1962, de la paroisse de Muong Cat (diocèse de Hanoi), est condamnée à 17 mois de prison avec sursis pour trouble à l’ordre public.

2. Mme Ngô Thi Dung, née en 1954, est condamnée à 13 mois de prison avec sursis pour destruction de biens et trouble à l’ordre public.

3. M. Lê Quang Kiên, née à en 1945, de la paroisse de Hàng Bột (diocèse de Hanoi), est condamné à 13 mois de prison avec sursis pour destruction de biens et trouble à l’ordre public.

4. Mme Nguyên Thi Viêt, née en 1949, de la paroisse de Thai Ha, est condamnée à 12 mois de prison avec sursis pour destruction de biens et trouble à l’ordre public.

5. Mme Lê Thi Hoi, née en 1947, de la paroisse de Thai Ha, est condamnée à 15 mois de rééducation sans détention pour destruction de biens et trouble à l’ordre public.

6. M. Giuse Phạm Tri Nang, né en 1959, de la paroisse de Thuong Lệ (diocèse de Bac Ninh), est condamné à 12 mois de rééducation sans détention pour destruction de biens et troubles à l’ordre public.

7. M. Nguyên Dac Hung, né en 1977, de la paroisse de Tình Lam (diocèse de Hưng Hoa), est condamné à 12 mois de rééducation sans détention pour destruction de biens et trouble à l’ordre public.

8. M. Thai Thanh Hai, né en 1987, de la paroisse se de Thai Ha, a fait l’objet d’un avertissement pour destruction de biens et trouble à l’ordre public.

On a aussi appris dans la soirée que les avocats feraient appel de la décision du tribunal. Bien que celle-ci ne prévoie que des peines avec sursis, elle ne reconnaît pas l’innocence des huit inculpés. Le communiqué affirme également que les peines prononcées, même avec sursis, sont profondément injustes. La paroisse continuera sa lutte pour que l’innocence des huit fidèles soit entièrement reconnue.

Le procès, entamé à 8 h 30 du matin, après une pause à midi, s’était poursuivi dans l’après-midi. Au cours des interrogatoires de la matinée, aucun des huit accusés ne s’est reconnu coupable. A la sortie du tribunal, les huit militants pour la justice et la vérité, comme on les appelle sur place, et leur avocat ont été applaudis et acclamés à grands cris par le groupe de près d’un millier de catholiques massés devant le tribunal depuis le matin (1). On a également entendu, scandés longuement, les deux mots : « Acquittement… Innocence ».

Les huit fidèles comparaissaient devant le tribunal sous un double chef d’accusation : « Destruction de biens et troubles à l’ordre public », à l’exception de Mme Nguyên Thi Nhi, uniquement accusée de « troubles à l’ordre public » (2). La première accusation faisait référence à des faits ayant eu lieu le 15 août dernier. Les fidèles s’étaient frayé un passage dans une clôture et avaient pénétré dans une propriété de la paroisse accaparée par l’Etat. Les troubles de l’ordre public auraient été occasionnés par les rassemblements de prière organisés devant cette propriété, puis à l’intérieur, depuis le mois de janvier dernier. Selon les articles 345 et 543 du Code pénal vietnamien, ces infractions sont punies de deux ans à cinq ans de prison.

Les catholiques se sont très fortement mobilisés pour ce procès. Après la messe du matin à la paroisse de Thai Ha, l’ensemble de la communauté, les 14 religieux rédemptoristes en tête, a accompagné six des huit accusés (3) jusqu’au 55 de la rue Hoàng Câu, dans le quartier Ô Chi Dua. Là se trouve l’immeuble au quatrième étage duquel a eu lieu le procès. Chacun tenait une palme de cycas (insigne du martyr) à la main. D’importantes forces de police avaient été déployées et environ 300 catholiques ont pu parvenir jusqu’au lieu du procès. Les autres, des milliers, ont été arrêtés par des barrages de police, et tenus à l’écart en plusieurs endroits. Au bout de quelque temps, de nombreux manifestants sont arrivés à déjouer les barrages de police et sont venus grossir le groupe se tenant à proximité du lieu du procès. En certains endroits, des heurts sans gravité se sont produits entre la police et les catholiques qui, brandissant des pancartes portant des inscriptions du type : « Nous sommes innocents ! », ont essayé de forcer les barrages.

A 8 h 30, la salle du procès, de dimensions modestes, était déjà comble et n’acceptait plus personne. Les responsables n’ayant autorisé qu’un seul des 14 prêtres à participer au procès, aucun d’entre eux n’est entré. Seul le P. Nguyên Van Khai, qui avait reçu une invitation personnelle, a assisté au procès. Dans le public admis dans la salle d’audience, se trouvaient les parents des accusés (un seul par accusé), des représentants des ambassades des Etats-Unis, de France et de certains pays européen. Beaucoup de places étaient occupées par des délégués des associations patriotiques dont le Comité d’union du catholicisme et par des citoyens triés sur le volet.

Les autorités de la capitale se sont efforcées de limiter au maximum l’accès du public aux débats du procès. Deux jours avant le procès, la police avait commencé à transformer le quartier du tribunal populaire en place forte. Des barrières métalliques avaient été installées tout autour du siège du Comité populaire. Dans les divers quartiers de l’arrondissement, des réunions avaient été organisées pour informer la population. Des avis ont été affichés comme celui que l’on a pu lire dans le quartier de Trung Tu : « Lundi, 8 décembre, le Tribunal populaire de Hanoi juge huit accusés de la pagode (sic) de Thai Ha. Nous proposons à la population de ne pas venir. Aucun rassemblement n’est autorisé en quelque endroit que ce soit. » Bien que le Code de procédure pénale prévoie des débats publics pour ce genre de procès, une autorisation était nécessaire pour y assister. Celle-ci a été refusée à la plupart de ceux qui en ont fait la demande, en raison de l’exiguïté des locaux. Cela a été le cas, par exemple, pour les 13 religieux rédemptoristes de la paroisse de Thai Ha.

(1)            Les informations exploitées dans cet article ont été recueillies sur les deux sites en langue vietnamienne : Dong Chua Cuu Thê et VietCatholic News, qui ont informé des développements du procès heure par heure.

(2)            Cette dernière information n’a été connue que le 5 décembre par un communiqué de presse du président du parquet populaire, M. Dao Van Cuong.

(3)            Les deux autres accusés, Mme Nguyên Thi Nhi et Mme Ngô Thi Dung, étant internées, elles ont été transportées directement par la police au tribunal.

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ZENIT Staff

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