ROME, Jeudi 18 septembre 2008 (ZENIT.org) - Il n'existe « à priori » aucune incompatibilité entre les thèses de Charles Darwin et la Bible, affirme le président du conseil pontifical de la culture, Mgr Gianfranco Ravasi.

Mgr Ravasi, qui est aussi président de la commission pontificale pour les biens culturels de l'Eglise, a évoqué la personnalité du biologiste britannique, l'auteur d'une théorie sur l'évolution, en présentant les travaux d'un congrès international qui se tiendra du 3 au 7 mars prochains à Rome.

Le symposium qui aura pour thème : « L'évolution biologique: faits et théories - une évaluation critique cent cinquante ans après l'origine des espèces », réunira à Rome des philosophes, des théologiens et des scientifiques.

Lors d'une rencontre avec les journalistes mardi dernier à la salle de presse du Saint-Siège, Mgr Ravasi a voulu « réaffirmer la non incompatibilité à priori entre les théories de l'évolution et le message de la Bible et de la théologie ».

Darwin, a-t-il rappelé « n'a jamais été condamné, 'L'origine des espèces' n'est pas à l'index, mais surtout il y a des ‘pronunciamientos' du magistère de l'Eglise qui, sur cette question de l'évolution, sont très significatifs ».

L'intérêt de ce congrès, a fait savoir Mgr Ravasi, est de vouloir « chercher par tous les moyens à entrecroiser de manière harmonieuse d'un côté, bien sur, la partie scientifique, qui occupera une large place les premiers jours, et les parties philosophique et théologique ».

L'évènement entre dans le cadre du Projet Stoq (Science, Theology and the Ontological Quest), qui veut construire un pont philosophique entre la science et la théologie grâce à divers programmes d'études, cours universitaires, cycles de conférences, publications scientifiques, etc.

Ces assises sont organisées par l'université pontificale grégorienne et la Notre Dame University des Etats-Unis, sous le haut patronage du conseil pontifical de la culture.

Mgr Ravasi a rappelé deux pronunciamientos historiques du magistère pontifical concernant l'évolution: l'Encyclique Humani generis de Pie XII, du 12 août 1950, et le Message de Jean Paul II à l'assemblée plénière de l'Académie pontificale des sciences, du 22 octobre 1996.

Mgr Ravasi a expliqué que le congrès essaie d'affronter le débat sur la base de trois attitudes fondamentales: la recherche (sérieuse, non approximative, au-delà des lieux communs), l'humilité et l'optimisme.

Il reconnaît que théologiens, philosophes et scientifiques œuvrent sur « des terrains différents », « mais l'important est d'éviter qu'il n'y ait de démarcation telle une ‘muraille de Chine ou un ‘rideau de fer', au-delà de laquelle on ne voudrait regarder soit par mépris ou par absence de désir ».

« Distinguer », a-t-il dit, ne veut pas dire « séparer ». « La distinction est nécessaire! Il faut donc que le théologien fasse lui aussi preuve d'humilité, qu'il écoute et apprenne ; et que disparaisse en même temps l'arrogance de certains scientifiques qui se moquent de ceux qui s'obstinent dans la foi, considérée (la foi ou la théologie) comme le reliquat d'un paléolithique intellectuel désormais jeté aux marges de ce lumineux sentier du progrès battu par la science ».

Au cours de la conférence de presse sont également intervenus le père Marc Leclerc, S.J., professeur de philosophie de la nature à l'université pontificale grégorienne, le professeur Gennaro Auletta, directeur scientifique du Projet STOQ et professeur de philosophie de la science à l'université pontificale grégorienne, et le professeur Alessandro Minelli, professeur de zoologie à l'université de Padoue.

Le père Leclerc a constaté que « les discussions autour de la théorie de l'évolution se font de plus en plus vives, tant dans le monde chrétien que dans les milieux évolutionnistes, en particulier à l'approche des anniversaires darwiniens, en 2009: 150 ans après la sortie de 'L'origine des espèces', l'œuvre de Charles Darwin est encore trop souvent discutée plus idéologiquement que scientifiquement, alors qu'il s'agissait pour son auteur d'une théorie de nature scientifique ».

C'est pourquoi, a expliqué le père jésuite en soulignant les motifs de ce prochain congrès à Rome, « face à cette situation, il est apparu nécessaire aux scientifiques, philosophes et théologiens chrétiens, directement impliqués, de clarifier le débat avec leurs confrères d'autres confessions ou sans confession particulière ».

« Il s'agit de susciter une vaste réflexion rationnelle qui favorise un dialogue constructif entre chercheurs de diverses disciplines et origines », a-t-il ajouté.