France : « Naître au XXIe siècle »

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« Le Monde de l’Enfance » s’interroge

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ROME, Vendredi 9 novembre 2007 (ZENIT.org) – Il ne serait pas « prudent » de « permettre [aux parents] d’avoir l’enfant qu’ils ont pré-dessiné », estime Axel Kahn. Boris Cyrulnik estime que la science soulève un problème sérieux : « nous nous prenons pour des dieux capables de fabriquer l’enfant rêvé ».

« Naître au XXIe siècle » : un numéro spécial du « Monde de l’enfance » aborde sous ce titre un dossier sur les grandes questions bioéthiques liées au début de la vie : les tentations du bébé à la carte, l’utérus artificiel, l’assistance médicale à la procréation, etc. La synthèse de presse de la Fondation Jérôme Lejeune, fait le point.

Axel Khan, généticien, membre du Comité français consultatif national d’éthique (1992-2004) et directeur de l’Institut Cochin de recherches biomédicales et Boris Cyrulnik, éthologue, neuropsychiatre et psychanalyste, enseignant en éthologie humaine à l’université Sud-Toulon-Var, répondent aux questions du « Monde » dans le dossier intitulé « Naître au 21e siècle ».

A la question du « Monde » : « Aujourd’hui les méthodes de procréation se développent mais certaines posent des questions éthiques importantes, comme l’utérus artificiel et le clonage reproductif. Que pensez-vous de ces évolutions ? », Axel Khan répond : « Pour l’homme, il n’y a donc aucune raison théorique pour que le clonage reproductif soit impossible […]. Personne ne peut prétendre que la qualité biologique du conceptus produit par le clonage devienne un jour équivalente à celle des méthodes de procréation ». Axel Khan, opposé au clonage reproductif, pense que le clonage « peut correspondre à la demande de certains couples ».

A la question du Monde : « Le XXIe siècle est marqué par la recherche du bébé ‘zéro défaut’. Cet objectif vous semble-t-il dangereux ? » , Axel Khan explique que les techniques de dépistages, dans l’assistance médicale à la procréation, permettent déjà de détecter des maladies rares. « Mais le diagnostic pré-implantatoire ne permettra jamais d’éviter tout handicap! », prévient-il.

Il poursuit : « Aujourd’hui les tests génétiques permettent de choisir l’embryon en fonction d’autres caractéristiques, comme le sexe. A l’avenir, il sera sans doute possible de sélectionner l’embryon en fonction de son potentiel physique ».

« Dans tous ces domaines, dès lors qu’il s’agit d’une technique possible, il y aura toujours des ressorts psychologiques et des moyens économiques pour les mettre en œuvre. La question, comme pour le clonage reproductif, est davantage du domaine du jugement moral que celui de la réalisation », ajoute-t-il.

Axel Khan émet des réserves face à la tentation de l’enfant parfait : « Je ne pense pas qu’il soit prudent de permettre [aux parents] d’avoir l’enfant qu’ils ont pré-dessiné. De plus, l’enfant qui va naître est une autre personne (…). Il ne doit pas devenir une prothèse du corps des parents ou le produit du choix parental en fonction de son identité biologique, comme le sexe ou la forme du visage ».

Boris Cyrulnik fait pour sa part remarquer : « On appelle ces enfants les ‘chargés de mission’ : ils doivent être parfaits, sinon ils deviennent des sous-hommes ! ».

« D’un point de vue génétique, avertit-t-il, on sera un jour capable de fabriquer l’enfant de nos représentations idéales. Les prémices sont déjà présentes, avec la loi autorisant les avortements en cas d’anomalie génétique grave (…) Mais cette situation soulève un problème, à savoir que nous nous prenons pour des dieux capables de fabriquer l’enfant rêvé ».

© genethique.org
Chaque article présenté dans Gènéthique est une synthèse des articles de bioéthique parus dans la presse et dont les sources sont indiquées. Les opinions exprimées ne sont pas toujours cautionnées par la rédaction.

Source : « Le Monde de l’enfance » 09/11/07

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ZENIT Staff

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