La dimension religieuse de la liberté humaine : Congrès à Rome

Organisé par l’Institut Acton pour le XVème anniversaire de Centesimus annus

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ROME, Dimanche 25 mars 2007 (ZENIT.org) – Le chemin vers la liberté religieuse est un chemin encore pavé d’embûches, tant dans les pays communistes ou ex-communistes que dans les pays d’Europe occidentale.

Telle est la constatation issue du Congrès organisé par l’Institut Acton le 14 mars, à l’Université pontificale de la Sainte Croix à Rome, sous le thème « La dimension religieuse de la liberté humaine ».

Depuis 2005, l’Institut Acton a décidé de célébrer le XVème anniversaire de l’Encyclique sociale Centesimus annus de Jean-Paul II, en organisant un séminaire en neuf leçons tenues par d’éminents experts de différentes disciplines.

Dans son discours d’introduction à ce septième Congrès, le père Robert Sirico, président de l’Institut Acton, a souligné que « l’erreur fondamentale du sécularisme actuel réside dans l’absence de compréhension de la nature humaine. L’importance de la liberté religieuse, source de toutes les autres libertés, avait déjà été soulignée par le pape Jean-Paul II, dans son encyclique Centesimus annus ».

« Benoît XVI, pour sa part, a voulu faire la distinction entre les deux formes de sécularisme, celle qui, à juste titre, distingue la sphère religieuse du pouvoir de celle du pouvoir civil, et le sécularisme de mauvaise qualité qui voudrait bannir tout symbole religieux, niant de facto la liberté religieuse », a-t-il poursuivi.

En partant des documents pontificaux, le cardinal Julian Herranz a souligné que « l’encyclique Centesimus annus renvoie, comme on le sait, à l’encyclique Rerum novarum de1891, où le pape Léon XIII rappelait le devoir moral des Etats de garantir la liberté religieuse. Or, l’histoire montre à quel point les occasions de bafouer cette liberté n’ont pas manqué ».

« C’est un problème qui revient sur le devant de la scène, plus pressant que jamais, suite à la recrudescence du fondamentalisme religieux, en particulier du terrorisme islamique, mais aussi du fondamentalisme laïciste propre à l’Europe », a-t-il dit.

En général, a poursuivi le cardinal, « la négation de la liberté religieuse a toujours eu de graves répercussions sur la cohabitation pacifique des peuples ».

A la lumière de cette vérité, « l’Eglise catholique a toujours été un ardent défenseur de cette liberté, tant pour les chrétiens que pour les non chrétiens » a-t-il dit.

Toutefois, relève encore le cardinal Herranz, « la liberté de religion est en danger non seulement en Chine ou dans les pays qui appliquent la charia, mais également ici en Europe, où, dans bon nombre de pays, le concept de laïcité de l’Etat a été objet de méprise et la liberté religieuse interprétée comme une concession, plutôt qu’un droit à sauvegarder et à promouvoir ».

Se rapportant aux paroles de Jean-Paul II, le cardinal a ensuite mis l’accent sur le danger que suscite l’avancée d’un certain libertarisme nihiliste, ce dernier conduisant à l’appauvrissement des lois civiles (avortement, euthanasie, etc.) et donc à une « régression de la civilisation ».

Le cas chinois a été examiné par les deux autres intervenants : Raphaela Maria Schmid, professeur de philosophie à l’Université grégorienne et le père Bernardo Cervellera, missionnaire du PIME (Institut pontifical des Missions étrangères) et directeur de l’agence de presse « AsiaNews ».

A propos du thème de la liberté de culte dans ce grand pays d’Asie, Raphaela Schmidt a rappelé que le gouvernement chinois n’autorisait les pratiques religieuses qu’aux personnes et dans les lieux de culte officiellement inscrits au Bureau pour les Affaires religieuses et contrôlés par l’« Association Patriotique » (AP), dont le statut prévoit la création d’une Eglise nationale séparée du Saint-Siège.

« La dite ‘église patriotique’, oeuvre donc de manière autonome, même sur le plan doctrinal, par rapport au Vatican », a-t-elle poursuivi, alors que « les catholiques fidèles au pape vivent dans une totale clandestinité ».

« Les signes positifs de ces dernières années – a-t-elle ajouté – constituent un rapprochement entre l’Eglise patriotique et l’Eglise de Rome et montrent l’intérêt grandissant de l’élite intellectuelle pour le thème ‘religieux’ ».

« Le fait que l’Eglise patriotique ait été ‘apprivoisée’ par le régime, en particulier sur des sujets comme le contrôle des naissances, et que l’Evangile soit modelé et manipulé par les exigences sociales, constitue un gros écueil ».

Pour sa part, le P. Cervellera, qui a longtemps été missionnaire au Proche-Orient et en Asie, s’est dit « optimiste quand à l’avenir de l’Eglise chinoise ».

Cela dit, a poursuivi le P. Cervellera, la situation sociale, politique et économique est chargée de contradictions et d’ambiguïtés : « La Chine des succès économiques est marquée (dans l’optique du régime communiste) par un grand ‘échec’: la renaissance religieuse ».

« Selon les statistiques gouvernementales, parmi les cadres du parti unique, 12 millions de personnes sont liées à des organisations religieuses, dont 5 millions de manière convaincue et régulière – a-t-il ajouté –. Les 300 millions (100 millions selon les chiffres officiels) de croyants dans tout le pays sont, pour le régime, un ‘échec’ total ».

« Seul élément réconfortant, relève le père Cervellera, ce phénomène de renaissance touche surtout les jeunes générations et les personnes de moins de trente ans ».

Le Père Cervellera a ensuite exposé la situation en Inde, où la liberté religieuse est de fait, inexistante, vu l’inquiétant phénomène de l’intégralisme hindouiste.

« L’hindouisme dégénère souvent en attaques terroristes contre les chrétiens et finit par inhiber le développement social du pays – a-t-il souligné -. Pour la seule année 2006, on dénombre dans tous le pays 200 attentats perpétrés contre les écoles catholiques. Mais le plus paradoxal c’est que beaucoup de ces fondamentalistes hindous ont souvent été les premiers à avoir étudié dans des instituts chrétiens ».

Se référant aux chrétiens qui vivent dans des pays à majorité islamique, le missionnaire du PIME a souligné que leur présence avait toujours favorisé la paix et la cohabitation civile.

« Les chrétiens – a relevé Bernardo Cervellera – montrent par leur conduite et par leur exemple, qu’il est possible de concilier la foi et la modernité ; une union considérée démoniaque par beaucoup d’islamistes, bien que les terroristes d’Al-Qaeda se servent de moyens modernes pour communiquer ».

« Ce sont des faits comme ceux-ci – a conclu le missionnaire du PIME – qui montrent bien que la barbarie est la seule alternative à la liberté religieuse ».

L’Institut Acton, un think-tank italo-américain fondé par le père Robert Sirico en 1990 à Grand Rapids (Michigan), vise à conjuguer « la prospérité et le progrès social sur la base de la liberté religieuse, de la liberté économique et de la responsabilité personnelle » à travers des séminaires, des publications périodiques et diverses activités.

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ZENIT Staff

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