ROME, Vendredi 30 novembre 2007 (ZENIT.org) – « Les recherches arabes chrétiennes n’ont pas encore leur juste place dans le panorama universitaire international », déclare le père Samir Khalil Samir, S.J, directeur du Centre de documentation et de recherches arabes chrétiennes (CEDRAC) de Beyrouth (Liban).
Khalil Samir, réputé pour son livre-entretien « Cent questions sur l’islam » est spécialisé dans les relations entre l’islam et le christianisme ainsi qu’un grand défenseur de la culture arabe chrétienne, comme en témoigne son engagement en faveur de la diffusion de cette culture par l’intermédiaire du CEDRAC.
Dans un article paru sur l’Annuaire « Jésuites 2008 », publié par la Curie généralice de la Compagnie de Jésus, le père Khalil Samir décrit les activités du centre dans ce domaine, et déplore qu’aucune université au monde n’ait une chaire stable d’ « études arabes chrétienne ».
« Le CEDRAC est l’unique centre au monde consacré à l’étude du patrimoine arabe des chrétiens, souligne le père jésuite. Il poursuit l’œuvre et les projets entamés par ses deux plus éminents précurseurs : le P. Louis Cheikho, S.J. (1859-1927), et l’orientaliste allemand Georg Graf (1875-1955) ».
Un des projets du Centre, explique-t-il, est la traduction en arabe et la révision de l’œuvre majeure de Georg Graf « Histoire de la littérature arabe chrétienne », qui est pour lui « un monument d’érudition, fruit d’une quarantaine d’années de travail assidu ».
Pour le directeur du CEDRAC, il est important de « rappeler au monde que la culture et la civilisation arabes ne s’identifient pas avec l’islam, les chrétiens ayant joué un rôle essentiel dans l’élaboration de ce qui fut la grande Renaissance arabe aux IXème-XIème siècles, introduisant la pensée grecque sous toutes ses formes (médecine, mathématique, philosophie, etc.), ce qui suscita un mouvement intellectuel prodigieux, y compris dans la théologie musulmane ».
Selon le père Samir, « ce mouvement a permis un véritable échange entre musulmans et chrétiens » basé sur la raison.
L’objectif du CEDRAC, a-t-il révélé, est de « mieux faire connaître aux Arabes eux-mêmes (chrétiens et musulmans) leur propre patrimoine. Un immense patrimoine encore presque inédit et totalement inconnu, très varié car il intègre toutes les traditions de l’Orient chrétien : les Eglises syriaques (chaldéennes, syriaque, maronite), l’Eglise byzantine, l’Eglise copte, et même les Eglises arménienne et latine ».
Le domaine du CEDRAC « couvre le patrimoine arabe des chrétiens, des origines à nos jours, qu’il s’agisse de productions originales ou de traductions, concernant aussi bien les domaines religieux (théologie, liturgie, apologétique, polémique), que profanes (médecine, philosophie, sciences) », reconnaissant une importance particulière, comme le souligne Khalil Samir dans son article, « à l’histoire et à la littérature arabe chrétienne de la période médiévale ».
Le CEDRAC possède 4.500 manuscrits arabes chrétiens microfilmés ou reproduits, en plus d’une bibliothèque de quelques 35.000 volumes. En outre, 1.600 dossiers originaux et thématiques sur le patrimoine arabe des chrétiens et plus de 200 textes arabes chrétiens saisis sur ordinateur et entièrement vocalisés.
Centre de documentation, recherche et publications (Paroles de l’Orient, Collectanea Cristiana Orientalia, etc.), il forme de jeunes chercheurs venus du monde entier et organise des séminaires, des conférences et des congrès au Liban et à l’étranger, et publie diverses collections pour diffuser la connaissance de ce patrimoine et susciter des vocations de chercheurs.