ROME, jeudi 15 novembre 2007 (ZENIT.org) – Face à l’absentéisme, au fatalisme ou au désenchantement, Mgr André Vingt-Trois invite les jeunes « à transformer le monde en prenant leur part de responsabilité », en particulier pour participer au jeu démocratique. « La démocratie, ce n’est pas seulement une fois tous les cinq ans, c’est tous les jours », a t-il dit (texte intégral).
En ce commencement d’année universitaire, les étudiants d’Ile de France avaient rendez-vous avec l’archevêque de Paris dans la cathédrale Notre-Dame, mercredi 14 novembre, mais la grève des transports a limité le nombre des participants qui étaient moins nombreux que les années passées.
Mgr André Vingt-Trois a invité les jeunes à faire preuve de générosité, à s’impliquer dans les structures représentatives de leurs universités et à transformer le monde en prenant leur part de responsabilité.
L’archevêque a souligné l’importance de la participation responsable au mécanismes démocratiques en disant : « Nous vivons en démocratie ; cela veut dire que chacune et chacun doit être en situation de se faire entendre ou, du moins, de participer à l’expression de tous. Il n’est pas possible que l’on se contente de se lamenter sur le fait que telle ou telle minorité prend le pouvoir et impose sa manière de faire si, habituellement, on est soi-même absent des lieux, des organismes, des mouvements qui peuvent influer sur la vie collective. On ne peut pas se réfugier simplement dans le rôle de victime. Car se réfugier dans le rôle de victime, c’est vouloir dire qu’il n’y a pas de démocratie ».
« Vous savez aussi bien que moi, a ajouté Mgr Vingt-Trois, quel est le pourcentage de Français qui participent effectivement à l’action collective que ce soit dans des partis politiques ou des syndicats. On ne peut pas à la fois abandonner le terrain du travail commun et nous plaindre ensuite que la stratégie et la tactique ne correspondent pas à ce que nous souhaitons. La démocratie, ce n’est pas seulement une fois tous les cinq ans, c’est tous les jours ».
Mgr Vingt-Trois a déploré un certain « absentéisme » : « Je crains, a diagnostiqué l’archevêque de Paris, que des situations que beaucoup de nos concitoyens déplorent aujourd’hui ne soient le fruit de leur absentéisme, du vide où ils ont laissé les lieux où se cuisinent la stratégie et la tactique, où s’imposent les décisions, où il n’y a pas de contestation. Mais la contestation n’est pas seulement le cri du ras-le-bol individuel ; c’est aussi l’organisation, la capacité de faire vivre des corps intermédiaires qui ne réduisent pas l’autorité sociale à des petits noyaux. C’est une responsabilité pour nous tous ».
Pour ce qui est de l’engagement spécifiquement chrétien, Mgr Vingt-Trois a souligné qu’ « être chrétiens dans ce monde n’est pas simplement nous mettre en prière à heures fixes, fût-ce plusieurs fois par jour ; c’est vraiment nous mêler des affaires de ce monde, parce que les affaires de ce monde transforment la vie des hommes, les rendent plus heureux ou plus malheureux, font grandir leur liberté ou leur capacité de vivre ou au contraire les restreignent, leur permettent d’atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés ou posent des barrages sur leur chemin ».
« Mais tout ce que, dans certaines cultures, on peut attribuer à la fatalité et dans certaines conditions à la dictature, dans une démocratie, cela se discute et cela se transforme », a insisté l’archevêque.
« Je voudrais que votre commencement de cette année universitaire ne soit pas sous le signe du désenchantement. Je voudrais que vos espoirs, votre désir d’avancer, de progresser, et pourquoi pas de réussir, ne soit pas déçu. Je voudrais que votre générosité pour que le monde soit meilleur trouve à s’investir autrement que dans des bagarres de couloir », a dit Mgr Vingt-Trois.
Il a conclu : « Je voudrais que votre reconnaissance au Christ qui sauve attire sur vous la puissance de la parole du Christ : ‘ Relève-toi ! Relève-toi !’ Ne te laisse pas conduire, ne te laisse pas égarer, ne te laisse pas brider. ‘Relève-toi ! Ta foi t’a sauvé’ Amen ».