ROME, Dimanche 14 septembre 2008 (ZENIT.org) - Nous publions ci-dessous l'allocution prononcée par Mgr Jacques Perrier, évêque de Tarbes et Lourdes, au début de la messe présidée par le pape Benoît XVI ce dimanche matin à Lourdes, sur la prairie, à l'occasion du 150e anniversaire des apparitions de la Vierge à Bernadette Soubirous.
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Très Saint Père,
Le 15 août dernier, à l'Angelus, vous déclariez : « En ce moment, je pense spécialement à cette singulière citadelle mondiale de la vie et de l'espérance qu'est Lourdes. » La ville de Lourdes, depuis mille ans et plus, est dominée par une citadelle de pierre.
Mais la vraie citadelle de Lourdes, c'est une source toujours pure, toujours fraîche, toujours lumineuse. Elle coule depuis 150 ans dans la grotte de Massabielle et elle n'est pas près de tarir. Elle est signe de vie et d'espérance, selon vos propres paroles. En cette année jubilaire, 10 millions de pèlerins, venus de tous les pays du monde, ont pensé comme vous. Ils sont passés par Lourdes pour chercher des raisons de vivre et d'espérer. Ils sont venus à la source d'eau vive.
Le 15 août, après avoir déclaré Lourdes citadelle mondiale de la vie et de l'espérance, vous poursuiviez : « ...Lourdes où, s'il plaît à Dieu, je me rendrai dans un mois. » Heureusement, il a plu à Dieu que vous soyez là et vous êtes là. Soyez le bienvenu !
« Bienvenu » : tous les pèlerins, tous ceux qui passent par Lourdes sont les bienvenus. Votre présence mérite plus qu'un souhait de bienvenue. Elle est une bénédiction qu'il nous faut accueillir.
Une fois dans ma vie, j'ai reçu un don de prédiction. C'était le 19 avril 2005. Les radios venaient d'annoncer qu'un pape était élu. J'ai ouvert la télévision pour savoir qui aurait la tâche redoutable de succéder au très aimé pape Jean-Paul II. Tout en attendant, je me surpris à dire à quelqu'un qui se trouvait près de moi : « J'espère qu'il prendra le nom de Benoît. »
Je ne pensais pas alors à saint Benoît. Je ne pensais pas non plus à Benoît XV, calomnié quand il voulut être artisan de paix durant la première guerre mondiale. En disant « j'espère qu'il prendra le nom de Benoît », je pensais à notre monde. Il arrive à notre monde de se croire maudit, car il s'aperçoit que ses merveilleuses découvertes peuvent se retourner contre lui. Plus souvent encore, il se croit oublié, errant sans but sous un ciel vide et muet. Dans ce monde en dépression de sens, la mission de l'Eglise est de dire au monde qu'il est aimé et que, malgré ses blessures, il est béni. Le signe suprême de cette bénédiction, c'est la Croix, la Croix glorieuse du Seigneur que nous fêtons aujourd'hui.
Elle surmonte notre assemblée parce qu'elle est le signe commun à tous les chrétiens. Elle est présente sur l'autel pour l'Eucharistie qui fait mémoire de l'amour infini du Christ. Elle est là, au pied de cette estrade, en pleine assemblée, la croix des Journées Mondiales de la Jeunesse. Elle les a réunis, autour de vous, à Sydney. Elle les réunit de nouveau autour de vous, ici à Lourdes, près de la Grotte. A la suite du pape Jean-Paul II, vendredi soir devant Notre-Dame de Paris, vous avez dit aux jeunes : « Je vous confie la Croix du Christ. » Vous la leur confiez comme un trésor, comme une source de bénédiction.
Par le nom que vous avez choisi, Très Saint-Père, vous démentez les prophètes de malheur. Ce monde n'est pas perdu. Il est sauvé. Soyez béni, Saint-Père, dans votre ministère ! Que vos années au service de l'Eglise, comme témoin de l'Evangile, soient pour le monde, de la part de Dieu, un signe de bénédiction ! Ici à Lourdes, nous confierons sans relâche cette intention à Marie, la nouvelle Eve, l'Immaculée Conception, celle qui est bénie entre toutes les femmes.
+ Jacques PERRIER