Le card. Comastri met en garde contre la perte du sens du mystère de la maternité

Présentation de son livre « L’ange m’a dit »

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ROME, Dimanche 25 novembre 2007 (ZENIT.org) – Une mère révèle l’amour gratuit de Dieu et si l’on perd le sens du mystère de la maternité, le monde sombre dans une absence de civilisation, affirme en substance le cardinal Angelo Comastri, archiprêtre de la Basilique Saint-Pierre, créé cardinal par Benoît XVI au cours du consistoire d’hier samedi.

Le cardinal Comastri s’est exprimé à l ‘occasion de la présentation de son livre L’Angelo mi disse. Autobiografia di Maria (Cinisello Balsamo, San Paolo, 2007), (L’ange m’a dit. Autobiographie de Marie), organisée le 5 novembre dernier à l’Institut de patristique « Augustinianum ».

Cette rencontre a eu lieu en présence, entre autres, de Mgr Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical de la culture, et de M. Elio Guerriero, sous-directeur éditorial des éditions Saint-Paul.

Des interrogations de l’auteur sont à l’origine de cet ouvrage, comme : « Mais qui est le témoin de l’Annonciation ? Qui est le témoin de cette vie annoncée à sainte Elisabeth ? Qui est le témoin du Magnificat ? Qui est le témoin de la naissance à Bethléem, mais aussi du malaise et de l’humiliation de devoir réclamer un logement ? ».

« Uniquement Marie !, explique le card. Comastri. Et de la même manière qu’elle les a racontés à la première Eglise, aujourd’hui Marie peut nous raconter à nous aussi les grands événements du salut ».

Durant son intervention, Mgr Ravasi a tiré quelques réflexions d’un tableau de Rogier Van der Weyden, un des grands peintres flamands du Moyen-âge, aujourd’hui exposé au Museum of fine arts de Boston, représentant saint Luc en train de peindre un portrait de la Vierge qui allaite Jésus.

« Je pense que le cardinal Comastri a voulu faire, non pas avec un pinceau mais avec les mots, la même chose que Luc, et interpréter le visage de Marie », a-t-il dit.

C’est en effet l’auteur qui fait parler Marie, cette même Marie que les évangiles décrivent comme étant la femme du silence par excellence, la femme de la contemplation du Mystère et qui, dans ce livre, se raconte à la première personne, à travers l’« extrême transparence de la prose », une prose « sertie de citations », ajoute Mgr Ravasi.

Ce livre offre un passage sur La vie de Marie racontée par Giotto qui reproduit les quelques fresques réalisées par le grand maître toscan au début du XIVème siècle, dans la Chapelle des Scrovegni à Padoue. A côté des images défilent de brefs passages de l’Evangile ou des réflexions du card. Comastri, Bernard de Clairvaux, François d’Assise, Jean-Paul II, Dante Alighieri et Ephrem le Syrien.

Interrogé par ZENIT, Mgr Ravasi a estimé qu’« il est important de parvenir, en quelque sorte, à reconstruire le visage de Marie. Ce visage, nous l’avons certainement dans les Evangiles, mais il y a un visage spirituel que chaque personne crée à partir de son expérience et à travers l’écoute du texte évangélique ».

Pour sa part, le card. Comastri a relevé que « chaque mère porte en elle quelque chose de Marie », quelque chose de « ce mystère gratuit de l’amour » qui arrive « à lire l’alphabet de la vie et l’alphabet de la Bible écrits par Dieu ».

« J’ai connu Marie à travers ma mère et à travers ma mère j’ai compris Marie », a déclaré le cardinal Comastri à ZENIT, en marge de la conférence.

Il a confié avoir gardé dans sa vie deux souvenirs essentiels de Marie et de sa mère ensemble : « Je n’avais pas 4 ans mais je me souviens que ma mère, les soirs d’hiver, restait très souvent avec moi pour m’apprendre les prières », a-t-il dit.

« Et je me souviens de la première fois où, chez nous, assis sur une chaise dans la grande cuisine, j’ai réussi à réciter tout l’Ave Maria ; je revois encore le bonheur de ma mère dans ses yeux et le moment où elle m’embrassa pour me récompenser ».

« Ce souvenir est encore très vif en moi. C’est un de ces souvenirs auxquels je me rattache souvent pour trouver le courage et la force d’avancer dans la vie ».

« Un autre grand souvenir marial, le dernier grand souvenir marial lié à ma mère, remonte au jour même de sa mort. C’était le 5 mai 1957 et ma mère, comme d’habitude, était entrée dans ma chambre à six heures moins le quart du matin, en disant la prière de l’Ange: ‘Angelus Domini nuntiavit Mariae…’».

« Mais c’est surtout une poésie qui m’a aidé, une poésie à laquelle je suis très attaché, la poésie de Giuseppe Ungaretti qui s’intitule ‘La Mère’. Ici, le poète arrive à centrer le mystère de la mère décrite comme étant celle qui s’oublie toujours elle-même, ou mieux encore, celle qui n’arrive pas à penser à elle, car elle vit totalement pour les autres ».

« Et bien le poète imagine que le dernier battement de son cœur fait tomber le mur qui le sépare de l’éternité. Et quand il entre dans l’éternité il cherche sa mère, car un fils reste toujours un fils. Une part de lui-même reste toujours celle d’un enfant », a-t-il ajouté.

« Mais voilà qu’arrive la surprise : la mère ne regarde pas son fils, la mère regarde vers Dieu, fixe les yeux de Dieu et devant Dieu elle intercède pour son fils. Et ce n’est que lorsqu’elle aura lu dans les yeux de Dieu la certitude que son fils a été pardonné, qu’elle poussera un soupir de soulagement et ira à la rencontre de son fils pour le prendre dans ses bras ».

« Etre mère c’est cela : la mère est celle qui, sur terre, réalise la plus belle et la plus profonde visibilité du mystère de Dieu », a-t-il poursuivi.

« Dieu a voulu dans sa grande œuvre de salut impliquer une mère. S’il n’y avait pas eu de mère il y aurait eu un manque, un manque de couleur, de couleur maternelle ; un manque de chaleur, de chaleur maternelle ».

« C’est la raison pour laquelle Dieu a voulu qu’auprès de la croix, au moment du plus grand, du plus sublime des actes d’amour, cet amour qui s’oppose à toute la haine, toute la méchanceté, toute la violence de l’humanité, soit présente une mère, comme s’il avait voulu traduire cela en langage maternel à l’intention de l’humanité », a-t-il expliqué.

« Alors il est clair que si Dieu a voulu une mère à ses côtés, c’est que la mère a un grand rôle dans l’histoire de l’humanité et dans l’histoire des peuples ; et si le mystère de la maternité entre en crise, si on le perd, le monde sombre dans l’absence de civilisation », a-t-il conclu.

« Georges Clémenceau, qui était un grand homme d’Etat, et qui, entre autre, ne fréquentait pas l’Eglise, disait que les peuples sont éduqués sur les genoux de leur mère ».

« Nous devons nous rendre compte que si la figure de la mère disparaît, et aujourd’hui nous vivons une crise de la maternité, notre civilisation sombrera. Nous devons comprendre les risques et le caractère dramatique de cela : on n’arrive plus à lire l’alphabet de la vie, on n’arrive même plus à lire l’alphabet de la religion et la visibilité de Dieu disparaît, cette visibilité qui précisément passe par la mère », a-t-il conclu.

Par Mirko Testa

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ZENIT Staff

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