ROME, Mercredi 12 mars 2008 (ZENIT.org) – Au Pakistan, à Lahore l’attentat-suicide de mardi 11 mars (cf. Zenit du 11 mars 2008) fait au moins vingt-six morts et plus de 160 blessés, dont deux élèves d’écoles catholiques proches de la cible visée par les terroristes, précise aujourd’hui « Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris (EDA).
L’explosion s’est produite à 9h25 devant le siège local de la police fédérale, un immeuble de huit étages abritant les services de la Federal Investigation Agency (1). Situé à proximité immédiate, un ensemble de bâtiment de l’Eglise catholique a lui aussi été sérieusement endommagé par l’explosion et deux élèves d’écoles catholiques auraient trouvé la mort du fait de cet attentat.
Partiellement effondré sous le choc de l’explosion, l’immeuble de la police pakistanaise a été entièrement ravagé par l’explosion. Les dégâts constatés autour sont très importants. La cathédrale de l’archidiocèse de Lahore, la cathédrale du Sacré-Cœur, le collège et lycée de la Cathédrale du Sacré-Cœur, l’école Saint Anthony, ainsi que le Centre Saint Paul pour les médias et les locaux de la Caritas Lahore ont été endommagés par le souffle de l’explosion. Une imprimerie catholique, une maison de religieuses et un centre de formation pour les catéchistes ont eux aussi été touchés. Aucune information quant à l’identité des deux élèves dont la mort a été rapportée n’est, pour l’heure, disponible.
Mgr Lawrence Saldanha, archevêque de Lahore, était dans sa chambre au moment de l’explosion. Récupérant d’une double opération aux genoux, il n’a pas été blessé par l’attentat et a pu suivre les opérations de secours de son balcon. Selon lui, cet attentat vise, comme les précédents du même genre, à « déstabiliser le pays ». Il a émis le souhait que le gouvernement, qui doit encore être formé après les élections du 18 février dernier, « pourra résoudre la crise par le dialogue ». Un prêtre qui s’est joint aux opérations de secours a estimé que « face à ces groupes violents, la seule issue est le dialogue ».
A peu près au même moment, dans un autre quartier de Lahore, un autre attentat-suicide à la voiture piégée a fait d’importants dégâts. Il a été perpétré à Model Town devant une agence de publicité, sans que l’on sache si celle-ci était ou non visée par les terroristes. On déplore quatre morts, dont deux enfants, et des blessés. Le domicile à Lahore d’Asif Ali Zardari, le veuf de Benazir Bhutto, est situé non loin du lieu de l’explosion.
Selon un bilan dressé par l’Agence France-Presse, depuis le début 2007, 1 065 personnes, dont de nombreux civils, ont été tuées dans 118 attentats, visant le plus souvent des institutions gouvernementales et perpétrés par des kamikazes. Le 10 janvier dernier, 23 personnes ont été tuées par un de ces attentats, commis au sein de la Haute Cour de Lahore.
Ce double attentat intervient au surlendemain de l’accord signé entre Asif Ali Zardari, à la tête du PPP (Parti du peuple pakistanais), et Nawaz Sharif, de la Pakistan Muslim League-N (PML-N). Les deux dirigeants politiques ont demandé au président Musharraf de réunir sans délai l’Assemblée nationale pour former un gouvernement de coalition. Une perspective lourde d’incertitudes tant la situation politique actuelle est inédite, avec un président sorti vaincu des élections et deux partis hier farouches ennemis, aujourd’hui contraints à l’alliance pour accéder au pouvoir (2). Le président Musharraf a vivement condamné les deux attentats de Lahore et annoncé la convocation le 17 mars de la nouvelle Assemblée nationale. Les chefs du PPP et de la PML-N se sont mis d’accord pour obtenir, dans les 30 jours suivant la première séance du Parlement, le rétablissement dans leurs fonctions des juges évincés par le général Musharraf (3).
(1) Selon des sources de sécurité citées par l’AFP, la Federal Investigation Agency traite principalement des questions d’immigration, mais le bâtiment visé abritait aussi les locaux d’une unité spéciale dédiée aux enquêtes antiterroristes.
(2) Au sujet des résultats des élections législatives et locales du 18 février 2008, voir EDA 480.
(3) Le président Musharraf avait décrété l’état d’urgence le 3 novembre 2007 et, dès le lendemain, avait évincé 61 juges, dont la majorité des juges de la Cour suprême. S’ils sont rétablis dans leurs fonctions, les juges seront peut-être amenés à se prononcer sur la légalité de la récente réélection du chef de l’Etat.
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