Nous pouvons tous faire quelque chose pour le Christ qui agonise aujourd’hui

Le P. Cantalamessa commente l’évangile du dimanche des rameaux

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ROME, Vendredi 14 mars 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile du dimanche 16 mars, dimanche des Rameaux, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale. 

 

…Alors Jésus parvient avec eux à un domaine appelé Gethsémani et leur dit : « Restez ici, pendant que je m’en vais là-bas pour prier. » Il emmena Pierre, ainsi que Jacques et Jean, les deux fils de Zébédée, et il commença à ressentir tristesse et angoisse. Il leur dit alors : « Mon âme est triste à en mourir. Demeurez ici et veillez avec moi. » Il s’écarta un peu et tomba la face contre terre, en faisant cette prière : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux. » Puis il revient vers ses disciples et les trouve endormis ; il dit à Pierre : « Ainsi, vous n’avez pas eu la force de veiller une heure avec moi ? Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible. » Il retourna prier une deuxième fois : « Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite ! » Revenu près des disciples, il les trouva endormis, car leurs yeux étaient lourds de sommeil. Il les laissa et retourna prier pour la troisième fois, répétant les mêmes paroles. Alors il revient vers les disciples et leur dit : « Désormais, vous pouvez dormir et vous reposer ! La voici toute proche, l’heure où le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs ! Levez-vous ! Allons ! Le voici tout proche, celui qui me livre »…. 

Arrivés à l’endroit appelé Golgotha, c’est-à-dire : Lieu-du-Crâne, ou Calvaire, ils donnèrent à boire à Jésus du vin mêlé de fiel ; il en goûta, mais ne voulut pas boire. Après l’avoir crucifié, ils se partagèrent ses vêtements en tirant au sort ; et ils restaient là, assis, à le garder. Au-dessus de sa tête on inscrivit le motif de sa condamnation : « Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs. » En même temps, on crucifie avec lui deux bandits, l’un à droite et l’autre à gauche. Les passants l’injuriaient en hochant la tête : « Toi qui détruis le Temple et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, si tu es Fils de Dieu, et descends de la croix ! » De même, les chefs des prêtres se moquaient de lui avec les scribes et les anciens, en disant : « Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même ! C’est le roi d’Israël : qu’il descende maintenant de la croix et nous croirons en lui ! Il a mis sa confiance en Dieu ; que Dieu le délivre maintenant s’il l’aime ! Car il a dit : ‘Je suis Fils de Dieu.’ » Les bandits crucifiés avec lui l’insultaient de la même manière. A partir de midi, l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à trois heures. Vers trois heures, Jésus cria d’une voix forte : « Éli, Éli, lama sabactani ? », ce qui veut dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Quelques-uns de ceux qui étaient là disaient en l’entendant : « Le voilà qui appelle le prophète Élie ! » Aussitôt l’un d’eux courut prendre une éponge qu’il trempa dans une boisson vinaigrée ; il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait à boire. Les autres dirent : « Attends ! nous verrons bien si Élie va venir le sauver. » Mais Jésus, poussant de nouveau un grand cri, rendit l’esprit… 

Dimanche des Rameaux 

En agonie jusqu’à la fin du monde 

Au cours de l’année liturgique, l’évangile de la passion n’est lu que le dimanche des rameaux et le vendredi saint. Ne pouvant pas commenter l’ensemble du long récit, nous nous limiterons à deux moments : Gethsémani et le Calvaire. 

L’Evangile dit ceci de Jésus dans le jardin des Oliviers : « Il commença à ressentir tristesse et angoisse. Il leur dit alors : ‘Mon âme est triste à en mourir. Demeurez ici et veillez avec moi’ ». Un Jésus méconnaissable ! Celui qui commandait aux vents et à la mer – qui lui obéissaient -, et qui disait à tous de ne pas avoir peur, est maintenant en proie à la tristesse et à l’angoisse. Pourquoi ? La cause de cette tristesse et de cette angoisse est entièrement contenue dans un mot : la coupe. « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! » La coupe indique tout le poids de souffrance qui est sur le point de s’abattre sur lui. Et pas seulement. Elle indique surtout la mesure de la justice divine que les hommes ont remplie avec leurs péchés et leurs transgressions. C’est « le péché du monde » qu’il a pris sur lui et qui pèse sur son cœur comme du plomb. 

Le philosophe Pascal a dit : « Jésus sera en agonie jusqu’à la fin du monde : il ne faut pas dormir pendant ce temps-là ». Il est en agonie partout où un être humain lutte contre la tristesse, la peur, l’angoisse, dans une situation sans issue, comme lui ce jour-là. Nous ne pouvons rien faire pour le Jésus agonisant de l’époque, mais nous pouvons faire quelque chose pour le Jésus qui agonise aujourd’hui. Nous entendons tous les jours parler de tragédies qui se déroulent, parfois dans notre immeuble même, chez notre voisin d’en face, sans que personne ne s’aperçoive de rien. Combien de jardins des oliviers, combien de Gethsémani y a-t-il dans notre ville ! Ne laissons pas seuls ceux qui s’y trouvent. 

Dirigeons-nous maintenant vers le Calvaire. « Jésus cria d’une voix forte : ‘Éli, Éli, lama sabactani ?’, ce qui veut dire : ‘Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?’…Jésus, poussant de nouveau un grand cri, rendit l’esprit ». Je vais dire maintenant une énormité, mais je m’expliquerai ensuite. Sur la croix, Jésus est devenu l’athée, le sans Dieu. Il existe deux formes d’athéisme. L’athéisme actif, ou volontaire, de celui qui refuse Dieu, et l’athéisme passif, ou subi, de celui qui est refusé (ou se sent refusé) par Dieu. Dans les deux cas on est des « sans Dieu ». Le premier est un athéisme de culpabilité, le deuxième un athéisme de peine et d’expiation. « L’athéisme » de Mère Teresa de Calcutta, dont on a beaucoup parlé à l’occasion de la publication de ses écrits personnels, appartient à cette deuxième catégorie. 

Sur la croix, Jésus a expié à l’avance tout l’athéisme existant dans le monde. Non seulement celui des athées déclarés mais aussi celui de ceux qui vivent concrètement comme des athées, « comme si Dieu n’existait pas », en le reléguant à la dernière place dans leur vie ; « notre » athéisme à nous car, en ce sens, nous sommes tous plus ou moins des athées, des personnes qui « ne s’occupent pas » de Dieu. Dieu est lui aussi aujourd’hui un « marginal », il est mis en marge de la vie de la majorité des hommes. 

Ici aussi il faut dire : « Jésus est sur la croix jusqu’à la fin du monde ». Il l’est à travers tous les innocents qui souffrent. Il est cloué sur la croix en la personne des malades graves. Les clous qui continuent de le maintenir sur la croix sont les injustices commises à l’égard des pauvres. Dans un camp de concentration nazi, un homme avait été pendu. Montrant du doigt la victime, quelqu’un demanda, en colère, à un croyant qui était près de lui : « Où est ton Dieu en ce moment ? » « Tu ne le vois donc pas ? » répondit-il. « Il est là, sur la potence ! » 

Sur toutes les « dépositions de croix », se détache toujours la figure de Joseph d’Arimathie. Il représente tous ceux qui, aujourd’hui encore, défient le régime ou l’opinion publique, pour manifester leur proximité aux condamnés, aux exclus, aux malades du SIDA, et s’engagent pour aider l’un d’entre eux à descendre de la croix. Je pourrais, moi, ou vous pourriez vous, être le « Joseph d’Arimathie » désigné et attendu, pour l’un de ces « crucifiés » d’aujourd’h
ui.

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ZENIT Staff

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