« La Miséricorde, au cœur du message chrétien », par Mgr de Monléon

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Coordinateur national français du congrès sur la miséricorde

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ROME, Vendredi 4 avril 2008 (ZENIT.org) – « La Miséricorde est au cœur du message chrétien », souligne Mgr Albert-Marie de Monléon, op, dans cet entretien avec David Moussu paru dans la revue de la Conférence des évêques de France (CEF), « Catholiques en France » (n° 36, mars 2008).

Depuis mercredi 2 avril, Mgr de Monléon, évêque de Meaux participe en effet à Rome au premier congrès international et apostolique sur la miséricorde divine (2-6 avril 2008). Il est le coordinateur national de la rencontre.

Deux autres évêques français y participent : le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, qui a témoigné hier matin, en la basilique du Latran, du dialogue avec l’islam dans son diocèse (cf. Zenit du 3 avril 2008) et Mgr Guy Bagnard, évêque de Belley-Ars, qui a exposé hier après-midi, en l’église S. Carlo, comment ce message de la miséricorde est vécu dans la spiritualité de S. Jean-Marie Vianney, le saint Curé d’Ars, notamment dans le sacrement de la réconciliation.

David Moussu – Pourquoi un congrès de la Miséricorde ? Quelle est son origine ?

Mgr Albert-Marie de Monléon – En juillet 2005, juste après la mort du pape Jean Paul II, à l’initiative d’un laïc, Gérald Arbola, nous avons organisé avec le cardinal Christoph Schönborn, le cardinal Philippe Barbarin, Mgr Renato Boccardo, le P. Patrice Chocholski et moi-même une retraite sur la Miséricorde, à Lagiewniki, le grand centre de la Miséricorde près de Cracovie. À l’issue de cette rencontre, nous avons décidé d’organiser un grand congrès mondial de la Miséricorde, à Rome, avec l’aide du Saint-Siège qui a pris les choses en mains et nommé le P. Chocholski coordinateur général de l’événement.

David Moussu – Quel est le but de ce congrès ?

Mgr Albert-Marie de Monléon – Son but est triple : d’abord répondre aux vœux de Jean Paul II qui a beaucoup œuvré pour la Miséricorde. Deuxièmement, nous devons susciter une prise de conscience de l’importance de la Miséricorde pour le monde. « Il faut transmettre au monde le feu de la Miséricorde », disait Jean Paul II. La Miséricorde, c’est l’espérance qu’il faut annoncer. Troisièmement, ce congrès permettra à d’innombrables groupes à travers le monde qui se consacrent à la Miséricorde de se rencontrer. L’organisation reprend le schéma des congrès internationaux pour la nouvelle évangélisation qui se sont tenus dans les grandes villes européennes, notamment à Paris lors de la Toussaint 2004.

David Moussu – Ce congrès, qui s’est ouvert le jour anniversaire de sa mort, n’est-il pas en quelque sorte un héritage de Jean Paul II ?

Mgr Albert-Marie de Monléon – Absolument, il répond au vœu profond de Jean Paul II. Nous avions d’ailleurs lancé son organisation dès 2003, bien avant sa mort. Lorsque l’on étudie les œuvres de Jean Paul II depuis l’encyclique Dieu riche en miséricorde jusqu’à son livre Mémoire et identité, en passant par les différentes homélies sur la canonisation de sœur Faustine, la consécration du monde à la Miséricorde, etc. on découvre des textes extrêmement puissants : « La Miséricorde embrasse la totalité du mystère du Christ dans son œuvre de salut jusque et y compris Pâques. Parce que l’Incarnation, c’est la Miséricorde incarnée, et la Rédemption, c’est la Miséricorde qui a imposé sa limite au mal » (Mémoire et identité). La miséricorde n’est pas du tout une sensiblerie compatissante qui effacerait le mal, elle est un accomplissement et un au-delà de la justice et la réparation du pardon. « Dans aucun passage du message évangélique, ni le pardon, ni même la Divine miséricorde qui en est la source ne signifie indulgence envers le mal, envers le scandale, envers le tort causé ou les offenses », ajoute Jean Paul II dans Mémoire et identité. La Miséricorde est une compassion extrême devant les blessures du mal moral ou physique et un désir de le surmonter ou du moins de lui mettre une limite. « À travers la cruauté des systèmes totalitaires, ce fut comme si le Christ avait voulu révéler que la limite imposée au mal dont l’homme est l’auteur et la victime est en définitive la Divine Miséricorde », écrit encore Jean Paul II dans Mémoire et identité.

David Moussu – Quelle est la pertinence du message de sainte Faustine aujourd’hui ?

Mgr Albert-Marie de Monléon – Absolument Sainte Faustine dit que la Miséricorde est le plus haut attribut de Dieu. Et en même temps, elle rejoint la pastorale des gens les plus simples, des petits, par son message de confiance : « L’humanité ne trouvera pas la paix tant qu’elle ne se tournera pas avec confiance vers ma miséricorde », écrit sœur Faustine dans son Petit Journal. Là où les plus hauts théologiens s’y abîment, le message de Faustine s’adresse aux gens simples qui peuvent se l’approprier par ce message de confiance.

Un autre aspect du message de sainte Faustine qu’il ne faut pas oublier, c’est l’appel aux prêtres à être les dispensateurs et les ministres de la Miséricorde par leur vie, leurs prédications, les sacrements…

La Miséricorde est au cœur du message chrétien. D’un point de vue théologique, pour saint Thomas d’Aquin, elle est la plus haute des vertus et elle est la clé des œuvres de Dieu. Ce n’est donc pas nouveau en soi, mais elle a pris une acuité plus grande dans notre monde actuel avec la conjonction des totalitarismes nazis et marxistes, les manifestations du Seigneur à sœur Faustine et le génie de Jean Paul II, qui ont contribué à la raviver.

David Moussu – Quelles retombées pastorales attendez-vous de ce congrès ?

Mgr Albert-Marie de Monléon – Absolument L’idée qui découle de ce congrès est de promouvoir la Miséricorde en France, de la faire connaître, notamment sous son aspect pastoral. En ce sens, nous organisons le samedi 4 octobre, à Lyon, avec le cardinal Barbarin, une grande rencontre sur la Miséricorde autour de deux axes : quelle pastorale de la Miséricorde ? (comment éveiller, en particulier, des familles, des jeunes, à la Miséricorde ?), et la dimension interreligieuse. L’un des intérêts de la Miséricorde, c’est qu’elle permet de rejoindre, de manière très diversifiée bien entendu et pas sur le même plan, les autres croyants : les Églises d’Orient orthodoxes et catholiques (la Miséricorde est un grand thème de la spiritualité orientale), mais aussi le judaïsme : le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob est un Dieu lent à la colère et plein de miséricorde, c’est tout l’enseignement biblique. D’une autre manière, le Miséricordieux est un des grands noms de Dieu dans l’islam. La Miséricorde est une thématique très ouverte, très large.

© Catholiques en France 2008 – CEF.fr

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ZENIT Staff

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