ROME, Mercredi 3 décembre 2008 (ZENIT.org) – Invité par les responsables de la pastorale universitaire de Rome, le sous-directeur du quotidien italien Corriere della Sera, Magdi Cristiano Allam, a rencontré les étudiants au Théâtre Argentina, jeudi dernier, et retracé pour eux les étapes de sa conversion de l’islam au catholicisme.
Partant de la nuit de Pâques 2008 (« le plus beau jour de ma vie »), où il a reçu le baptême des mains du pape Benoît XVI à Saint-Pierre, le journaliste italo-égyptien a raconté les épisodes et les réflexions qui l’ont amené à choisir de vivre « une nouvelle vie en Jésus Christ » et d’entreprendre « un nouveau parcours de spiritualité ».
« Ce cheminement, a raconté Magdi Cristiano Allam, a commencé dans des circonstances apparemment fortuites, en réalité providentielles. Depuis l’âge de quatre ans j’avais eu l’occasion de fréquenter, en Egypte, des écoles catholiques italiennes : d’abord chez les sœurs comboniennes et puis, dès la septième, chez les salésiens ».
« J’y ai reçu ainsi une éducation qui m’a transmis des valeurs saines et qui m’a fait apprécier la beauté, la vérité, la bonté et le bon sens de la foi chrétienne », où « la personne n’est pas un moyen mais un point de départ et d’arrivée », a poursuivi Magdi Cristiano Allam.
« Grâce au christianisme, a-t-il expliqué, j’ai compris que la vérité est l’autre facette de la liberté : elles sont un binôme indissoluble. La phrase ‘La vérité rend libre’ est un principe que vous, les jeunes, vous ne devriez jamais perdre de vue, surtout aujourd’hui où, au mépris de la vérité, on abdique à la liberté ».
« Ma conversion, a-t-il ajouté, je la dois à la présence de grands témoins de la foi, dont le premier de tous est sa Sainteté le pape Benoît XVI. Ceux qui ne sont pas convaincus de leur foi, c’est souvent parce qu’ils n’ont pas trouvé dans leur vie des témoins crédibles de ce grand don ».
« Le second binôme indissoluble du christianisme, a déclaré le journaliste, est sans aucun doute le binôme entre la foi et la raison. Cette dernière est en mesure de concrétiser notre humanité, la sacralité de la vie, le respect de la dignité humaine et de la liberté à choisir sa religion ».
« Un événement, avant ma conversion, m’a fait réfléchir plus que les autres, a-t-il révélé : le discours du pape à Ratisbonne (12 septembre 2006). A cette occasion, le pape, citant l’empereur byzantin Manuel II Paléologue, a affirmé ce que les musulmans eux-mêmes n’ont jamais contesté, à savoir que l’islam répand son credo, surtout par l’épée ».
« Il existe un danger plus subtil et plus grand que celui du terrorisme des coupe-gorges, a poursuivi Magdi Cristiano Allam ; c’est le terrorisme des coupe-langues, la peur d’affirmer et de divulguer notre foi et notre civilisation, qui nous porte à nous autocensurer et à renier nos valeurs, mettant sur le même plan tout et le contraire de tout : on peut penser à la sharia appliquée aussi en Angleterre ».
« Le soi-disant ‘bonisme’, a-t-il ajouté, qui revient à toujours concéder à l’autre ce qu’il veut, est l’exact contraire du bien commun, parfaitement indiqué par Jésus : ‘aime ton prochain comme toi-même’ (Mt 19, 16-19). Ce précepte évangélique nous confirme que, tant que nous ne nous aimerons pas nous-mêmes, nous ne pourrons aimer les autres correctement. Ceci vaut aussi pour notre civilisation ».
« L’indifférentisme et le multiculturalisme, a encore dit Magdi Cristiano Allam, sont le contraire d’un tel principe. Sans aucune identité propre, ils prétendent concéder à pleines mains des droits en tous genres et à tous. Le résultat du multiculturalisme a été l’implosion de la solidité sociale et le développement de ghettos et de groupes ethniques en conflit permanent avec la population autochtone ».
« Ceci me conduit à considérer le troisième grand binôme de la civilisation chrétienne, celui qui concerne les règles et les valeurs, tremplin d’un possible rachat éthique pour l’Europe actuelle, a-t-il poursuivi. Mais le vieux continent est un colosse de matérialité aux pieds d’argile. En effet, le matérialisme est un phénomène mondialisé, contrairement à la foi qui ne l’est pas ».
En réponse à une question sur une éventuelle comptabilité entre la foi et la raison dans l’islam, l’ex musulman Magdi Cristiano Allam a expliqué qu’« à la différence du christianisme, religion du Dieu incarnée dans l’homme », l’islam se concrétise dans un texte sacré qui, « faisant un avec Dieu, n’est pas interprétable ».
« Les gestes de Mahomet, a-t-il poursuivi, documentés par l’histoire et que les fidèles musulmans eux-mêmes ne contestent pas, témoignent de massacres et de tueries perpétrés par le prophète. Donc le Coran est incompatible avec les droits humains fondamentaux et les valeurs non négociables. J’ai essayé autrefois de devenir le porte-parole d’un islam modéré mais j’en ai été fortement empêché. Il peut y avoir des musulmans modérés, mais pas un islam modéré en soi ».
A propos de dialogue entre l’islam et le christianisme, le sous-directeur du Corriere della Sera a déclaré que ce dialogue n’est possible que si « nous sommes d’authentiques chrétiens en amour, envers les musulmans aussi. Si nous relativisons le dialogue, nous encourageons nos interlocuteurs à nous regarder comme des infidèles, donc à devenir pour eux un terrain de conquête ».
S’adressant aux étudiants présents dans la salle, Magdi Allam a souligné l’importance d’une éducation qui retransmette « une conception éthique de la vie, avec des valeurs et des règles au centre de tout ». La négation de tels principes est, à son avis, « le capitalisme sauvage qui, paradoxalement, trouve sa plus haute affirmation, dans la Chine communiste ».
« Nous ne pouvons pas concevoir la personne en termes ‘d’entreprise’ et devons trouver des règles de coexistence qui ne soient pas fondées sur le matérialisme. Nous devons redéfinir notre société sur l’ ‘être’ et non plus sur l’ ‘avoir’ », a conclu Cristiano Magdi Allam.
Luca Marcolivio
Traduit de l’italien par Isabelle Cousturié