ROME, Mercredi 18 juin 2008 (ZENIT.org) – Benoît XVI a évoqué la figure de saint Isidore, évêque de Séville, le « dernier des Pères chrétiens de l’antiquité », qui a su unir la contemplation et l’action, un savoir encyclopédique de la culture païenne, et une connaissance profonde de la culture chrétienne.
Benoît XVI a tenu l’audience générale du mercredi place Saint-Pierre, consacrant sa catéchèe à Isidore de Séville, déclaré par le Concile de Tolède de 653, « illustre maître de notre époque, et gloire de l’Eglise catholique ».
Le pape a invité les chrétiens à « aimer Dieu dans la contemplation » et à « aimer son prochain par l’action ».
Le pape soulignait qu’Isidore « doit beaucoup » à Léandre, son frère aîné, évêque de Séville avant lui, « une personne très exigeante, studieuse et austère, qui avait créé autour de son petit frère un contexte familial caractérisé par les exigences ascétiques propres à un moine et par les rythmes de travail demandés par un engagement sérieux dans l’étude ».
Le contexte historique de l’exercice de leur ministère est l’occupation de la péninsule ibérique par les Wisigoths, « barbares et ariens », : « il fallait les gagner à la romanité et au catholicisme ». Et, « au cours des années de son enfance, il avait dû vivre l’expérience amère de l’exil ».
Savoir encyclopédique
Mais le pape évoque aussi le « climat serein et ouvert » de l’évêché de Séville, les « intérêts culturels et spirituels d’Isidore », et sa connaissance encyclopédique de la culture classique païenne et une connaissance approfondie de la culture chrétienne ». En effet, « la richesse des connaissances culturelles dont disposait Isidore lui permettait de confronter sans cesse la nouveauté chrétienne avec l’héritage classique gréco-romain, même s’il semble que plus que le don précieux de la synthèse il possédait celui de la « collatio », c’est-à-dire celui de recueillir, qui s’exprimait à travers une extraordinaire érudition personnelle ».
« Dans le débat à propos des divers problèmes théologiques, faisait encore remarquer le pape, il montre qu’il en perçoit la complexité et il propose souvent avec acuité des solutions qui recueillent et expriment la vérité chrétienne complète », ce qui a « permis aux croyants au cours des siècles de profiter avec reconnaissance de ses définitions jusqu’à notre époque ».
Son ministère était marqué, soulignait le pape d’un « grand enthousiasme apostolique: il vivait l’expérience de l’ivresse de contribuer à la formation d’un peuple qui retrouvait finalement son unité, tant sur le plan politique que religieux, avec la conversion providentielle de l’héritier au trône wisigoth, Ermenégilde, de l’arianisme à la foi catholique ».
Conflit intérieur permanent
Pourtant, Benoît XVI relève son « conflit intérieur permanent, très semblable à celui qu’avait déjà éprouvé Grégoire le Grand et saint Augustin, partagé entre le désir de solitude, pour se consacrer uniquement à la méditation de la Parole de Dieu, et les exigences de la charité envers ses frères, se sentant responsable de leur salut en tant qu’évêque ».
Il recommande la « synthèse d’une vie qui recherche la contemplation de Dieu, le dialogue avec Dieu dans la prière et dans la lecture de l’Ecriture Sainte, ainsi que l’action au service de la communauté humaine et du prochain ». « Cette synthèse, disait le pape, est la leçon que le grand évêque de Séville nous laisse à nous aussi, chrétiens d’aujourd’hui, appelés à témoigner du Christ au début d’un nouveau millénaire ».
A son exemple, le pape recommandait aux francophones : « Je vous invite à faire dans votre vie l’unité entre la contemplation de Dieu et le service de vos frères ».
Anita S. Bourdin