AVANT L’ANGELUS
Chers frères et sœurs,
La liturgie offre aujourd’hui à notre méditation l’épisode évangélique bien connu de la rencontre entre Jésus et Zachée, dans la ville de Jéricho. Qui était Zachée ? Un homme riche dont le métier était d’être « publicain », c’est-à-dire percepteur des impôts pour le compte des autorités romaines, et c’est justement pour cela que le publicain était considéré comme un pécheur public. Ayant appris que Jésus passait par Jéricho, l’homme fut saisi d’un grand désir de le voir, mais comme il était petit de taille, il monta sur un arbre. Jésus s’arrêta justement sous cet arbre et s’adressa à lui en l’appelant par son nom : « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison » (Luc 19, 5). Quel message dans une phrase si simple ! « Zachée » : Jésus appelle par son nom un homme méprisé de tous. « Aujourd’hui » : Oui, c’est justement maintenant pour lui le moment du salut. « Il faut que j’aille demeurer dans ta maison » : pourquoi « il faut » ? Parce que le Père, riche en miséricorde, veut que Jésus aille « chercher et sauver ce qui était perdu » (Luc 19, 10). La grâce de cette rencontre imprévisible a été capable de changer complètement la vie de Zachée : « Voilà, Seigneur – confessa-t-il à Jésus – je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus » (Luc 19, 8). Une fois encore, l’évangile nous dit que l’amour, qui part du cœur de Dieu, et agit dans le cœur de l’homme, est la force qui renouvelle le monde.
Cette vérité resplendit de façon singulière dans le témoignage du saint dont on célèbre aujourd’hui la mémoire : Charles Borromée, archevêque de Milan. Sa figure se détache au XVI e s. comme modèle de pasteur exemplaire par sa charité, sa doctrine, son zèle apostolique, et surtout, par sa prière : « les âmes, disait-il, se conquièrent à genoux ». Consacré évêque à 25 ans, il mit en pratique la consigne du concile de Trente qui imposait aux pasteurs de résider dans leurs diocèses respectifs, et il se consacra totalement à l’Eglise ambrosienne : il la visita de long en large trois fois ; il convoqua six synodes provinciaux et onze diocésains ; il fonda des séminaires pour la formation d’une nouvelle génération de prêtres ; il construisit des hôpitaux et destina les richesses de sa famille au service des pauvres ; il défendit les droits de l’Eglise contre les puissants, renouvela la vie religieuse et institua une congrégation nouvelle de prêtres séculiers, les Oblats. En 1576, lorsque la peste dévasta Milan, il visita les malades et les réconforta et il dépensa pour eux tous ses biens. Sa devise tenait en un seul mot : « Humilitas ». L’humilité le poussa, comme le Seigneur Jésus, à renoncer à lui-même pour se faire le serviteur de tous.
Je me souviens de mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II qui portait son nom avec dévotion, et je confie à l’intercession de saint Charles tous les évêques du monde, pour lesquels nous invoquons la céleste protection de la très sainte Vierge Marie, Mère de l’Eglise.
APRES L’ANGELUS
Les nouvelles de ces derniers jours concernant les événements survenus dans la région frontalière entre la Turquie et l’Irak sont pour moi comme pour tous une source de préoccupation. Je désire par conséquent encourager tout effort visant à une solution pacifique des problèmes qui ont surgi récemment entre la Turquie et le Kurdistan irakien.
Je ne peux pas oublier que dans cette région, de nombreuses populations ont trouvé refuge pour échapper à l’insécurité et au terrorisme qui ont rendu la vie difficile ces dernières années en Irak.
C’est justement en considérant le bien de ces populations – qui comprennent aussi de nombreux chrétiens – que je souhaite vivement que toutes les parties s’emploient à favoriser des solutions de paix.
Je forme également le vœu que les relations entre les populations migrantes et les populations locales se déroulent dans l’esprit de haute exigence morale de civisme, qui est le fruit des valeurs spirituelles et culturelles de tout peuple et de tout pays. Que ceux qui ont la responsabilité de la sécurité et de l’accueil sachent faire usage des moyens aptes à garantir les droits et les devoirs qui sont au fondement de toute véritable cohabitation et de toute rencontre entre les peuples
Le pape s’est ensuite adressé aux pèlerins en différentes langues. Voici ce qu’il a dit en français :
Chers amis francophones présents à la prière de l’Angélus, je vous salue cordialement. Puissiez-vous comme Zachée, dont l’Évangile du jour nous donne le récit, chercher à voir Jésus, qui veut vous rejoindre et vous apporter le salut. Rappelez-vous que personne n’est trop petit pour Dieu et que chacun peut accueillir le Seigneur et se laisser transformer par lui. Avec ma Bénédiction apostolique.
[© Copyright du texte original plurilingue : Libreria Editrice Vaticana –
Traduction réalisée par Zenit]