ROME, Mercredi 28 2007 (ZENIT.org) – Les pressions inopportunes que le parlement européen exerce sur chacun des pays membres de l’Union, dans les domaines du mariage, de la famille et de la vie, témoignent d’un manque de respect du principe de subsidiarité, autrement dit des traditions de chaque peuple, a dénoncé le patriarche de Venise, le cardinal Angelo Scola.
Ces paroles sont extraites de l’homélie de la messe que le cardinal Scola a célébrée le mercredi 20 mars à l’Abbaye du Mont-Cassin, à l’occasion de la Fête du Trépas de saint Benoît, proclamé saint patron d’Europe par Paul VI en 1964, parce qu’il a été « messager de paix, artisan d’unité, maître de civilisation et surtout Héraut de la foi et initiateur de la vie monastique en Occident ».
Le jour de la Fête du Trépas de saint Benoît – célébrée solennellement le 11 juillet par l’Eglise catholique – correspondrait au jour de sa mort (21 mars 547), survenue au Mont-Cassin, cette « cité placée sur une colline » (dont parle l’Evangile) que le saint avait fondée, aux alentours de 529 et qui abrite aujourd’hui sa sépulture et celle de sainte Scholastique.
Après avoir illustré la valeur des communautés monastiques comme étant des lieux privilégiés pour « faire resplendir le don de la communion » et permettre aux libertés de se confronter, le cardinal Scola a déclaré: « il s’avère que la société a elle aussi besoin d’une implication continue et mutuelle de la part des citoyens, entre eux mais aussi avec ceux qui ont été choisis pour exercer un bon gouvernement ».
« La société italienne est une société civile plurielle, vivante, qui n’a pas pour habitude de confondre le progrès démocratique avec la réduction de l’Etat de droit à la reconnaissance de simples libertés individuelles dont la seule réalité serait leur propre réalité », a-t-il expliqué.
« Ce n’est en effet pas un hasard si les composantes les plus significatives de notre République sont toutes dotées d’une solide racine populaire qui s’exprime dans de nombreuses agrégations, vraie richesse pour une bonne vie », a-t-il ensuite affirmé.
Le cardinal estime qu’« il n’est pas exagéré de dire que la démocratie italienne, dont on ne peut malgré tout nier les difficultés actuelles, est une démocratie à la pointe en Occident quant à la réalisation d’une démocratie substantielle et non formelle ».
De ce point de vue, le patriarche de Venise a relevé que l’Italie d’aujourd’hui, « non sans être privée d’éléments conflictuels, semble suivre les traces de Benoît ». Prémices sur lesquelles « il conviendrait de repenser la laïcité en Italie ».
A la veille des 50 ans de la signature des Traités de Rome scellant l’acte de naissance de l’Union européenne, les Italiens « peuvent offrir une nouvelle contribution au processus d’unité européenne, en affirmant le primat de la société civile que l’Etat doit servir et pour laquelle il doit promouvoir, de manière adéquate, les principes de solidarité et de subsidiarité ».
« Si nous considérons cette particularité italienne à la voie européenne, nous comprenons bien qu’il faille avant tout insister sur la reconnaissance du christianisme comme une précieuse ressource à laquelle nous ne saurions renoncer pour l’avenir de l’Europe », a-t-il dit.
« Il coule donc de source que les divers organismes de l’Union Européenne soient invités à respecter le principe de subsidiarité. Il n’est pas opportun que l’actuel parlement européen se prononce sans arrêt par exemple sur des questions telles que le mariage, la famille et la vie, exerçant de fait des pressions sur les pays de l’Union dont la sensibilité et la culture sont très diverses », a souligné le cardinal Scola.
Le Patriarche de Venise estime que « sur des sujets aussi délicats, le principe de subsidiarité implique que l’on respecte les traditions de chaque peuple et que l’on évite de forcer la main à des sociétés civiles très diverses. Le respect des pluralités anthropologiques et sociales renforce l’unité européenne ».