ROME, Mercredi 11 juillet 2007 (ZENIT.org) – Dans le contexte du mur de séparation construit par Israël et isolant la ville de Bethléem des communautés voisines, la « Bethlehem University of the Holy Land » constitue une oasis pour ses quelque 2.500 étudiants.
L’université, soutenue par la congrégation romaine pour les Eglises orientales, et gérée par les Frères des Ecoles chrétiennes (Lassaliens), est la seule institution catholique d’études supérieures présente en territoire palestinien.
Fr. Daniel Casey, vice-chancelier et responsable exécutif de la Bethlehem University, fait partie de la centaine de membres du comité chargé de coordonner le soutien financier des églises catholiques orientales, qui s’est réuni à Rome il y a quelques jours pour son assemblée annuelle. Ce comité, connu sous le nom de ROACO (Réunion des Œuvres pour l’Aide aux Eglises orientales) est sous contrôle de la congrégation pour les Eglises orientales.
L’Université de Bethléem, fondée en 1973, a ouvert ses portes presque dix ans après la visite historique du Pape Paul VI dans la région, quand les palestiniens avaient exprimé lSeule institution catholique d’études supérieures en Palestine eur souhait d’avoir une université catholique sur la « Rive occidentale » occupée par les Israéliens et à Gaza.
En trente ans d’existence, l’université a bénéficié du soutien de l’église locale et des Frères des Ecoles chrétiennes, chefs de file de l’enseignement, qui se sont consacrés à la formation et à l’instruction des étudiants, toujours plus nombreux, dans un climat de vrai dialogue chrétien.
Malgré les récents affrontements entre le Fatah et le Hamas, et le climat de tension accrue en Terre Sainte, Fr. Casey affirme que la culture et l’ethos de Bethléem restent chrétiens.
« La position de Bethléem est unique, c’est là où Jésus est né, et où la population chrétienne, comme dans les deux villes voisines de Beit Jala et Beit Sahour, est presque majoritaire », dit-il.
« Ici c’est très différent par rapport à Gaza, où le nombre de chrétiens est infime », ajoute-t-il.
Le dialogue entre chrétiens et musulmans est une priorité dans la région, déclare le vice-chancelier. L’université et les autres agences de la zone apprennent aux étudiants, musulmans et chrétiens, à se connaître et à se comprendre, à connaître leurs religions et à collaborer. « C’est là je crois que réside notre succès », dit fr. Casey.
« On relève beaucoup de signes encourageants, ajoute-t-il. La population locale respecte les idéaux chrétiens et les traditions de l’université. Nous observons encore le dimanche. Nous sommes l’un des rares endroits où tout est fermé le dimanche et ouvert le vendredi, jour sacré des musulmans », ajoute fr. Casey.
Par ailleurs, chrétiens et musulmans participent activement à leur foi et aux occasions de prière. Beaucoup fréquentent la messe de l’université. Les chrétiens orthodoxes ont eux aussi des services réguliers à leur disposition, tandis que les étudiants universitaires musulmans bénéficient d’une pièce réservée à leurs prières.
Benoît XVI a fait part de sa grande inquiétude pour la situation des chrétiens au Moyen-Orient. Dans ses différentes interventions à la ROACO et au conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, il a beaucoup insisté sur les concepts du respect et de la charité comme principes de base pour le dialogue.
Sur fond de tension dans toute la région, Fr. Casey affirme que l’université fait de son mieux pour maintenir une influence normalisatrice.
« La peur existe indépendamment de l’endroit où nous vivons. Au gré des conversations, j’entends souvent les gens exprimer leur gratitude pour ce nouveau jour qui se lève, mais ils sont inquiets de ce qui peut se passer la nuit », souligne Fr. Casey. « La peur est inévitable. Cela dit, l’université continue d’y organiser des conférences internationales et poursuit ses sessions académiques. Les demandes d’entrée se multiplient et l’université est obligée de refuser les candidats en excédent ».
L’année passée a été une année particulière. Le grave embargo, levé récemment, empêchait l’autorité palestinienne de fournir des aides à toutes les institutions de la région, y compris aux universités.
Fr. Casey raconte que les subventions fournies, à travers l’UNESCO, notamment par la Banque mondiale ont permis à l’université de poursuivre ses activités. « Nous n’avons pas vécu les terribles conséquences financières des autres secteurs », dit-il, mais « des centaines de familles n’avaient pas d’entrées régulières ».
Les étudiants de l’université affrontent des difficultés uniques: la plupart des villes palestiniennes, Bethléem aussi, encerclées par le mur israélien, sont devenues des sortes de prisons virtuelles. Les étudiants qui proviennent de l’extérieur de la ville se heurtent à la fermeture des passages, aux humiliations militaires et aux contrôles de sécurité qui peuvent provoquer de longs retards.
« J’en ai moi-même fait l’expérience, et je suis pourtant un étranger », raconte Fr. Casey. « Il y a des personnes qui ne sont pas sorties de Bethléem depuis cinq ans. Vivre à Bethléem est comme vivre dans une prison ».
« Ceci a un effet terrible sur la population », ajoute Fr. Casey qui pense que la violence entre palestiniens, dont tout le monde parle, est souvent la réaction à ce qui se passe dans leur vie.
« Les jeunes, sans opportunités d’emploi, qui ont été admis à l’université, n’ont absolument rien à faire. Ils sont donc en colère et à la merci de la situation politique. D’où leur violente réaction », explique encore Fr Casey.
L’université, tout en promouvant des relations positives entre les jeunes de différentes confessions religieuses, apporte à tous ces étudiants des raisons d’espérer. Selon Fr. Casey, les palestiniens espèrent en des progrès futurs. Il pense qu’il y a quelque espoir avec la levée de l’embargo et la mise en place d’un autre gouvernement .
« L’idée de prière n’a jamais été aussi opportune que maintenant », affirme Fr. Casey en concluant « J’espère que les gens prient pour la paix en Terre Sainte ».