Entre la crucifixion et l’attente « interminable » du « troisième jour »

Chemin de Croix présidé par Benoît XVI au Colisée : méditations du cardinal Zen

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ROME, Jeudi 20 mars 2008 (ZENIT.org) – Entre la crucifixion et l’attente « interminable » du « troisième jour », le cardinal Zen explique, dans la présentation de ses méditations pour le Chemin de Croix au Colisée, que Benoît XVI a voulu « manifester son attention personnelle au grand continent asiatique et faire participer à ce solennel exercice de piété chrétienne les fidèles de la Chine, pour qui la Via Crucis est une marque de dévotion très populaire ».

L’archevêque chinois a spécialement médité sur la conversion demandée aux baptisés à Pâques en évoquant les « persécuteurs » : « En pensant aux persécutions, nous pensons aussi aux persécuteurs. En écrivant le texte de ces méditations, je me suis rendu compte avec effroi que je suis un bien piètre chrétien. J’ai dû m’évertuer avec force à me purifier des sentiments peu charitables que j’éprouvais à l’égard de ceux qui ont fait souffrir Jésus et de ceux qui, dans le monde actuel, font souffrir nos frères. Ce n’est qu’en constatant mes péchés et mes infidélités que j’ai pu me ranger moi aussi parmi les persécuteurs et que j’ai pu me confondre en repentir et en gratitude pour le pardon du Maître miséricordieux ».

Il invite à une attitude de conversion en disant : « Mettons-nous donc à méditer, à chanter et à prier Jésus et avec Jésus pour ceux qui souffrent à cause de son nom, pour ceux qui le font souffrir Lui et ses frères, et pour nous-mêmes pécheurs et parfois aussi ses persécuteurs ».

A propos da la « peur » devant la souffrance, il prie : « Seigneur, la souffrance nous fait peur. La tentation de nous accrocher aux méthodes faciles de succès revient en nous. Fais que nous n’ayons pas peur de la peur, mais que nous ayons confiance en Toi ».

A propos des trahisons, il souligne avec un optimisme chrétien : « Ne nous scandalisons pas ! Les défections n’ont jamais manqué au cours des persécutions. Et après, il y a eu souvent les retours. En ce jeune qui jette le drap et fuit nu (cf. Mc 14, 51-52), des interprètes qualifiés ont vu le futur évangéliste Marc ».

Il évoque en particulier saint Pierre en soulignant la confiance du Christ : « Jésus ne revint pas sur son choix de Pierre comme fondement de son Église. Après s’être repenti, Pierre devint capable de confirmer ses frères ».

Il souligne le choix de Dieu de « confier la continuation de l’œuvre du salut à des hommes faibles et vulnérables » : une manifestation de la « sagesse » et de la « puissance » de Dieu.

Lorsqu’il évoque Pilate, le cardinal chinois souligne la responsabilité des autorités des nations : « Pilate est l’image de tous ceux qui détiennent l’autorité comme un instrument de pouvoir et ne se préoccupent pas de la justice ».

Et il prie pour la liberté religieuse : « Jésus, grâce au courage que tu as eu en te déclarant roi, tu as cherché à réveiller en Pilate la voix de sa conscience. Éclaire la conscience des nombreuses personnes qui exercent l’autorité, pour qu’elles reconnaissent l’innocence de tes disciples. Donne-leur le courage de respecter la liberté religieuse ! »

Priant aussi pour la « constance » des persécutés, il ajoute : « Jésus, tu continues, toi, à recueillir et à sanctifier toutes les souffrances (…) mais les souffrances qui resplendissent entre toutes, ce sont celles qui sont endurées en ton Nom (…). Pour les souffrances des martyrs, bénis ton Église ; fais que leur sang devienne semence de nouveaux chrétiens ».

Une chaîne de compassion     

Surtout, le cardinal Zen fait le Chemin de Croix avec le Christ en faisant observer que la Croix est « insupportable » sans Lui et que même le chrétien peut être tenté par une forme sournoise d’athéisme : « Il y a des personnes athées qui sont prêtes à se sacrifier courageusement pour la révolution : elles sont prêtes à embrasser la croix, mais sans Jésus. Parmi les chrétiens, on trouve des personnes qui sont ‘athées’ du fait qu’elles veulent Jésus, mais sans la croix. Or, sans Jésus, la croix est insupportable et sans la croix, on ne peut prétendre être avec Jésus ».

Soulignant en outre le lien entre la croix et la résurrection, il évoque aussi « l’image du Pape Jean-Paul II, qui monte sur la ‘colline des croix’ en Lituanie » : « Chacune de ces croix avait une histoire à raconter, une histoire de souffrance et de joie, d’humiliation et de triomphe, de mort et de résurrection ».

Mais la vue du crucifié suscite la compassion du Cyrénéen ou plutôt d’abord celle du Christ pour l’humanité : « C’est toi, Jésus, qui es à l’origine de cette chaîne de compassion. C’est toi qui portes notre croix, afin que nous devenions capables de t’aider dans nos frères qui ont à porter leur croix ».

Il reprend aussi l’appel de la Vierge Marie à la conversion : « Toi, Seigneur, tu as envoyé ta Mère, nous redire ce même message à Lourdes et à Fatima : ‘Faites pénitence et priez pour que s’apaise la colère de Dieu’. Permets qu’enfin nous accueillions d’un cœur sincère ce douloureux appel ».

Les martyrs d’aujourd’hui et de demain

A la dixième station, jaillit cette prière : « En nous confiant à la puissance qui jaillit de ta Passion, nous promettons de ne plus jamais t’offenser. Nous désirons avoir un jour l’honneur d’être mis, nous aussi, en croix, comme Pierre et André. Nous nous sentons encouragés par la joie et la sérénité que nous avons eu la grâce de contempler sur les visages de tes fidèles serviteurs, les martyrs de notre siècle ».

A la suivante, le cardinal prie avec l’humanité fatiguée de ses épreuves : « Jésus, souviens-toi de moi quand tous sont fatigués de me supporter et que personne ne me fait plus confiance, quand je me retrouve seul et abandonné ».

Puis il revient au thème qui est au cœur de ce Chemin de Croix : « En réalité, c’est nous tous qui, par nos péchés, sommes la cause d’une telle souffrance ».

Les martyrs, souligne encore l’archevêque de Hongkong, « donnent le plus haut témoignage de leur amour » : « devant les hommes, ils n’ont pas honte de leur Maître », et, « devant toute l’humanité, au dernier jour, le Maître sera fier d

La dernière station fait entendre l’espérance de la résurrection, tout en reconnaissant : « Maintenant, il n’y a plus qu’à attendre. Cette attente du troisième jour semble interminable (…). Seigneur, ces trois jours nous semblent tellement longs ! Nos frères qui sont forts sentent la fatigue, ceux qui sont faibles glissent toujours plus bas, tandis que les puissants se dressent avec arrogance. Donne, Seigneur, la persévérance aux forts, fais réagir les faibles, et convertis tous les cœurs ! (…) Fais, Seigneur, que nous entendions toujours ta parole : « N’ayez pas peur ! J’ai vaincu le monde. Je ne me dérobe jamais au rendez-vous. Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ».

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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