ROME, Mercredi 13 décembre 2006 (ZENIT.org) – La pastorale des migrants constitue « un défi pour l’Eglise » spécialement au Brésil, fait observer Laurent Stemler qui fait le point sur la situation (cf. www.aed-france.org).
Le barrage a changé Tucuruí. Si, avant le commencement des travaux, près de 10.000 personnes seulement vivaient au bord du fleuve brésilien Rio Tocantins, aujourd’hui leur nombre a décuplé. Le barrage situé au-dessus de la ville, qui compte parmi les plus grands du monde, a attiré un grand nombre de Brésiliens dans le nord du pays. Ici, dans l’État du Pará, ils espèrent trouver du travail pour un avenir meilleur. Il faut dire qu’au Brésil des millions de personnes sont continuellement à la recherche d’un travail.
L’Église catholique s’engage en faveur de ces migrants avec un projet pastoral que l’Aide à l’Église en Détresse soutient indirectement et à différents niveaux depuis des années : dans plusieurs diocèses, l’Aide à l’Église en Détresse alloue une aide financière aux prêtres et aux agents pastoraux qui accomplissent cette tâche difficile. Les migrants vivent dans des conditions catastrophiques : beaucoup d’entre eux ne savent ni lire ni écrire, ne trouvent pas de travail et vivent littéralement en marge de la société, dans des conditions inhumaines.
Miguel est l’un de ces migrants. Il est venu à Tucuruí en 1986 – et il a réussi dans la vie. Avec sa femme, il dirige aujourd’hui un magasin de vélos qui compte 17 employés. Miguel est conscient du fait qu’il fait partie des rares personnes dont le parcours a été couronné de succès. À l’âge de vingt ans, il savait à peine lire ; aujourd’hui, il affirme plein de reconnaissance : « Ici, nous vivons au ciel. » C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles ce quadragénaire s’engage dans la paroisse Saint Joseph.
La paroisse, dont s’occupent trois Pères Lazaristes, a été fondée au milieu du 20ème siècle et elle comprend 26 communes urbaines et 12 communes rurales. À celles-ci viennent s’ajouter les fidèles qui vivent sur les presque 360 îles situées dans le lac de retenue de Tucuruí. L’église paroissiale de Saint Joseph à Tucuruí étant devenue trop petite, une nouvelle église est en cours de construction. À la périphérie de la ville, la paroisse gère un centre de formation pour l’organisation de catéchèses, de retraites et d’autres rencontres. Afin de minimiser les coûts d’entretien, les locaux du centre sont aussi loués aux entreprises.
Une des initiatives de ce centre de formation est le programme « Jeunes en apprentissage ». Actuellement, 30 adolescents y reçoivent une formation professionnelle. Ce projet pilote est subventionné par le gouvernement ainsi que par le groupe énergétique Eletronorte. En raison des nombreux déplacements forcés de la population liés à la construction du barrage, cette entreprise a payé d’importantes sommes en indemnisations. Cependant, à cause de la corruption qui est très répandue dans le pays, cet argent a rarement été versé aux personnes concernées.
A 75 kilomètres de là, dans la ville de Novo-Repartimento, la paroisse Saint François d’Assise compte elle aussi de nombreuses communes rurales. Leur nombre s’élève à 78 au total, ce qui fait de Saint François d’Assise la plus grande paroisse de la prélature de Caméta. Sur le lac et autour du lac de Tucuruí, les prêtres parcourent des centaines de kilomètres sur la terre et sur l’eau afin de rejoindre les fidèles. Les chemins ne sont pas goudronnés et sont impraticables pendant la saison des pluies. Les Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul de Novo-Repartimento sont tout le temps sur la route. Elles font des catéchèses, forment des laïcs pour que ceux-ci puissent assumer des fonctions de responsabilité, rendent visite aux personnes malades ou âgées et dirigent un centre de santé de médecine naturelle.
Les religieuses accordent une grande priorité à leur mission dans l’Assentamento Rio Gelado, un bidonville de 20 000 habitants. Ici, la misère sociale est particulièrement présente.
L’arbitraire et la violence y règnent. La pastorale difficile ainsi que les rudes conditions de vie demandent de grands efforts. Sans le soutien financier de l’Aide à l’Église en Détresse, les Filles de la Charité de la paroisse Saint François d’Assise ne seraient pratiquement pas en mesure de réaliser leur travail, tout comme les religieuses des autres paroisses de la prélature de Caméta.