ROME, Vendredi 25 avril 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile du dimanche 27 avril, sixième dimanche de Pâques, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.
Evangile de Jésus Christ selon saint Jean 14, 15-21
À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : c’est l’Esprit de vérité. Le monde est incapable de le recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure auprès de vous, et qu’il est en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous. D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi. En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous. Celui qui a reçu mes commandements et y reste fidèle, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. »
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Devenir des paraclets
Dans l’Evangile, Jésus parle de l’Esprit Saint aux disciples en utilisant le terme de Paraclet qui signifie tour à tour consolateur et défenseur, ou bien les deux à la fois. Dans l’Ancien Testament, Dieu est le grand consolateur de son peuple. Ce « Dieu de la consolation » (Rm 15, 4), s’est « incarné » en Jésus Christ qui se définit, en effet, comme le premier consolateur ou le Paraclet (Jn 14, 15). Etant celui qui continue l’œuvre du Christ et qui mène à bien les œuvres communes de la Trinité, L’Esprit Saint ne pouvait pas ne pas se définir, lui aussi, Consolateur, « le Consolateur qui sera avec vous à jamais », comme le définit Jésus. Après Pâques, l’Eglise tout entière a vécu une expérience vivante et forte de l’Esprit comme consolateur, défenseur, allié, face aux difficultés extérieures et intérieures, dans les persécutions, dans les procès, dans la vie de chaque jour. Dans les Actes nous lisons : « Dans la crainte du Seigneur, elle [l’Eglise] se construisait et elle avançait, elle se multipliait avec l’assistance de l’Esprit Saint » (Ac 9, 31).
Nous devons à présent en tirer une conséquence pratique pour la vie. Nous devons devenir nous-mêmes des paraclets ! S’il est vrai que le chrétien doit devenir « un autre Christ », il est tout aussi vrai qu’il doit être un « autre Paraclet ». Non seulement l’Esprit Saint nous console, mais il nous rend également capable, à notre tour, de consoler les autres. La consolation véritable vient de Dieu qui est le « Père de toute consolation ». Elle se pose sur celui qui se trouve dans l’affliction ; mais elle ne s’arrête pas en lui ; son but ultime est atteint lorsque celui qui a fait l’expérience de la consolation s’en sert à son tour pour consoler son prochain, avec la même consolation avec laquelle il a été consolé par Dieu. C’est-à-dire en ne se contentant pas de répéter des paroles de circonstance stériles qui ne laissent aucune marque (« courage, ne t’abat pas ; tu verras que tout se résoudra pour le mieux ! »), mais en transmettant l’authentique « consolation qui vient des Ecritures », en mesure de « garder l’espérance vivante » (cf. Rm 15, 4). C’est ainsi que s’expliquent les miracles qu’un seul mot ou un seul geste, accomplis dans un climat de prière, sont capables d’opérer au chevet d’un malade. C’est Dieu qui console cette personne à travers toi !
Dans un certain sens, l’Esprit Saint a besoin de nous pour être Paraclet. Il veut consoler, défendre, exhorter ; mais il n’a pas de bouche, de mains, d’yeux pour « donner corps » à sa consolation. Ou plus exactement, il a nos mains, nos yeux, notre bouche. La phrase de l’Apôtre aux chrétiens de Thessalonique : « Réconfortez-vous les uns les autres » (1 Th 5, 11), devrait se traduire à la lettre par : « Soyez des paraclets les uns pour les autres ». Si le réconfort que nous recevons de l’Esprit ne passe pas aux autres à travers nous, si nous voulons le garder de manière égoïste seulement pour nous, celui-ci se corrompt très vite. Voilà pourquoi une belle prière, attribuée à saint François d’Assise, dit : « Je ne dois pas tant chercher à être consolé qu’à consoler; à être compris, qu’à comprendre; à être aimé, qu’à aimer ».
A la lumière de ce que j’ai dit, il n’est pas difficile de découvrir qui sont aujourd’hui, autour de nous, les paraclets. Ce sont ceux qui se penchent sur les malades en phase terminale, sur les malades du SIDA, qui se soucient d’alléger la solitude des personnes âgées, les volontaires qui consacrent leur temps aux visites dans les hôpitaux. Ceux qui se consacrent aux enfants victimes d’abus de tous genres, chez eux et à l’extérieur. Concluons ici cette réflexion avec les premiers versets de la Séquence de Pentecôte, où l’Esprit Saint est invoqué comme le « consolateur souverain » :
« Viens en nous, père des pauvres, viens dispensateur des dons, viens, lumière de nos cœurs. Consolateur souverain, hôte très doux de nos âmes, adoucissante fraîcheur. Dans le labeur, le repos ; dans la fièvre, la fraîcheur ; dans les pleurs, le réconfort ».
Traduit de l’italien par Zenit