ROME, Lundi 15 septembre 2008 (ZENIT.org) – Le pape Benoît XVI a prôné une « laïcité ouverte » et le cardinal André Vingt-Trois est revenu que le sujet à la demande de la presse lors d’une rencontre à Lourdes, dimanche soir.
Le cardinal Vingt-Trois a rappelé hier à Lourdes qu’en France, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, en France et aussi ailleurs en Europe, par exemple en Pologne, a surgi un mouvement ayant pour objectif de « combattre le catholicisme » : « Le ‘Kultur Kampf’ de Bismarck, disait-il notamment, ‘n’était pas tourné contre l’islam ou contre le judaïsme’. Et dans le titre de la loi française appelée de ‘séparation des Eglises et de l’Etat’, si tout le monde ‘savait ce que c’était que l’Etat’, ‘l’Eglise dont il fallait se séparer c’était plutôt l’Eglise catholique’. Cette question de la ‘laïcité du système politique et de l’Etat’ a été ‘vécue sur un mode polémique et dans une perspective militante’. Mais ‘l’Etat n’est pas l’expression exhaustive de la société’ », faisait observer l’archevêque de Paris.
Mais les « péripéties historiques » – l’archevêque citait la Première Guerre mondiale qui conduisit à « considérer les choses autrement » – ont conduit, faisait observer le cardinal Vingt-Trois, à « progressé dans une pratique pragmatique de la laïcité, non plus une pratique militante, mais dans une coexistence que l’on peut dire pacifique ».
« Le pas que le président Sarkozy a franchi », dans sa conférence au Latran, le 20 décembre 2007, et à Riyad, le 14 janvier 2008, a été, expliquait l’archevêque, de « proposer une analyse du fonctionnement social dans lequel l’appartenance religieuse n’est plus un tabou, mais est considérée comme un apport spécifique utile à la vie de la société ».
« Dire que cette approche est une ‘laïcité ouverte’, c’est dire qu’on n’est plus dans une situation où l’on pouvait collaborer à des activités collectives à condition de ne pas dire pourquoi on le faisait, on pouvait être bon citoyen ‘bien que croyant’. On peut dire aujourd’hui qu’il ne serait pas impossible d’être ‘bon citoyen parce que croyant’ : ce n’est pas tout à fait la même chose. Cela veut dire que quantité d’hommes et de femmes qui sont engagés dans des activités collectives non confessionnelles comme les « Restos du Cœur » par exemple, peuvent exprimer au moins un aspect des motifs pour lesquels il sont là et qui ne sont pas honteux. Il n’est pas honteux qu’un chrétien cherche à mettre en pratique la solidarité, ce n’est pas un ‘crime’ qui relèverait des tribunaux ». Une allusion peut être aux procès faits aux congrégations religieuses au début du XXe siècle en France.
On se souvient qu’à l’occasion de l’anniversaire de la loi de 1905, le pape Jean-Paul II déjà avait adressé une Lettre à Mgr Jean-Pierre Ricard – aujourd’hui cardinal – , archevêque de Bordeaux et alors président de la conférence des évêques de France, et à tous les Évêques de France, dans laquelle il proposait de « réfléchir sur l’histoire religieuse en France au cours du siècle écoulé ». Il concluait : « Que personne n’ait peur de la démarche religieuse des personnes et des groupes sociaux ! Vécue dans le respect de la saine laïcité, elle ne peut qu’être source de dynamisme et de promotion de l’homme ».
Anita S. Bourdin