ROME, Jeudi 29 mars 2007 (ZENIT.org) – Voici un Message sur la situation au Zimbabwe, publié aujourd’hui par le Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SECAM).
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Nous, évêques membres du Comité Permanent du SCEAM, réunis à Accra, Ghana, du 26 au 30 mars 2007, avons réfléchi dans la prière sur un certain nombres de problèmes de notre continent. Sans être indifférents par rapport aux souffrances de nos sœurs et frères des autres pays d’Afrique, nous venons ici vous livrer notre message sur la situation au Zimbabwe.
« Dieu est toujours du côté des opprimés » (Ps 103,6).
Nous sommes attristés et consternés par la souffrance de nos sœurs et frères au Zimbabwe. Une mission d’observation envoyée récemment au Zimbabwe par le SCEAM a rapporté que la situation dans ce pays a atteint un état où un déchaînement incontrôlé de la violence, le chaos et l’anarchie deviennent de plus en plus un danger.
La mission a confirmé les observations que la Conférence Episcopale du Zimbabwe a faites dans une récente lettre pastorale.
Le Zimbabwe est caractérisé aujourd’hui par :
• Une situation politique où la liberté de rassemblement, d’expression et de mouvement n’existe plus ; les membres de la société civile, les opposants politiques et même des citoyens ordinaires, sont victimes d’actes violents qui leur sont infligés pour des raisons illégitimes.
• Une situation sociale où les besoins fondamentaux sont à peine satisfaits : la plus grande majorité de la population ne plus se procurer de la nourriture. Les médicaments et les services médicaux sont bien au-delà des capacités d’un Zimbabwéen ordinaire. Le système d’éducation s’est presque effondré.
• Une situation de désespoir : près de quatre (4) million de Zimbabwéens sont partis en exil. De l’extérieur, ils continuent d’envoyer quelque chose aux leurs. En même temps, la vague de réfugiés dans les pays voisins du Zimbabwe commence par devenir un poids pour la région.
• Une situation économique qui rend impossible la production et la distribution de marchandises, ce qui conduit à une détérioration continue du bien public et du bien commun.
La situation au Zimbabwe n’est pas le résultat d’une catastrophe naturelle ou de conditions internationales contraires. C’est situation largement une situation d’autopunition. C’est une crise de leadership moral et de mauvaise gouvernance.
Nous lançons avec force un appel au gouvernement du Zimbabwe, au nom de Jésus, pour qu’il arrête immédiatement la violence. Nous invitons également les leaders politiques du Zimbabwe à être courtois (droits), justes et compatissants dans le gouvernement de leur peuple. La paix, la bonne gouvernance et le respect des droits humains devraient être toujours le principe majeur.
Nous lançons également un appel au Président John Agyekum KUFUOR, Président de l’Union Africaine, et au Président Jakaya Mrisho KIKWETE, Président de l’Organe de Politique, de Défense et de Sécurité de la Coopération pour le Développement du Sud de l’Afrique – en anglais Southern African Development Cooperation (SADC) – ainsi qu’à tous les leaders politiques rassemblés à Dar Es-Salaam, en Tanzanie, le 29 mars 2007 : dans l’esprit du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NePAD) et du Mécanisme Africain d’Auto-Surveillance (APRM) ils doivent venir à bout du (réussir à convaincre le) gouvernement du Zimbabwe pour qu’il prenne immédiatement les mesures nécessaires pour arrêter la violence et le carnage qui se déversent sur le pays. Qu’ils insistent pour que soient rétablis l’autorité de loi et le respect des droits humains fondamentaux contenus dans la Charte Africaine des Droits Humains et des Peuples dont le Zimbabwe est signataire.
La raison majeure de l’implication de l’Eglise dans le développement des peuples est la promotion de la dignité de la personne humaine, faite à l’image et à la ressemblance de Dieu. En tant qu’Eglise, nous sommes conscients des défis qui nous attendent et ferons tout ce qui est à notre pouvoir, pour jouer le rôle prophétique et nous acquitter de la mission divine qui nous est confiée. C’est pourquoi nous continuerons de parler au nom des sans-voix, des marginalisés et des opprimés de la société.
Nous demandons également aux Eglises, aux croyants et aux hommes de bonne volonté en Afrique de se joindre au peuple du Zimbabwe dans leur journée nationale de prière, voulue par la Conférence Episcopale du Zimbabwe le 14 avril 2007.
Accra, le 28 mars 2007
Signé,
Son Eminence Cardinal PENGO,
Président du Symposium des Conférences Episcopales d’Afrique et Madagascar (SCEAM) et Archevêque de Dar Es-Salaam, Tanzanie.
Son Eminence Peter Cardinal TURKSON,
Trésorier du SCEAM et Archevêque de Cape Coast, Ghana.
Son Excellence Mgr Théodore-Andrien SARR,
Premier Vice Président et Archevêque de Dakar, Sénégal.
Son Excellence Mgr Fancisco João SILOTA,
Second Vice Président et évêque de Chimoio, Mozambique.
Son Excellence Mgr John ONAIYEKAN,
Ancien Président du SCEAM et archevêque d’Abuja, Nigeria.
Son Excellence Mgr Nicolas DJOMO LOLA,
Evêque de Tshumbe, Rép. Démocratique du Congo,
Représentant les Conférences Episcopales des pays des Grands Lacs.
Son Excellence Mgr Paulin POMODIMO,
Archevêque de Bangui, Rép. Centrafricaine
Représentant les Conférences Episcopales de l’Afrique Centrale.
Son Excellence Mgr Fulgence RABEMAHAFALY,
Evêque d’Antanimena, Madagascar,
Représentant les Conférences Episcopales de Madagascar et des Îles d’Afrique.
Son Excellence Mgr Jean-Pierre KUTWAN,
Archevêque d’Abidjan, Côte d’Ivoire,
Représentant les Conférences Episcopales de l’Afrique de l’Ouest Francophone.
Son Excellence Mgr Vincent LANDEL,
Archevêque de Rabat, Maroc,
Représentant les Conférences Episcopales de l’Afrique du Nord.
Son Excellence Mgr Franklyn NUBUASAH SVD,
Evêque de Francistown, Botswana,
Représentant les Conférences du Sud de l’Afrique.
Son Excellence Mgr John Njue, Evêque de Nyeri, Kenya,
Représentant les Conférences Episcopales de l’Afrique de l’Est.
Son Excellence Mgr Gabriel ANOKYE,
Evêque Auxiliaire de Kumasi, Ghana,
Représentant les Conférences Episcopales de l’Afrique de l’Ouest Anglophone.
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R.P. François-Xavier DAMIBA, Secrétaire Général du SCEAM