Etats-Unis : Rencontre de Benoît XVI avec les jeunes (I)

Confidences du pape sur son adolescence

Share this Entry

ROME, Lundi 21 avril 2008 (ZENIT.org) – Benoît XVI a rencontré des jeunes handicapés, dimanche, avant de retrouver quelque 20000 jeunes des diocèses de la côte Est et 300 séminaristes dans le terrain de sport qui jouxte le séminaire Saint-Joseph. La rencontre était animée par un orchestre de jeunes du mouvement Communion et Libération.

Après une salutation de l’archevêque de New York, le cardinal Edward Egan, trois jeunes ont offert au pape du riz et du maïs, comme présents symboliques de la richesse de leurs différentes traditions.

Ils ont souhaité au pape un bon anniversaire pour son élection au siège de Pierre, le 19 avril 2005. Quatre jeunes lui ont offert une histoire du catholicisme dans le diocèse de New York, utilisée dans les écoles catholiques, avec des photos de personnalités nées dans cet Etat et devenus saints, bienheureux ou serviteurs de Dieu.

Voici la première (de trois) partie de ce discours du pape aux jeunes, qui contient les confidences du pape sur son adolescence, sous le nazisme.

Votre Eminence,

Chers frères évêques,

Chers jeunes amis,

Proclamez le Christ Seigneur « toujours prêts à la défense contre quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous » (1 P 3, 15). C’est avec ces mots de la première épître de Pierre que je salue chacun de vous avec une affection cordiale. Je remercie le cardinal Egan pour ses aimables paroles de bienvenue et je remercie aussi les représentants choisis parmi vous pour leurs gestes d’accueil. A Mgr Walsh, recteur du séminaire Saint-Joseph, au personnel et aux séminaristes, j’exprime mes souhaits et ma gratitude.

Jeunes amis, je suis très heureux d’avoir l’occasion de parler avec vous. Communiquez, je vous en prie, mes chaleureuses salutations aux membres de votre famille et à vos parents, aux professeurs et au personnel des différentes écoles, collèges et universités que vous fréquentez. Je sais que beaucoup de personnes ont travaillé de manière intense pour que notre rassemblement puisse avoir lieu. Je leur suis à tous profondément reconnaissant. Je souhaite mentionner votre chant de « Joyeux anniversaire ». Merci de ce geste émouvant, je vous donne à tous un « A + » pour votre prononciation allemande. Ce soir, je veux partager avec vous quelques pensées sur le fait d’être disciples de Jésus Christ : sur les pas du Seigneur, nos vies deviennent un voyage d’espérance.

Face à vous, il y a les images de six hommes et femmes ordinaires, qui ont grandi et qui ont mené des vies extraordinaires. L’Eglise les honore en tant que vénérables, bienheureux ou saints : chacun a répondu à l’appel du Seigneur à une vie de charité et chacun l’a servi ici, dans les allées, les rues, et les banlieues de New York. Je suis frappé par le fait qu’ils constituent un groupe incroyablement diversifié : pauvres et riches, hommes et femmes laïcs, – dont une très riche épouse et mère de famille -, des prêtres et des religieuses, des immigrés de l’étranger, la fille d’un père guerrier Mohawk et d’une mère Algonquin, un autre, un esclave Haïtien, et un intellectuel cubain.

Sainte Elizabeth Ann Seton, sainte Françoise-Xavier Cabrini, saint Jean Neumann, la bienheureuse Kateri Tekakwitha, le vénérable Pierre Toussaint, et le Père Felix Varela : n’importe qui d’entre nous pourrait être parmi eux, parce qu’il n’y a aucun stéréotype dans ce groupe, aucun modèle uniforme. Mais à y regarder de plus près, il ont des éléments communs. Embrasées par l’amour de Jésus, leurs vies sont devenues de remarquables voyages de l’espérance. Pour certains, cela voulait dire quitter leur maison, et s’embarquer pour un pèlerinage de centaines de milles. Pour chacun d’eux, il y a eu un acte d’abandon à Dieu, avec la confiance qu’il est la destination finale de tout pèlerin. Et ils ont tous offert une main tendue d’espérance à ceux qu’ils rencontraient sur leur chemin, en éveillant souvent en eux la vie de la foi. Par des orphelinats, des écoles et des hôpitaux, en se faisant amis des pauvres, des malades, et des marginaux, et par le témoignage convainquant qui vient du fait de marcher humblement dans les pas du Christ, ces six personnes ont ouvert la voie de la foi, de l’espérance et de la charité à un nombre incalculable de personnes, y compris peut-être vos propres ancêtres.

Et aujourd’hui ? Qui porte témoignage à la Bonne nouvelle de Jésus, dans les rues de New York, dans les banlieues troublées des grandes villes, sur les places où les jeunes se rassemblent, cherchant quelqu’un en qui avoir confiance ? Dieu est notre origine et notre destination, et Jésus le chemin. La route de cette journée (comme cela a été le cas pour nos saints) serpente à travers les joies et les épreuves de la vie quotidienne ordinaire : dans les familles, à l’école ou au collège, au cours de vos activités de détente, et dans vos communautés paroissiales. Tous ces endroits sont marqués par la culture dans laquelle vous grandissez. En tant que jeunes Américains, on vous offre de nombreuses occasions de développement personnel, et vous êtes élevés avec un sens de la générosité, du service et de la loyauté. Pourtant vous n’avez pas besoin que je vous dise qu’il y a aussi des difficultés : des activités et des modes de pensée qui étouffent l’espérance, des voies qui semblent conduire au bonheur et à l’accomplissement mais en fait s’achèvent dans la confusion et la peur.

Mes années d’adolescence ont été dévastées par un régime sinistre qui pensait avoir les réponses à tout. Son influence a grandi, – infiltrant les écoles et les milieux sociaux, politiques et religieux – avant d’être pleinement reconnu comme le monstre qu’il était. Il bannit Dieu et devint ainsi inaccessible à tout ce qui était vrai et bon. Beaucoup de vos grands-parents et arrière-grands-parents vous auront raconté l’horreur de la destruction qui a suivi. En effet certains d’entre eux vinrent en Amérique justement pour fuir cette terreur.

Remercions Dieu du fait qu’aujourd’hui beaucoup de gens de votre génération peuvent jouir de libertés qui ont surgi grâce à l’extension de la démocratie et au respect des droits humains. Remercions Dieu pour tous ceux qui s’efforcent de vous assurer de pouvoir grandir dans un environnement qui nourrit ce qui est beau, bon, et vrai : vos parents et vos grands-parents, vos professeurs et vos prêtres, ces responsables civils qui cherchent ce qui est droit et juste.

Le pouvoir de destruction demeure cependant. Prétendre le contraire, ce serait se faire illusion. Pourtant, il ne triomphe pas : il est défait. C’est l’essence de l’espérance qui nous définit en tant que chrétiens. Et l’Eglise rappelle cela dramatiquement lors du triduum pascal, et elle le célèbre avec une grande joie pendant le temps pascal !

Celui qui nous montre le chemin au-delà de la mort est celui qui nous montre comment surmonter les destructions et la peur : ainsi, c’est Jésus qui est le vrai maître de la vie (cf. Spe Salvi, 6). Sa mort et sa résurrection signifie que nous pouvons dire au Père « tu nous a rendu la vie » (Prière après la communion, Vendredi saint). Et ainsi, il y a seulement quelques semaines, au cours de la belle liturgie de la Veillée pascale, ce n’est pas par désespoir ou par peur que nous avons crié vers Dieu pour notre monde, mais avec une confiance pleine d’espérance : chasse les ténèbres de notre cœur ! Chasse les ténèbres de notre esprit ! (cf. Prière sur le cierge pascal).

Qu’est-ce donc que cette ténèbre ? Qu’est-ce qui se passe lorsque les gens, spécialement les plus vulnérables, rencontrent le poing fermé de la répression ou de la manipulation, plutôt qu’une main d’espérance ? Un premier groupe d’exemples appartient au cœur. Ici, les rêves et les aspirations des jeunes peuvent être assombris ou détr
uits. Je pense à ceux qui sont affectés par la drogue et par l’abus de stupéfiants, les sans abri, les pauvres, les victimes du racisme, de la violence, de la dégradation – spécialement les jeunes filles et les femmes. Les causes de ces problèmes sont complexes mais ils ont tous en commun un état d’esprit empoisonné qui se manifeste dans le fait de traiter les personnes comme de simples objets – il en résulte une dureté de cœur qui tout d’abord ignore et ensuite ridiculise la dignité de tout être humain donnée par Dieu. De telles tragédies soulignent aussi ce qui aurait pu se passer et ce qui pourrait se passer, si d’autres mains – vos mains – s’étaient tendues, se tendaient vers elles. Je vous encourage à inviter les autres, spécialement les personnes vulnérables et innocentes, à se joindre à vous sur le chemin de la bonté et de l’espérance.

Le deuxième domaine de ténèbres – celles qui affectent l’esprit – passe souvent inaperçu et est, pour cette raison, particulièrement sinistre. La manipulation de la vérité déforme notre perception de la réalité et ternit notre imagination et nos aspirations. J’ai déjà mentionné les nombreuses libertés dont vous avez la chance de jouir. L’importance fondamentale de la liberté doit être rigoureusement sauvegardée. Ce n’est donc pas surprenant que de nombreuses personnes proclament bruyamment leur liberté sur la place publique. Cependant, la liberté est une valeur délicate. Elle peut être mal comprise, et mal utilisée, et ainsi conduire non pas au bonheur que nous attendons tous de la liberté, mais à une zone sombre de manipulation dans laquelle notre compréhension de nous-mêmes et du monde devient confuse, et même déformée par ceux qui ont un autre projet.

(à suivre)

© Copyright : Librairie Editrice du Vatican

Traduction réalisée par Zenit

Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel