La Parole exprime la volonté de Dieu, affirme le P. Cantalamessa

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Troisième prédication de carême en présence de Benoît XVI

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ROME, Vendredi 7 mars 2008 (ZENIT.org) – Le prédicateur de la Maison pontificale a expliqué que la parole de Dieu est comme un miroir dans lequel on se regarde et on apprend à se connaître, mais aussi dans lequel on découvre sa difformité par rapport à l’image de Dieu qui se reflète dans le miroir.

Le P. Raniero Cantalamessa OFM Cap. a prononcé ce vendredi matin, en la chapelle « Redemptoris Mater » au Vatican en présence du pape et de ses plus proches collaborateurs de la curie, la troisième prédication de carême sur le thème de la « parole de Dieu comme chemin de sanctification personnelle ».

Le prédicateur capucin a présenté un schéma de lectio divina en trois étapes : l’écoute de la parole, sa contemplation et sa mise en pratique.

Première étape : l’écoute de la parole

Reconnaissant que « l’étude critique de la parole de Dieu est indispensable », le P. Cantalamessa a toutefois mis en garde contre le danger de se limiter à cette étude critique ou « lecture impersonnelle » de la Bible, ce qui équivaudrait à regarder le miroir (sa forme, son style, etc.) et non à se regarder dans le miroir.

« Ce danger est très réel aujourd’hui, surtout dans les lieux de formation universitaire », a-t-il souligné.

Le P. Cantalamessa a souligné un deuxième danger : le fondamentalisme, « le fait de prendre tout ce qu’on lit dans la Bible au pied de la lettre ». « Ce deuxième danger est beaucoup moins inoffensif qu’il n’en a l’air à première vue et le débat actuel sur le ‘créationisme’ et l’ ‘évolutionisme’ en est la preuve dramatique », a-t-il ajouté.

Le prédicateur a expliqué que si les jeunes voient une contradiction entre les affirmations de la science et celles de la foi, ils finissent par tourner le dos à la foi. « Ceux qui défendent la lecture littérale de la Genèse (le monde créé il y a quelques milliers d’années, en six jours, tel qu’il est aujourd’hui) nuisent énormément à la foi », a-t-il souligné.

Deuxième étape : la contemplation de la parole

Le prédicateur de la Maison pontificale a expliqué que la deuxième étape consiste à « méditer, contempler la parole », la « mâcher », la « ruminer », comme disaient les Pères de l’Eglise.

Revenant sur l’image du miroir, le P. Cantalamessa a déclaré : « L’âme qui se regarde dans le miroir de la parole découvre ‘comment elle est’, elle apprend à se connaître, elle découvre sa difformité par rapport à l’image de Dieu et à l’image du Christ ».

« ‘Je ne cherche pas ma gloire’, disait Jésus (Jn 8, 50) : voilà, le miroir est devant toi et tu vois immédiatement combien tu es loin de Jésus », a-t-il cité comme exemple.

« Mais dans le miroir de la parole, a-t-il poursuivi, nous ne voyons pas seulement nous-mêmes ; nous voyons le visage de Dieu ; ou plutôt, nous voyons le cœur de Dieu… Dieu nous a parlé dans les Ecritures de ce qui remplit son cœur, et ce qui remplit son cœur, c’est l’amour ».

« La parole de Dieu assure à toute âme qui le désire, une direction spirituelle fondamentale et en soi, infaillible », a-t-il poursuivi.

Pour illustrer cette affirmation, le prédicateur a cité l’exemple d’un homme qui était venu le voir, alors qu’il prêchait une mission en Australie. Celui-ci était tourmenté car sa femme, devenue témoin de Jéhova ne souhaitait pas que leur fils de 11 ans soit baptisé.

« Si je le baptise, il y aura une crise, si je ne le baptise pas, je ne me sens pas tranquille parce que lorsque nous nous sommes mariés nous étions tous deux catholiques et nous avons promis d’éduquer nos enfants dans la foi. Que dois-je faire ? », avait-il demandé.

Le P. Cantalamessa lui a demandé une nuit pour réfléchir. Le lendemain, l’homme est revenu le voir en disant : « Mon père, j’ai trouvé la solution. Quand je suis rentré à la maison hier soir, j’ai prié un peu, puis j’ai ouvert à Bible, au hasard. Je suis tombé sur le passage où Abraham conduit son fils Isaac pour être immolé et j’ai vu que lorsque Abraham conduit son fils Isaac pour l’immolation, il ne dit rien à sa femme ».

« C’était un discernement parfait sur le plan de l’exégèse. Je baptisai moi-même l’enfant et ce fut un moment de grande joie pour tous », a raconté le P. Cantalamessa.

« Ouvrir la Bible au hasard est une chose délicate qu’il faut pratiquer avec discernement, dans un climat de foi et pas avant d’avoir longuement prié », a souligné le prédicateur.

« On ne peut ignorer qu’à ces conditions, cette pratique a souvent porté beaucoup de fruits et qu’elle a également été adoptée par les saints », a-t-il ajouté, citant l’exemple de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus qui « en lisant l’un après l’autre les chapitres 12 et 13 de la première lettre aux Corinthiens que la sainte découvrit sa vocation profonde et s’exclama, jubilante, que dans le corps mystique du Christ elle serait l’amour ».

Troisième étape : obéir à la parole

Le P. Cantalamessa a expliqué que dans le Nouveau Testament « l’obéissance est presque toujours vue comme une obéissance à la parole de Dieu ».

« Sous l’action présente de l’Esprit, les paroles de Dieu deviennent l’expression de la volonté vivante de Dieu pour nous, à un moment donné », a-t-il affirmé.

Pour illustrer cette affirmation, le prédicateur a de nouveau cité un exemple :

« Je m’aperçus un jour que, dans la communauté, quelqu’un avait pris par erreur un objet qui m’était destiné, a-t-il raconté. Je m’apprêtais à le faire remarquer et à demander qu’il me soit rendu, quand je tombai par hasard (mais peut-être n’était-ce pas vraiment pas hasard) sur la parole de Jésus qui dit : ‘A quiconque te demande, donne, et à qui t’enlève ton bien ne le réclame pas’ (Lc 6, 30). Je compris que cette parole ne s’appliquait pas de manière universelle et dans tous les cas, mais qu’elle s’appliquait certainement à moi à ce moment-là. Il s’agissait d’obéir à la parole ».

Le prédicateur de la Maison pontificale a conclu que l’obéissance à la parole est une « obéissance que nous pouvons tous pratiquer », rappelant que les laïcs n’ont pas dans l’Eglise, contrairement aux religieux et aux membres du clergé, « un supérieur auquel obéir », mais « ils ont en revanche un ‘Seigneur’ à qui obéir ! Ils ont sa parole ! »

Gisèle Plantec

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ZENIT Staff

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