Avortement, euthanasie… : et l’hôpital catholique ?

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On ne peut prétendre d’un hôpital catholique qu’il pratique l’avortement ou l’euthanasie

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ROME, Mercredi 23 avril 2008 (ZENIT.org) – Préserver son identité, la conception de l’homme et apporter la valeur ajoutée du christianisme : c’est ce qui doit caractériser la présence des services de santé catholiques sur le marché, a déclaré le père Aurelio Mozzetta lors d’une table-ronde organisée par le Conseil pontifical pour la pastorale des services de la santé (www.healthpastoral.org). 

« Hôpitaux catholiques, quel avenir ? » était le thème de la table-ronde organisée jeudi 17 avril à Rome, dans le cadre de la publication des actes du IIIème Congrès mondial de l’Association internationale des institutions sanitaires catholiques (AISAC), qui a eu lieu du 3 au 5 mai 2007. 

Invité par le dicastère, et partant de sa propre expérience, le supérieur général des frères hospitaliers de la congrégation des Fils de l’Immaculée conception, a affronté la question : « Les services de santé catholique entre charismes et marché ». 

Il existe une « valeur ajoutée chrétienne à offrir sur le marché » a souligné le père Mozzetta: il revient aux services de santé catholique de fournir « un service religieux ponctuel et minutieux ; d’offrir aux malades une attention et une qualité d’accueil, conforme à une ‘philosophie chrétienne’ (pastorale) explicite de la santé ». 

« Nous ne voulons pas être assimilés à ceux qui font de la santé une marchandise, a-t-il ajouté: à parité de prestations, objet de libre concurrence, les services de santé catholique doivent se caractériser par la vision qu’ils ont de l’homme et de l’homme malade ». 

Il est un devoir pour l’hôpital catholique d’être présent sur le marché avec « compétence et qualité », mais, souligne le père Mozzetta, « dans le respect de la liberté religieuse et de la liberté de pensée, personne ne saurait nous demander de renoncer à notre conception de l’homme et de Dieu, ni de contredire notre identité ecclésiale, ni d’exercer des avortements ou de pratiquer l’euthanasie ». 

Se concentrant sur le lien entre services de santé catholique et congrégations religieuses, le père Mozzetta  a rappelé que les congrégations accomplissent les œuvres de l’Eglise. Mais, a-t-il ajouté, « nous, qui nous occupons des malades, nous pouvons le faire soit parce que la communauté ecclésiale nous donne les ressources pour le faire, soit parce que, en travaillant, selon l’exemple des Fondateurs [de chaque congrégation], non seulement nous prenons soin du malade, mais nous tirons de nos activités les moyens de subvenir à nos besoins ». 

Cela dit, nous vivons actuellement une situation de crise: au regard de la complexité de leur présence sur le marché, les religieux tendent à réduire leur propre engagement direct, à se limiter à des activités d’aumôneries ; ils « affirment leur propre impossibilité à se confronter en terme de compétition, car ils estiment que le marché n’est pas fait pour eux et qu’ils ne sont pas faits pour le marché », relève le supérieur. 

« Les institutions perdent progressivement leur capacité à être présentes sur le marché, finissant ainsi par céder leurs structures à des sociétés privées ». 

Quoiqu’il en soit, « la spécificité des religieux en matière de santé est bien plus qu’une histoire de propriété et d’aumônerie, et elle nous encourage à une présence capable de relever le défi du marché », a déclaré le père Mozzetta devant un parterre de représentants d’ordres religieux hospitaliers, d’institutions du Vatican et d’institutions religieuses, d’associations sanitaires catholiques, d’instituts sanitaires et universitaires, et des médias, convoqués par le Conseil pontifical pour la pastorale des services de la santé,. 

« Nous ne voulons pas renoncer à la ‘propriété’, car non seulement nous sommes des gérants, des ouvriers, mais nous sommes également dépositaires d’un mandat, et la propriété est la richesse née de l’austérité et non de l’exploitation humaine; visant à la charité. Nous ne voulons pas renoncer à la ‘gestion’, car si nous sommes des employeurs ou des employés, nous sommes aussi porteurs de hautes valeurs et porteurs des valeurs d’autrui; nous ne voulons pas renoncer à  nos ‘prestations’ auprès du malade, car au-delà du fait que nous soyons des patrons ou des gestionnaires, nous sommes aussi et surtout des apôtres de la charité ». 

Selon le père Mozzetta, la présence des religieux en matière de santé suppose une intervention vraiment globale qui implique « une qualité d’accueil et de soins auprès du malade, un souci d’accompagnement, des attentions spirituelles, une préparation, un professionnalisme, une gestion, une recherche scientifique, un engagement culturel et une présence dans la politique de la santé ». 

« Les congrégations peuvent intervenir sur le marché si elles savent y être, souligne encore le père Mazzetta, dans le respect des lois économiques ; qu’elles ont les compétences et la préparation requises en matière de gestion,  tenant pour acquis que chaque religieux est à même de fournir de bonnes prestations et un service de qualité » . 

« Unité, exhaustivité et vision globale » sont les vrais ‘plus’ de la santé religieuse, qui dérivent de la racine de nos charismes et non de banales actions de repli contre la crise, le vieillissement ou la négation de nos droits de la part des organismes publics » . 

La vie religieuse est capable de « mettre sur pied l’hôpital et de le gérer de manière appropriée », « de le mettre sur le marché », « d’agir directement, d’offrir une assistance qui soit à la fois médicale et  spirituelle » , « d’unir des laïcs et des religieux autour d’un même projet » et de « promouvoir une nouvelle culture de la santé » , a-t-il souligné. 

Le père Mozzetta s’est dit conscient du fait que la question « santé et marché » représente un défi pour toute la vie religieuse car il s’agit aussi de gérer une entreprise et que la communauté religieuse n’est pas une entreprise. Néanmoins, a-t-il déclaré « elle peut posséder et diriger une entreprise », en tenant compte des facteurs juridiques et éthiques requis. 

« Si les religieux et leurs charismes veulent être présents sur le marché, ils doivent se confronter au monde de l’entreprise », relève-t-il. 

Aucune congrégation ne tient à perdre son identité, aussi « devons-nous chercher à unir, non pas les congrégations, mais les entreprises des congrégations », propose-t-il. 

Ces entreprises «  appartiennent aux différentes congrégations, sont dirigées par elles, mais elles sont distinctes l’une de l’autre », si bien que « l’on peut imaginer un projet qui puisse les unir, qui rationalise ce système de propriété », « qui unifie la gestion », « qui élimine les concurrences indues ». 

Cette action, conclut le père Mazzetta, donnerait « plus de pouvoir juridique par rapport aux organismes publics, en matière de crédit et d’organisation au niveau des travailleurs» ; favoriserait « une meilleure organisation du travail et des services plus efficaces » : enfin cela supposerait un sujet économique « en mesure de valoriser le patrimoine immobilier, l’épargne et les investissements de tous ceux qui sont intéressés à une gestion non seulement génériquement éthique, mais spécifiquement et ouvertement ‘catholique’ ». 

Marta Lago

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ZENIT Staff

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