L'acquittement de Lydie Debaine, une « violence inouïe »

Donner la mort à une personne malade ou handicapée

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ROME, Mardi 22 avril 2008 (ZENIT.org) – En France, l’acquittement de Lydie Debaine constitue une « violence inouïe », proteste Philippe de Lachapelle directeur de l’Office chrétien des personnes handicapées (OCH) qui dénonce ce « permis de tuer par amour » la personne malade ou handicapée (cf. Ci-dessous, en document, le texte complet.

L’acquittement de Lydie Debaine, cette maman qui a tué sa fille Anne-Marie atteinte d’un grave handicap, est dramatique », estime Philippe de Lachapelle.

Une « violence inouïe »

L’acquittement de Lydie Debaine, cette maman qui a tué sa fille Anne-Marie atteinte d’un grave handicap, est dramatique. Certes, chacun a pu être touché par la souffrance de cette maman, qui s’est peu à peu laissée enfermer dans une relation exclusive avec sa fille, ne trouvant aucun soutien ajusté, et craignant que sa fille soit mal traitée dans le seul établissement qu’elle ait pu trouver.

Sans doute est-ce cette émotion qui a conduit le public à applaudir le verdict au moment de son énoncé ? Les commentaires de nombreux médias ont manifesté une forte approbation, épousant la justification de la maman lorsqu’elle exprime le sentiment d’avoir posé un acte juste. « Acte de compassion », « une mort donnée par amour » …

Quelle que soit la compréhension dont on peut entourer cette maman, son acquittement, les applaudissements, les nombreux commentaires qui ont accompagné cette annonce, sont infiniment choquants. Cette décision renforce une idée qui chemine de plus en plus dans les esprits : « le permis de tuer par amour » la personne malade ou handicapée. Après le non lieu dont a bénéficié Marie Humbert, un pas dramatique vient d’être franchi par cette décision qui fera jurisprudence : le meurtre par amour devient un acte juste.

Après Nicolas Perruche, Vincent Humbert, Chantal Sébire, le message continue d’être martelé : la vie d’une personne gravement malade ou handicapée est un non sens. Il vaudrait mieux qu’elle ne soit pas née. Il vaudrait mieux qu’elle ne vive pas. L’aimer vraiment, c’est mettre fin à sa vie. Par compassion ! Quelle violence !

Violence de laisser entendre aussi explicitement à toutes les Anne-Marie que leur vie est sans valeur, et que leurs proches pourraient leur donner la mort par amour.

Violence de laisser entendre aux parents qui, jour après jour, accompagnent leur enfant handicapé que leur combat est sans issue, que le véritable amour, la vraie compassion, seraient de mettre fin aux jours de leur enfant.

Violence de laisser entendre à tous les aidants, médecins, éducateurs, qui agissent auprès de personnes gravement malades ou handicapées que leur élimination est aussi une alternative juste.

Violence faite à tout un chacun, car au fond, ne sommes-nous pas, vous et moi, un jour ou l’autre en risque de devenir radicalement dépendants ? Devrons-nous nous méfier de l’amour de nos proches ? Et réciproquement, le cas échéant, nos proches devront-ils se méfier de notre amour ?

Oui, par cette décision de justice, la société a fait plus que justifier un acte coupable, indépendamment de la compréhension que l’on peut avoir de son auteur. Elle risque d’ouvrir la porte à toutes les dérives à venir, puisqu’elle a justifié que la personne gravement malade ou handicapée soit éliminée, alors que le seul devoir est de l’accompagner. C’est ce que souligne le procureur général de la Cour d’appel de Versailles en décidant d’interjeter appel de cette décision : « ce verdict d’acquittement pourrait en effet être compris comme un encouragement à l’atteinte volontaire à la vie des handicapés, qui méritent notre protection et notre soutien » a-t-il déclaré.

Il y a presque 50 ans, il y eut en Belgique ce qu’on a appelé « le procès de Liège ». Là aussi, l’acquittement de parents qui avaient tué leur fille gravement handicapée. Des scènes de liesse dans la rue avaient accompagné ce verdict. La violence de cet événement provoqua un grand sursaut des sociétés belge et française, manifestant un mouvement de solidarité à l’égard des personnes gravement atteintes et de leurs parents. Très concrètement alors, Marie-Hélène Mathieu fonda l’Office chrétien des personnes handicapées (OCH) pour soutenir les familles, susciter des réponses à leurs besoins, apporter un éclairage sur la valeur sacrée de la personne handicapée et sa place dans la société.

Aujourd’hui comme il y a 50 ans, d’un mal peut sortir un bien : le « oui » à la vie de toute personne, quelles que soient ses limites, l’appel à l’engagement de chacun et de toute la société pour son accompagnement, en particulier par la création de lieux de vie.

Philippe de Lachapelle

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ZENIT Staff

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