ROME, Vendredi 16 novembre 2007 (ZENIT.org</a>) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile du Dimanche 18 novembre, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.
Evangile de Jésus Christ selon saint Luc 21, 5-19
Certains parlaient du Temple, admirant la beauté des pierres et les dons des fidèles. Jésus leur dit :
« Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. » Ils lui demandèrent : « Maître, quand cela arrivera-t-il, et quel sera le signe que cela va se réaliser ? » Jésus répondit : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom en disant : ‘C’est moi’, ou encore : ‘Le moment est tout proche.’ Ne marchez pas derrière eux ! Quand vous entendrez parler de guerres et de soulèvements, ne vous effrayez pas : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas tout de suite la fin. »
Alors Jésus ajouta : « On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre, et çà et là des épidémies de peste et des famines ; des faits terrifiants surviendront, et de grands signes dans le ciel. Mais avant tout cela, on portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues, on vous jettera en prison, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon Nom. Ce sera pour vous l’occasion de rendre témoignage. Mettez-vous dans la tête que vous n’avez pas à vous soucier de votre défense.
Moi-même, je vous inspirerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront opposer ni résistance ni contradiction. Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, votre famille et vos amis, et ils feront mettre à mort certains d’entre vous. Vous serez détestés de tous, à cause de mon Nom. Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie. »
© Copyright AELF – Paris – 1980 – tous droits réservés
Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus
L’Evangile de ce dimanche fait partie des célèbres discours sur la fin du monde, caractéristiques des derniers dimanches de l’année liturgique. Dans l’une des premières communautés chrétiennes, celle de Thessalonique, il y avait, semble-t-il, des croyants qui tiraient de ces discours du Christ des conclusions erronées : il est inutile de se donner du mal, de travailler et de produire, car tout passe ; il vaut mieux vivre au jour le jour, sans prendre d’engagement à long terme, en vivant par exemple de petits expédients.
Saint Paul leur répond dans la deuxième lecture : « Nous apprenons que certains parmi vous vivent dans l’oisiveté, affairés sans rien faire. A ceux-là, nous adressons dans le Seigneur Jésus Christ cet ordre et cet appel : qu’ils travaillent dans le calme pour manger le pain qu’ils auront gagné ». Au début du passage, saint Paul rappelle la règle qu’il a donnée aux chrétiens de Thessalonique : « Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus ».
C’était une nouveauté pour les hommes de l’époque. La culture à laquelle ils appartenaient méprisait le travail manuel, le considérait comme dégradant pour la personne ; c’était un travail à laisser aux esclaves et aux incultes. Mais ce n’est pas la vision de la Bible. Dès la première page, celle-ci présente Dieu qui travaille pendant six jours et se repose le septième jour. Tout cela, avant encore que dans la Bible on parle du péché. Le travail fait donc partie de la nature originelle de l’homme, non de la faute et du châtiment. Le travail manuel est tout aussi digne que le travail intellectuel et spirituel. Jésus lui-même consacre une vingtaine d’années au travail manuel (en supposant qu’il ait commencé à travailler vers l’âge de treize ans), et seulement deux ans au travail intellectuel et spirituel.
Un laïc a écrit : « Quel sens et quelle valeur a notre travail de laïcs devant Dieu ? Il est vrai que nous, laïcs, nous nous consacrons à tant d’œuvres de bien (charité, apostolat, bénévolat) ; mais nous devons consacrer l’essentiel de notre temps et de notre énergie au travail. Par conséquent, si le travail ne vaut rien pour le ciel, nous nous retrouverons avec bien peu pour l’éternité. Aucune des personnes que nous avons interpellées n’a pu nous fournir de réponses satisfaisantes. Elles nous disent : ‘Offrez tout à Dieu !’. Mais cela suffit-il ? »
Je réponds : Non, la valeur du travail n’est pas seulement dans la « bonne intention » avec laquelle on l’accomplit, ou dans l’offrande de ce travail que l’on présente à Dieu le matin ; il a aussi une valeur en soi, comme participation à l’œuvre créatrice et rédemptrice de Dieu et comme service à nos frères. « Par son travail – lit-on dans un texte du Concile – l’homme assure habituellement sa subsistance et celle de sa famille, s’associe à ses frères et leur rend service, peut pratiquer une vraie charité et coopérer à l’achèvement de la création divine. Bien plus, par l’hommage de son travail à Dieu, nous tenons que l’homme est associé à l’oeuvre rédemptrice de Jésus Christ » (Gaudium et Spes, 67).
Peu importe le travail que l’on fait. Ce qui importe, c’est comment on le fait. Ceci rétablit une certaine parité, au-delà de toutes les différences (parfois injustes et scandaleuses) de catégorie et de rémunération. Une personne qui eu des attributions très humbles dans la vie, peut « valoir » beaucoup plus qu’une personne qui a occupé des postes très prestigieux.
Le travail, disions-nous, est participation à l’action créatrice de Dieu et à l’action rédemptrice du Christ, et est source de croissance personnelle et sociale mais il est, on le sait, également fatigue, sueur et peine. Il peut ennoblir mais peut aussi vider et user. Le secret est de mettre le cœur dans ce que font les mains. Ce n’est pas tant le poids ou le type de travail exercé qui fatigue, mais le manque d’enthousiasme et de motivation. La foi ajoute une motivation éternelle aux motivations terrestres du travail : nos œuvres, dit l’Apocalypse, nous accompagneront (cf. Ap 14, 13).