Jésus a commandé à ses disciples de « ressusciter les morts »

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Le P. Cantalamessa explique ce qu’est la « mort du cœur »

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ROME, Vendredi 7 mars 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile du dimanche 9 mars, cinquième dimanche de carême, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Jean 11, 1-45

Un homme était tombé malade. C’était Lazare, de Béthanie, le village de Marie et de sa soeur Marthe. (Marie est celle qui versa du parfum sur le Seigneur et lui essuya les pieds avec ses cheveux. Lazare, le malade, était son frère.) Donc, les deux soeurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. » En apprenant cela, Jésus dit : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. »

Jésus aimait Marthe et sa soeur, ainsi que Lazare. Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura pourtant deux jours à l’endroit où il se trouvait ; alors seulement il dit aux disciples : « Revenons en Judée. » Les disciples lui dirent : « Rabbi, tout récemment, les Juifs cherchaient à te lapider, et tu retournes là-bas ? » Jésus répondit : « Ne fait-il pas jour pendant douze heures ? Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas, parce qu’il voit la lumière de ce monde ; mais celui qui marche pendant la nuit trébuche, parce que la lumière n’est pas en lui. »
Après ces paroles, il ajouta : « Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je m’en vais le tirer de ce sommeil. » Les disciples lui dirent alors : « Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé. » Car ils pensaient que Jésus voulait parler du sommeil, tandis qu’il parlait de la mort. Alors il leur dit clairement : « Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. Mais allons auprès de lui ! » Thomas (dont le nom signifie : Jumeau) dit aux autres disciples : « Allons-y nous aussi, pour mourir avec lui ! » Quand Jésus arriva, il trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà. Comme Béthanie était tout près de Jérusalem – à une demi-heure de marche environ – beaucoup de Juifs étaient venus manifester leur sympathie à Marthe et à Marie, dans leur deuil. Lorsque Marthe apprit l’arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait à la maison. Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. Mais je sais que, maintenant encore, Dieu t’accordera tout ce que tu lui demanderas. »
Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. » Marthe reprit : « Je sais qu’il ressuscitera au dernier jour, à la résurrection. » Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie.
Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Elle répondit : « Oui, Seigneur, tu es le Messie, je le crois ; tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde. » Ayant dit cela, elle s’en alla appeler sa soeur Marie, et lui dit tout bas : « Le Maître est là, il t’appelle. » Marie, dès qu’elle l’entendit, se leva aussitôt et partit rejoindre Jésus. Il n’était pas encore entré dans le village ; il se trouvait toujours à l’endroit où Marthe l’avait rencontré. Les Juifs qui étaient à la maison avec Marie, et lui manifestaient leur sympathie, quand ils la virent se lever et sortir si vite, la suivirent, pensant qu’elle allait au tombeau pour y pleurer. Elle arriva à l’endroit où se trouvait Jésus ; dès qu’elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. » Quand il vit qu’elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus fut bouleversé d’une émotion profonde. Il demanda : « Où l’avez-vous déposé ? » Ils lui répondirent : « Viens voir, Seigneur. » Alors Jésus pleura. Les Juifs se dirent : « Voyez comme il l’aimait ! » Mais certains d’entre eux disaient : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? » Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau. C’était une grotte fermée par une pierre. Jésus dit : « Enlevez la pierre. » Marthe, la soeur du mort, lui dit : « Mais, Seigneur, il sent déjà ; voilà quatre jours qu’il est là. » Alors Jésus dit à Marthe : « Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. » On enleva donc la pierre. Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ; mais si j’ai parlé, c’est pour cette foule qui est autour de moi, afin qu’ils croient que tu m’as envoyé. » Après cela, il cria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! » Et le mort sortit, les pieds et les mains attachés, le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. » Les nombreux Juifs, qui étaient venus entourer Marie et avaient donc vu ce que faisait Jésus, crurent en lui.

© Copyright AELF – Paris – 1980 – 2006 tous droits réservés

La résurrection du cœur

Les histoires de l’Evangile ne sont pas écrites uniquement pour être lues mais aussi pour être re-vécues. L’histoire de Lazare a été écrite pour nous dire ceci : il y a une résurrection du corps et une résurrection du cœur ; la résurrection du corps aura lieu « au dernier jour », mais celle du cœur se produit, ou peut se produire, chaque jour.

C’est la signification de la résurrection de Lazare que la liturgie a voulu mettre en évidence à travers le choix de la première lecture d’Ezéchiel sur les ossements desséchés. Le prophète a une vision : il voit une immense étendue d’ossements desséchés et comprend qu’ils représentent le moral du peuple qui est au plus bas. Les gens disent : « Notre espérance est détruite, c’en est fait de nous ». La promesse de Dieu leur est adressée : « Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai sortir… Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez ». Même dans ce cas, il ne s’agit pas de la résurrection finale des corps mais de la résurrection actuelle des cœurs à l’espérance. Ces cadavres, est-il expliqué, reprirent vie, se mirent debout sur leurs pieds et étaient une « grande, immense armée ». C’était le peuple d’Israël qui recommençait à espérer, après l’exil.

De tout cela nous déduisons quelque chose que nous savons aussi par expérience : que l’on peut être mort, même avant de…mourir, en étant encore dans cette vie. Et je ne parle pas seulement de la mort de l’âme à cause du péché ; je parle également de cet état d’absence totale d’énergie, d’espérance, d’envie de lutter et de vivre que l’on ne peut appeler par une expression plus appropriée que celle de « mort du cœur ».

Pour tous ceux qui, pour les raisons les plus diverses (échec d’un mariage, trahison du conjoint, fourvoiement ou maladie d’un enfant, revers de fortune, dépression, incapacité de sortir de l’alcoolisme, de la drogue) se trouvent dans cette situation, l’histoire de Lazare devrait arriver comme le son des cloches le matin de Pâques.

Qui peut nous apporter cette résurrection du cœur ? Nous savons qu’aucun remède humain ne peut venir à bout de certains maux. Les paroles d’encouragement laissent derrière elles le terrain même qu’elles ont trouvé. Chez Marthe et Marie il y avait aussi « beaucoup de Juifs… venus manifester leur sympathie à Marthe et à Marie, dans leur deuil » mais leur présence n’avait rien changé. Il faut faire appeler Jésus, comme le firent les sœurs de Lazare. L’invoquer, comme les personnes ensevelies sous une avalanche ou sous les décombres d’un tremblement de terre attirent l’attention des secouristes par leurs gémissements.

Souvent, les personnes qui se trouvent dans cette situation ne sont en mesure de rien faire, ni même de prier. Elles sont comme Lazare da
ns la tombe. Il faut que d’autres fassent quelque chose pour elles. Jésus adressa un jour ce commandement à ses disciples : « Guérissez les malades, ressuscitez les morts » (Mt 10, 8). Que voulait-il dire ? Que nous devons ressusciter les morts physiquement ? Si c’est le cas, les saints qui ont mis en pratique ce commandement de Jésus tout au long de l’histoire, se comptent sur les doigts de la main. Non, Jésus signifiait également et surtout les personnes dont le cœur est mort, celles qui sont mortes spirituellement. En parlant de son fils prodigue, le père disait : il « était mort et il est revenu à la vie » (Lc 15, 32). Et il ne s’agissait certes pas d’une mort physique puisqu’il était revenu à la maison.

Le commandement : « Ressuscitez les morts » s’adresse donc à tous les disciples du Christ, et également à nous ! Parmi les œuvres de miséricorde que nous avons apprises lorsque nous étions enfants, il y en avait une qui disait : « enterrer les morts » ; maintenant nous savons qu’il y aussi celle de « ressusciter les morts ».

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ZENIT Staff

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