ROME, Vendredi 21 mars 2008 (ZENIT.org) – Durant ses travaux, la 35ème Congrégation générale de la Compagnie de Jésus, qui s’était donnée entre autres, pour tâche, de définir le profil du jésuite, a fait apparaître la personnalité d’un homme prêt à offrir « toute sa disponibilité » et « plus de mobilité ».
C’est ce qu’a déclaré le père Adolfo Nicolás, préposé général de la compagnie, dans un entretien accordé à L’Osservatore Romano, à « Radio Vatican » et au Centro Televisivo Vaticano.
Le P. Nicolas, élu à la tête de la compagnie durant les travaux de la congrégation, a fait part d’une très grande unité des Jésuites qui, durant les travaux, ont vécu en même temps « la plus grande des diversités de toute leur histoire », dans la mesure où la quasi-totalité des pays dans lesquels ils sont présents, y étaient représentés », a-t-il précisé.
Ils ont vécu une belle expérience d’échange, « de communication profonde les uns avec les autres » et ont pu expérimenter « cette sensation de former ensemble un seul et même corps ».
Durant les travaux, a-t-il expliqué, « nous avons compris que l’image, le profil du Jésuite, auquel nous pensons et que nous désirons, est celle d’un homme conscient d’être appelé à une mission difficile, qui exige « une disponibilité totale et de nouveaux efforts en matière de mobilité ».
Le P. Nicolás a révélé avoir demandé aux pères provinciaux et aux supérieurs « que cette mobilité entre dans les activités ordinaires de la Compagnie », que le fait de quitter son pays pour l’étranger ne soit plus réservé à un seul petit groupe de missionnaires, mais ouvert à tous.
« Aller dans un autre pays au moins pour une période de service ou pour être mieux formés à une vision internationale de l’Eglise, du monde et de nous-mêmes, devrait être monnaie courante », souligne-t-il.
Concernant les thèmes traités durant la congrégation générale, le supérieur des jésuites a évoqué en premier lieu celui de la bonne gestion de l’Ordre.
« Si nous sommes dans un monde globalisé, a-t-il souligné, dans un monde aussi pluraliste et aussi interconnecté », « alors nous avons besoin d’un système adapté à notre époque ».
Autres thèmes soulevés durant les travaux : « la mission, sa mise à jour, et le vœu d’obéissance sur lequel Benoît XVI nous avait invités à réfléchir », explique le P. Nicolas qui relève par ailleurs que « depuis une vingtaine d’année, des thèmes comme la pauvreté et la chasteté ont été largement approfondis durant les dernières congrégations, mais qu’il n’y a jusque là pas eu de mise à jour, de vraie réflexion, sur le concept d’obéissance, dans le contexte actuel ».
Le P. Nicolàs a reconnu que les vocations sont en baisse mais a précisé que ce problème devait être considéré dans son ensemble.
En premier lieu, explique-t-il, il nous faut considérer l’évolution actuelle de la société, car aujourd’hui, dans les pays traditionnellement catholiques « les familles n’ont plus d’enfants, en ont un, voire deux mais non sans mal » d’où cette réticence « à laisser son seul enfant devenir religieux, devenir prêtre, jésuite ! ».
A côté de cela, il faut considérer les changements d’ordre ecclésiologique : « après Vatican II, les vocations laïques se sont multipliées. Aujourd’hui, la vocation laïque est considérée comme une vraie vocation, une vocation profonde, une vocation qui permet à la personne de s’engager complètement, toute sa vie ».
« Etre un bon chrétien, a-t-il ajouté, ne nécessite pas forcément que l’on soit prêtre ou religieux ».
La question, selon le P. Nicolàs, « n’est pas de se multiplier ou de survivre, le problème est de vivre », de « vivre en cohérence avec sa vocation ».
Quant à savoir ce que les autres continents peuvent apporter à l’Eglise universelle, le préposé général de la compagnie a mis en avant l’Asie qui, selon lui, a beaucoup à enseigner car elle est « moins théorique, plus pratique et en croissance ».
Pour la Chine, le père Nicolás estime que « l’on peut faire beaucoup, mais très peu définir. Tout dépend des possibilités qui se présenteront dans le temps ».
L’Afrique, admet-il, n’a pas fait l’objet d’une discussion approfondie durant les travaux de la congrégation, mais la volonté d’aider ce continent a clairement été exprimée.
« L’Afrique a demandé aux Jésuites de former une université, et ce projet est à l’étude depuis deux ans », signale-t-il. Cela dit, la compagnie de Jésus pense que « l’initiative doit partir de l’Afrique ».
Nombreux sont les défis et propositions qui se posent aux Jésuites.
« Notre charisme consiste à servir l’Eglise », a réaffirmé le P. Nicolás. « Nous ne sommes pas une Eglise parallèle et nous ne sommes pas une Eglise dans l’Eglise : nous sommes une partie de l’Eglise, un petit groupe dans une attitude de service ».
Parmi les nécessités apparues lors de cette 35ème Congrégation générale, le supérieur général de la compagnie a évoqué la révision des structures de l’Ordre afin, a-t-il conclu, que les Jésuites « puissent ‘servir’ avec plus de flexibilité et plus d’aisance, et qu’ils puissent mieux répondre aux exigences de notre temps ».